C O N C E R T S
 
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ROUBAIX
02/10/04

(La Piscine)
Claudio MONTEVERDI

Il Combattimento di Tancredi e di Clorinda

Direction musicale : Jean-Claude Malgoire
Testo : Kobie Van Rensburg
Clorinda : Hjördis Thébault
Tancredi : Pierre-Yves Pruvot
Ensemble Instrumental Les Dominos, direction : Florence Malgoire

Les Nuits Lyriques de Tourcoing
Samedi 2 octobre 2004, 20h00
Roubaix, La Piscine

C'est un lieu qui n'était pas fait pour des concerts ; une piscine art déco, pensez donc ! Depuis sa reconversion en musée il y a quelques années, avec un succès jamais démenti, cette fameuse piscine est devenu un des lieux de la métropole lilloise où les concerts sont très prisés aussi bien du public que des artistes. Il faut dire que l'acoustique y est excellente et que l'atmosphère complètement décalée avec l'univers de Monteverdi, par exemple, n'est pas étrangère à la réussite de ce concert. Ce Combattimento s'est avéré une petite merveille.

Jean-Claude Malgoire, à l'apogée d'une sacrée carrière, semble respirer avec Claudio en toute simplicité. On sent dans son approche stylistique une évidente familiarité qui le fait dialoguer avec le public. Il a ainsi conçu un programme tout à fait convaincant autour du Combattimento, si court il est vrai, et nous a proposé en préambule des pièces instrumentales contemporaines de Monteverdi - Uccellini, Kapsberger, Ortiz et Castello - chaque pièce ayant été choisie pour présenter les instruments qu'affectionnait Monteverdi (théorbe, violon et viole de gambe dont il jouait lui-même) et les faire entendre en solo. Une mention toute particulière au théorbiste/guitariste Ronaldo Lopes pour l'éloquence et la finesse de son jeu et à la continuiste Violaine Cochard, toujours très à l'écoute de ses partenaires.

Faire entendre au cours de ce concert le lamento d'Ariana était aussi une bonne idée et nous a fait comme toujours regretter que cet opéra de Monteverdi - peut-être son plus beau ? - soit aujourd'hui perdu. Hjördis Thébault a su ce soir-là traduire avec beaucoup d'émotion et d'expressivité retenue l'amour et la désolation d'Ariane. 

Quant au Combattimento, extrait du VIIIème livre de madrigaux créé à Venise en 1624, ce fut un moment de pur bonheur jubilatoire. En guise d'introduction, Jean-Claude Malgoire se livra à une brève analyse musicale de la pièce, exemples musicaux à l'appui. L'exercice aurait pu rappeler le bon vieux temps des JMF à ceux qui l'ont connu, mais il s'est finalement révélé tout à fait passionnant. Cet opéra miniature fut magnifiquement servi par les trois protagonistes, mais le nom à retenir est celui de Kobie Van Rensburg, qui fit merveille dans le rôle du récitant. Tout au long de ce long récitatif qui nous conte l'histoire de Tancrède et Clorinde, le ténor a su tenir en haleine le public, au demeurant séduit par la beauté et la souplesse de sa voix. Monteverdi aurait sûrement applaudi à cette vision sensible et maîtrisée de son chef-d'oeuvre qui n'exclut pas la fragilité, mais sans jamais en trahir l'esprit.

 

Anna DE AYALA
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