C O N C E R T S 
 
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PARIS
05/03/03

(© Cyr-Emeric Bidard)
Le Comte Ory

Opéra de Gioacchino Rossini

Marc Laho : le comte Ory
Annick Massis : la comtesse Adèle
Isabelle Cals : Isolier
Nicolas Cavallier : le gouverneur
Marc Barrard : Raimbaud
Anna Steiger : Ragonde

Ensemble orchestral de Paris
Direction musicale Antonino Fogliani

Mise en scène : Jérôme Savary
Décors et costumes Ezio Toffolutti

Paris, Opéra-Comique, 5 mars 2003


Jérôme Savary a repris dans son théâtre la mise en scène du Comte Ory qu'il avait créée pour le festival de Glyndebourne, connue du grand public grâce à la commercialisation de la vidéo.

Cette mise en scène, joyeuse et inventive, passe bien mieux en réel que sur l'écran : les costumes sont colorés, les gags, nombreux, font mouche. Il se passe constamment quelque chose à un endroit ou à un autre de la scène, voire à plusieurs endroits en même temps, le spectateur ne sait plus où donner de l'oeil, bref, on s'amuse beaucoup.

Certes, les gags ne sont pas toujours des plus fins, mais le livret du Comte Ory n'est pas non plus un modèle de second degré. Il y aura au contraire tout lieu de s'inquiéter le jour où un metteur en scène trouvera " du sens " à cet opéra, joyeusement grivois... et plus encore dans la mise en scène de Jérôme Savary : la scène du lit ne laisse aucune équivoque sur ce qui se passe sous les draps, les femmes des Croisés remettent précipitamment leur culotte au retour de leurs époux, il y a trois baigneuses nues, accessoires obligés de toute production savaresque. Le tout dans une ambiance bon enfant.

Sur le plan musical, la grande triomphatrice de la soirée est Annick Massis, qui réalise un numéro éblouissant, à base de suraigus et de notes tenues indéfiniment. Quelle longueur de souffle ! De surcroît élégante sur scène et pleine d'humour.


(© Cyr-Emeric Bidard)

Marc Laho était annoncé souffrant, et il est vrai qu'on l'entend bien moins à l'aise que dans ses prestations antérieures : quelques aigus tirés, quelques vocalises savonnées, rien de rédhibitoire. Il compense de plus cette méforme vocale par un comique scénique absolument irrésistible.
Denis Sedov, initialement annoncé, a été remplacé par Nicolas Cavallier. Des remplaçants de ce type, on en demanderait tous les jours ! La voix est belle, longue, les terrifiantes vocalises de l'air d'entrée complètement maîtrisées. Un véritable régal.

Le reste de la distribution n'est malheureusement pas du même tonneau. Marc Barrard, sans démériter, ne transporte pas dans son grand air, quant à Isabelle Cals, elle atteint avec le rôle d'Isolier ses extrêmes limites, et cela s'entend. De plus, la diction est incompréhensible, sans nerf, et la composition scénique fade.

Le très jeune chef Antonino Fogliani (26 ans !) se sort avec les honneurs de sa prestation à la tête de l'Ensemble orchestral de Paris.

Bref, une excellente soirée, où l'on s'amuse, sans arrière-pensées. C'est si rare !
 
 

Catherine Scholler
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