C O N C E R T S
 
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LYON
13/03/2004

(© Gérard Ansellem)
Claude DEBUSSY

Pelléas et Mélisande

Drame lyrique en 5 actes (1902) de Claude Debussy
Livret du compositeur d'après la pièce de Maurice Maeterlinck
 

Ed Spanjaard, direction musicale
Peter Stein, mise en scène
Karl-Ernst Herrmann, décors
Ferdinand Wögerbauer, réalisation des décors
Moidele Bickel, costumes
Yves Bernard, éclairages
Alan Woodbridge, chef des choeurs

Patricia Petibon, Mélisande
Tracey Welborn, Pelléas
Paul Gay, Golaud
Arkel, Frode Olsen
Geneviève, Nadine Denize
Yniold, Rayane Boudjadi
Le médecin, le berger, Jean-François Gay 

Orchestre et Choeurs de l'Opéra de Lyon

Représentation du 13 mars à 20h

(lire aussi la critique de Jacques Schmitt)



Une fois n'est pas coutume, parlons d'abord du décorateur. La réussite de cette production lui doit beaucoup. Karl-Ernst Herrmann est allemand et travaille pour les plus grandes scènes lyriques du monde. Il prépare pour cet été à Salzbourg les décors de Così. Ses collaborateurs privilégiés sont Luc Bondy et Peter Stein. Pour ce dernier, il a créé, il y a quelques années, les décors de cette production de Pelléas. Il a suivi scrupuleusement les indications du livret : ainsi, à chaque nouveau tableau, apparaît un décors d'ombres et de lumières différent. Les changements se font à vue ou sont cachés grâce à un ingénieux système de panneaux coulissants. Les tonalités dominantes varient du noir au bleu et contribuent à la magie du spectacle. La réussite est totale à une exception prêt, le dernier tableau ; la chambre de Mélisande ressemble à celle de Mimi dans une mauvaise production néoréaliste. Pourquoi ?

L'Opéra de Lyon a beaucoup communiqué sur la venue de Stein à Lyon. On attendait donc beaucoup de sa première collaboration. Là aussi, le travail est exemplaire, sobre et très respectueux du livret. La lecture du chef-d'oeuvre de Debussy se fait ici au premier degré. Deux ou trois exemples : Mélisande porte bien de longs cheveux et Pelléas les caresse longuement , la grotte est figurée et les deux héros y descendent avec précautions. Pourtant, ce parti pris a ses limites et certaines scènes peuvent frôler le kitsch, par exemple l'arrivée des trois "pauvres" à quatre pattes dans le grotte ou le bébé mécanique dans les bras de Nadine Denize !

Le casting est presque idéal. Parlons d'abord de Patricia Petibon. La scène lyonnaise lui est décidément très favorable. L'année dernière, elle a chanté magnifiquement Sophie dans Le Chevalier à la Rose. Sa Mélisande est au diapason. La voix est belle, lumineuse et a du corps. Sa diction est précise, son interprétation très émouvante. Ici aucun effet superflu, une Mélisande qui a une réelle présence, tant vocale que scénique, mystérieuse et très sensible. Bravo !

Le Pelléas de Tracey Welborn se classe un degré en dessous. Il a le physique (un peu poète romantique) et la voix. Mais la diction est floue, un grave handicap dans ce rôle. En revanche, la soirée réservait une très belle surprise avec la prestation de Paul Gay. Il faut rappeler qu'il est resté en troupe sur la scène lyonnaise au cours des deux ou trois dernières années. Sans démériter, il ne m'a jamais ébloui. Et cependant sa prestation dans Golaud est remarquable. La voix n'a jamais aussi bien sonné et, dramatiquement, il est bouleversant.

Au rang des belles prestations, il faut également épingler celle d'Yniold. Ici, c'est un enfant qui chante et qui joue. C'est une très bonne idée surtout quand le jeune interprète est de ce niveau.

Arkel est venu du grand nord, d'Oslo précisément. La voix est agréable et profonde, mais il souffre du même défaut que Tracey Welborn, le texte se perd parfois dans les méandres de la musique. Chanter en français reste difficile pour les allochtones sans une solide préparation.

L'orchestre de l'opéra est à son affaire dans ce type de répertoire, peut-être un peu trop. En effet, le chef hollandais Ed Spandjaard ne parvient pas toujours à maîtriser le flot sonore. A plusieurs reprises les chanteurs ont été "couverts", certes la musique de Debussy est merveilleuse, mais quand même...
 
 
 

Olivier DENOYELLE
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