C O N C E R T S 
 
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MONTE CARLO
03/03/04

Simone Alaimo
Gaetano DONIZETTI

MPRESARIO

Daria : June Anderson
Mamm'Agata : Simone Alaimo
Luigia : Natalie Karl
Dorotea : Géraldine Mélac
Guglielmo : Danilo Formaggia
Neocle Frescopani : Flavio Oliver
Procolo : Massimiliano Gagliardo
Pissecrome : Michele Govi
Prospero : Enrico Turco
L'impresario : Giuseppe Nicodemo
Le Directeur du théâtre : Gulliermo Bussolini

Direction musicale : Paolo Arrivabeni
Mise en scène : Beppe De Tomasi
Décors et costumes : Franceso Zito
Chorégraphie : Fredy Franzutti
Éclairages : Marco Palmieri

Choeurs de l'Opéra de Monte-Carlo
Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo
Artistes de l'Académie de Danse "Princesse Grâce" 

Nouvelle Production

Spectacle du 3 mars 2004



VIVA LA MAMMA

Composé par un Donizetti de trente ans, ce revigorant opéra-bouffe est d'une grande efficacité. L'oeuvre offre en effet des possibilités de mise en scène extraordinaires et Mamma Agata (une Diva qui rêve de faire son retour sur les planches) est un rôle en or pour un bon chanteur-acteur. Cette pochade méritait bien une nouvelle production. Sur sa lancée, celle d'une audace éclectique qui lui fait grand honneur, l'Opéra de Monte-Carlo a encore tapé dans le mille.

On sait que le sujet est assez mince : une troupe d'artistes plus ou moins lyriques répète en se chamaillant (voilà pour l'opéra-bouffe). Mais l'oeuvre finalement jouée sous nos yeux est un Romulus et Ersilia antiquisant, truffé d'airs de grande virtuosité. Double bénéfice pour le spectateur qui a droit à deux opéras pour le prix d'un.

La mise en scène de Beppe De Tomasi ? Un bonheur de tous les instants ! Voici bien, dans des décors et costumes luxueux de Francesco Zito qui nous plongent dans un XIXe siècle rempli de théâtreux plus vrais que nature, le spectacle le plus drôle, le plus enlevé, le plus ébouriffant, le plus délirant, le plus spirituel, le plus intelligent, le plus sympathique qui soit.
Il est toujours facile de faire rire avec des travestis... Pour sûr, on reste ici en pays de connaissance, car toujours à mi-chemin entre Les Branquignols et La Cage aux Folles. Mais cet agréable méli-mélo de deux références parmi les plus populaires, reste ici toujours plein de classe, de chic, de race. Bref, un spectacle qui a du chien et qui devrait être remboursé par toutes les caisses d'assurance maladie !

L'entrée de Simone Alaimo (Agata/La Mamma), éméché, son cabas bourré de légumes, dans un costume irrésistible, fait beaucoup d'effet. Il/Elle est grandiose dans cette parodie de cantatrice sur le retour d'âge. Sans une once de vulgarité, sans outrance, d'une finesse psychologique rare. Voici un baryton qui chante, joue, s'amuse pour nous, pour lui, pour ses camarades. L'artiste italien tient à juste titre à nous le faire savoir dans un mélange de cocasserie et de musique sérieuse, de parodie et de turbulence avec un respect de la partition au scalpel. Inénarrables ses pastiches de Lucia et Norma ! Et quel chanteur qu'Alaimo ! La seule présence de son timbre de bronze assure un relief inestimable à son rôle.


Flavio Oliver

Autre vainqueur de la soirée : le sopraniste Flavio Oliver. A votre choix, Maciste ou Gladiateur... avec la voix d'Orphée en jupette romaine classique ! Choc garanti dans un Di Tanti Palpiti brut de décoffrage, mais toujours très musical. Tous les autres sont croqués avec bonheur et adresse : Danilo Formaggia en ténor plus ringard que nature, Michele Govi (mari efféminé à outrance de la Diva ?) en Pissecrome, Enrico Turco en Prospero tonitruant...

Les Dames ne pouvaient que pâlir d'un tel entourage. Même la grande, la belle June Anderson, technicienne hors pair, ne sort que rarement d'une certaine apathie vocale et scénique. On cherche en vain cette vis comica qui la rendrait tellement plus crédible...dans cette gentille et proprette caricature de prima donna vindicative, pleine de superbe et de suffisance. Natalie Karl, enfin, prête son humour et sa petite voix à une Luigia (Fille d'Agata) un tantinet nymphomane.

En grand spécialiste de ce répertoire, Paolo Arrivabeni dirige avec panache et avec une légèreté exemplaire, ce qui se révèle un atout non négligeable dans la réussite du spectacle. 
Bonne intervention du choeur masculin et n'oublions pas le ballet, burlesque à souhait, mais qui aurait pu éviter ces quelques gestes stéréotypés et ces attitudes grossières ou figées qui sentent à mille lieues, mais volontairement il est vrai, leur province.
 
 

Christian COLOMBEAU
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