C O N C E R T S 
 
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PARIS
(Théâtre des Champs Elysées)
05/12/02
Andreas Scholl

Andreas Scholl, contre-ténor
Accademia Bizantina
Ottavio Dantone, direction
 

Pietro Paolo Bencini (ca.1670-1755)
Prologue

Francesco Gasparini (1668-1727)
Cantate "Ecco che alfin ritorno"

Arcangelo Corelli (1653-1713)
Concerto grosso op. VI no 4

Francesco Gasparini 
Cantate "Destati Lidia mia"

Benedetto Marcello (1686-1739)
Cantate "Quando penso agli affanni"

Alessandro Scarlatti (1660-1725)
Concerto grosso n°4 en sol mineur

Antonio Vivaldi (1678-1741)
"Cessate, omai cessate"
Cantate RV 684

Théâtre des Champs-Elysées
Jeudi 5 décembre 2002

(Lire la critique du concert donné à Bruxelles le 3 décembre 2002)



A Paris, Andreas Scholl et l'Academia Bizantina ont apporté quelques modifications bienvenues à leur programme : exit  la cantate de Pasquini avantageusement remplacée par le célèbre "Cessate, omai cessate" de Vivaldi qui conclut la soirée. Le concert gagne en cohésion et se présente comme une invitation au voyage à travers la musique de chambre italienne au début du 18e siècle où les pages connues en côtoient d'autres, oubliées, dont certaines méritent le détour.

C'est Rome qui est à l'honneur dans la première partie qui s'articule autour de deux cantates de Francesco Gasparini (1668-1727), entre lesquelles s'intercale judicieusement une úuvre de l'un de ses maîtres, Arcangelo Corelli : violoniste fameux, ce musicien fit toute sa carrière dans la capitale italienne et composa essentiellement pour son instrument. Les douze concerti grossi de son opus VI furent publiés après sa mort avec un succès retentissant, la célébrité du huitième " per la notte di Natale " ne saurait occulter les qualités des autres, tel le sixième, absolument magnifique, dont le dernier mouvement vivace d'une grande virtuosité met en valeur les belles sonorités des cordes de l'Accademia Bizantina.

Maître de chúurs et membre de l'Académie Sainte Cécile, Gasparini a surtout composé pour les voix : musique sacrée et profane dont une cinquantaine d'opéras. Les deux cantates qui nous sont proposées, extrêmement contrastées, constituent une découverte d'importance : "Ecco che alfin ritorno" aborde le thème rebattu de l'amour contrarié, transcendé par une musique d'une haute inspiration. Le chant précautionneux d'Andreas Scholl, visiblement fatigué en début de soirée, contribue somme toute à exprimer les tourments de l'amoureux transi qui cherche en vain quelque consolation dans la nature. Changement de ton avec "Destati Lidia mia ". Ici l'amoureux tente d'éveiller sa belle endormie : dans la première partie de la cantate, la musique crée une ambiance pastorale, les instruments imitent avec humour le chant du coq auquel répondent les graves exagérément poitrinés du chanteur. La seconde aria, très virtuose, permet à l'interprète d'exhiber sa technique sans faille. Elle sera reprise en bis de façon plus spectaculaire encore. Deux oeuvres originales et passionnantes qui ne manquent pas de susciter l'envie de découvrir davantage ce musicien.

On n'en dira pas autant de la longue cantate de Benedetto Marcello qui ouvre la seconde partie du concert. Elève de Gasparini, le compositeur doit s'incliner ici devant son maître. Seul le timbre cristallin et le chant envoûtant d'Andreas Scholl évitent à l'ouvrage, on ne peut plus conventionnel, de distiller un ennui certain.

Après un détour par Naples avec un concerto grosso d'Alessandro Scarlatti, le périple s'achève à Venise avec le somptueux "Cessate, omai cessate" de Vivaldi. Si la cohésion de l'orchestre est par moment prise en défaut, Scholl retrouve ses marques et livre une interprétation de très grande classe : récitatifs expressifs, legato parfait dans la première aria, vocalises d'une précision et d'une vélocité stupéfiante dans la seconde, aigus d'une plénitude et d'une rondeur troublantes et un investissement dramatique qui fait mentir sa réputation de chanteur froid et "coincé". Le public lui fait un triomphe, mais le contre-ténor n'accordera pourtant que deux bis dont une reprise ébouriffante du Vivaldi.

Un orchestre quelquefois brouillon et un artiste en légère méforme ne sauraient entacher la qualité d'un concert dont on garde un excellent souvenir, tant la pertinence du programme et l'enthousiasme des musiciens sont évidents.
 
 

Christian Peter
(Dominique Vincent)

Lire la critique du concert donné à Bruxelles le 3 décembre 2002
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