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OVIEDO

25/01/03


Angela Blancas (Maria Stuarda)
Maria Stuarda

Gaetano Donizetti

Maria Stuarda : Ángeles Blancas
Elizabeth: Judith Borrás
Leicester: Joseph Calleja
Talbot : Alberto Arrabal
Cecil : David Menéndez
Anna Kennedy : Yolanda Montoussé

Mise en scène, costumes et lumières : Giampaolo Zennaro
Décors : Feruccio Villagrossi
Direction musicale : Roberto Tolomelli

Teatro Campoamor, Oviedo, 25 janvier 2003



Si l'on considère qu'Oviedo est une ville moins grande et moins riche que Bilbao, sa consoeur du nord de l'Espagne en matière de programmation lyrique, il faut saluer son courage à maintenir une saison lyrique sur quelques mois de l'année. L'association des amis de l'opéra d'Oviedo sait proposer quelques raretés comme le récent Amico Fritz ou la Maria Stuarda qui nous occupe, dernier titre de la saison.

La production a des allures bien provinciales, dans le mauvais sens du terme. Le choeur amateur ne peut rivaliser avec celui de Bilbao. Les décors sont indigents : deux tours de mauvais carton, une table pour signer l'arrêt ou quelques arbres peints, rien de plus. Les costumes sont traditionnels et la mise en scène se contente de faire entrer et sortir des chanteurs bien statiques. Un chien tenu en laisse ou un épervier sur le poing (pour la scène de chasse) ne peut masquer pareil ridicule.

Judith Borrás chante Elisabetta avec un vibrato consternant, au point qu'on distingue mal les traits de virtuosité ; lorsqu'elle tente un trille, on n'entend aucune différence avec l'émission habituelle ! Elle appuie néanmoins certains graves et inclut un contre-ré à la fin de son air d'entrée. Timbre sans nulle comparaison avec le précédent, le ténor Joseph Calleja nuance, joue sur le diminuendo ; un vrai baume pour les oreilles. Malheureusement, les aigus manquent de projection et le contre-ut à la fin de sa première intervention s'entend à peine. Les voix d'Alberto Arrabal et David Menéndez, respectivement Talbot et Cecil, n'attirent aucun reproche, le second montre même un certain mordant dans son duo avec Elisabetta.

On attendait avec impatience la Stuarda d'Ángeles Blancas, qui venait de remplacer Gruberova pour le rôle à Zürich. L'actrice chante avec conviction, et sa composition dramatique emporte l'adhésion. En revanche, sa technique ne lui permet aucun son filé, aucune note tenue longtemps ; elle respire au milieu de la phrase dans la prière ou l'aria final. Quant aux aigus, elle n'en émettra aucun, laissant à Judith Borrás le contre-ré à la fin de líaffrontement. Il faut donc oublier les souvenirs laissés par Caballé, Sills, Gruberova ou Sutherland pour ne citer que ces quatre-là.

La direction de Tolomelli est irrégulière et n'évite pas certains décalages avec le choeur ou l'orchestre. Certains tempi sont trop lents (l'entrée de Maria par exemple) et les passages dramatiques manquent de fougue. Il vaut mieux oublier également les cors, couaquant à l'envi leurs attaques dans l'introduction de la dernière scène. Terminons par l'éternel problème des coupures chez Donizetti : les reprises des cabalettes sont parfois coupées mais la strette du premier final absolument intégrale. Pourquoi l'un et pas l'autre ?

Une soirée en demi-teinte, entre la joie d'entendre une rareté programmée avec courage et un résultat qui ne comble pas toutes les espérances.
  


Valéry Fleurquin
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