C O N C E R T S 
 
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PARIS
(Théâtre du Châtelet)

(Photo : Renée Fleming)
Il PIRATA
Vincenzo BELLINI

Renée Fleming : Imogene
Marcello Giordani : Gualtiero
Albert Schagidullin : Ernesto
Mirko Guadagnini : Itulbo
Enrico Turco : Goffredo
Patrizia Biccirè : Adele

Orchestre Philharmonique de Radio France
Choeur de Radio France
Direction Evelino Pido

Châtelet, 13 mai 2002 (version concert)



Il pirata est un opéra rarement donné, et le fait de l'entendre, même en version de concert, est déjà un événement en soi, mais quand Imogene est interprétée par Renée Fleming, l'événement se transforme en bonheur le plus complet.

Beauté du timbre, onctuosité et puissance des graves, perfection des sons filés, goût parfait dans l'exécution des cadences, Renée Fleming a encore une fois transporté son public, qui lui a réservé un véritable triomphe. Avec son timbre crémeux et sucré, Renée Fleming est le petit Flamby du mélomane !

Consolons immédiatement les esprits chagrins, la prestation n'a pas été parfaite. Les aigus en particulier étaient tirés, voire craqués à plusieurs reprises. Il est vrai aussi que l'interprète utilise toujours les mêmes inflexions, qu'elle chante du Massenet, du Haendel ou du Bellini. Toute la panoplie de charme était au rendez-vous : petits sanglots mouillés, notes prises par-dessous ou se terminant sur un soupir ... Mais reproche-t-on à un petit Flamby d'avoir toujours le même goût ? Surtout quand la saveur est divine !

Il existe deux catégories d'auditeurs du ténor Marcello Giordani : la première entendra avant tout le désagréable graillon qui voile son timbre, la moitié des aigus poussés au forceps et la justesse parfois approximative, et soupirera, résignée. La deuxième entendra surtout la vaillance de l'interprète, son engagement farouche et l'autre moitié de ses aigus, superbes d'insolence, et applaudira à tout rompre.

En Ernesto, le baryton russe Albert Schagidullin a été une révélation pour certains auditeurs : la vocalisation est facile, les aigus vaillants et l'interprétation autoritaire. Il m'a pourtant semblé que la voix n'était pas très bien placée, s'étouffant dans le grave jusqu'à devenir inaudible, et partant en arrière dans l'aigu. Etant seule à avoir entendu ces défauts, j'en mets la responsabilité sur une incompatibilité entre mon oreille et son timbre.

Les voix masculines étaient ainsi idéales pour Renée Fleming : pas assez mauvaises pour gâcher la représentation, comme c'est le cas dans certains enregistrements de Maria Callas ou de Joan Sutherland, et à ce titre le trio du deuxième acte a été proprement magique, mais suffisamment neutres pour la propulser seule à l'attention du public. 

L'orchestre était excellent, sous la direction brillante, vivante et nerveuse d'Evelino Pido.
 
 

Catherine Scholler
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