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AIX EN PROVENCE
27/07/02

(Yvette Bonner & Ronan Nedelec)
La Petite Renarde Rusée

Opéra de Leos Janacek
 

Académie Européenne de Musique
Maîtrise des Hauts de Seine
Direction : Alexander Briger

Mise en scène : Julie Brochen
Chorégraphie : Mathilde Monnier
Costume : Sylvette Dequest

La renarde : Yvette Bonner
Le renard : Petra Simkova
Le garde-chasse : Ronan Nédélec
L'instituteur, le moustique : Olivier Dumait
Harasta, le chien : Boris Grappe
Le blaireau, le curé : Paul-Henri Vila

Danseurs : Mitia Fedotenko, Natacha Kouznetsova, David Wampach

Festival D'Aix-en-Provence
Théâtre du jeu de Paume, 27 Juillet 2002



Cette production de La petite renarde rusée par l'Académie Européenne de Musique a été très controversée, certaines représentations ont même été sifflées. Cependant, celle du 27 juillet s'est terminée sous les acclamations. D'où viennent ces humeurs et ces accueils contradictoires ?

Sans conteste, la principale critique à adresser au spectacle est la réduction de l'orchestration à seize instruments, réduction due à Jonathan Dove. Soyons clair : aucun compositeur, du plus obscur au plus célèbre, ne mérite qu'un tel traitement soit infligé à son oeuvre, sous quelque prétexte que ce soit. D'autant plus que l'exécution des instrumentistes de l'Académie Européenne de Musique est assez aléatoire : il est difficile de supposer que les sonorités douteuses qu'on entend de temps à autre soient imprimées sur la partition !

La mise en scène a été également très diversement appréciée, fraîche selon les uns, irritante selon les autres, et dans les faits un peu trop hermétique. Qui peut sans explication préalable reconnaître le rêve de la renarde dans une danseuse descendue d'un filin, sur le pied de laquelle l'héroïne s'accroche ?

Les décors, astucieux, rappelant l'origine du livret, une bande dessinée du début du siècle, sont constitués de dessins noirs dans des cases de papier blanc, qu'on peut même déchirer pour ménager des ouvertures.

Les costumes sont amusants et refusent ouvertement toute référence animalière : les poules sont par exemple vêtues de robes moulantes et de talons aiguilles rouges, le blaireau, enveloppé dans une couverture, fume la pipe, la famille renard est en tenue de ville...

Le soin de personnifier les animaux est laissé à trois danseurs contemporains, ce qui est une idée d'autant plus séduisante qu'ils sont vraiment excellents. Cependant, leur présence devient peu à peu envahissante, et même carrément agaçante lors de la mort de la renarde.

De la même façon, l'ouverture sans musique pendant laquelle les danseurs miment les habitants de la forêt alors que les spectateurs gagnent leur place, n'a pas été bien perçue : une partie du public a pensé qu'il s'agissait d'un échauffement, la majorité n'a pas regardé, ce qui est bien dommage au regard du talent des exécutants.

Mais le bonheur de cette soirée était ailleurs, dans la découverte de jeunes voix : les chanteurs sont tous âgés de moins de trente ans, et bourrés de talents.

Yvette Bonner, renarde en salopette, est confondante de vivacité, d'aisance scénique, de fraîcheur vocale. Ronan Nédélec est un garde-chasse pétri d'humanité. Doté d'un timbre splendide, il s'inscrit dans la tradition des grands barytons français.

Mais ce ne sont pas les seuls dignes d'éloge : Olivier Dumait, déjà remarqué l'année dernière en prologue du Tour d'Ecrou, Boris Grappe, Paul-Henri Vila possèdent des vois enthousiasmantes, déjà largement plus que des promesses, des voix de futurs grands. On disait également grand bien en coulisse de Petra Simkova, malheureusement en mauvaise forme le soir du 27 juillet.

C'est ainsi que l'Académie Européenne de Musique a gagné son pari, en nous faisant découvrir dès aujourd'hui les vedettes de demain.
  


Catherine Scholler
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