C O N C E R T S 
 
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TOURS

23/03/02

 
La Traviata

Giuseppe VERDI

Direction musicale : Jean-Yves Ossonce
Mise en scène : Jean-Claude Auvray
Décors : Giorgio Cristini
Costumes : Chiara Donato
Lumières : Philippe Grosperrin
Chef des Choeurs : John S. Craven
Chorégraphie : Eric Belaud
Orchestre Symphonique de Tours
Choeurs de l'Opéra de Tours/Lyric Chorus

Violetta Valery : Mireille Delunsch
Flora Bervoix : Sophie Pondjiclis
Annina : Sophie Hervé
Alfredo Germont : Jean-Luc Viala
Giorgio Germont : Franck Ferrari
Gastone de Létorières : Angel Pazos
Le Baron Douphol : Adrien Arcaro
Le Marquis d'Obigny : Josep Miquel Ribot
Le Docteur Grenvil : Kim Ta

Tours, 23 mars 2002



Le Grand Théâtre a fait salle comble ce soir et on peut se demander si c'est l'opéra célèbre de Verdi ou la présence de Mireille Delunsch dans le rôle titre qui a fait se déplacer les Tourangeaux en grand nombre.

Le spectacle est la reprise d'une production présentée il y a quelques années au Théâtre du Capitole de Toulouse et à l'Opéra de Montpellier.

La mise en scène de Jean-Claude Auvray est plutôt traditionnelle mais elle a le mérite d'être claire, efficace et cohérente avec quelques idées intéressantes : celle, par exemple, qui consiste à faire apparaître Violetta, pendant le prélude, devant le rideau de scène. Celle-ci marche lentement et regarde alors le public qui devient le témoin privilégié de son angoisse intérieure. A la fin du prélude, elle cherche à s'opposer à l'ouverture du rideau redoutant son entrée dans le salle de réception, dans l'espace public... mais le rideau s'ouvrira.

Le décor de Giorgio Cristini est unique : une grande salle peu meublée dans les tons gris bleus qui sera tour à tour les différents salons puis la chambre de l'acte 3.

Mireille Delunsch a une conception originale du personnage de Violetta, surtout dans l'acte 1 où l'on est loin de la jeune fille écervelé, grisée par les plaisirs. Dans cet acte, l'interprétation est plus en demi-teinte, l'angoisse déjà perçue durant le prélude est toujours présente comme si l'héroïne, malgré son désir de jouir de la vie, pressentait sa mort prochaine.

L'aspect  "vocalisant" est moins marqué, le Gioire ! est clamé avec moins d'hystérie, la cabalette sempre libera est sujet à moins d'ornementations, on peut être réservé quant à cette façon de jouer qui s'éloigne de la tradition, il n'en demeure pas moins que la prestation de la soprano, tant sur le plan vocal que scénique, reste convaincante.

A l'acte 2, Mireille Delunsch, à l'aise vocalement, la tessiture plus centrale du rôle aidant, nous offre un merveilleux duo avec Giorgio Germont et son amami, Alfredo, désespéré, est déchirant. A l'acte 3, la voix, au timbre toujours chatoyant, pleure pendant le addio del passato, un léger tremblement traduisant l'approche imminente de la mort et c'est mezza vocce qu'elle prononcera le se una pudica vergine... illustrant ainsi sa douce bienveillance à l'égard d'Alfredo.

La prestation de son partenaire laisse perplexe.

Certes, j'ai connu ténor plus catastrophique (je pense à une Traviata jouée en 1994 dans ce même théâtre avec Sylvie Valayre) mais ce n'est pas non plus une révélation.

Son physique en ferait davantage le père de Violetta que son amant, son jeu comparé au naturel de Mireille Delunsch est maladroit et peu crédible, le timbre sans être vilain n'est pas vraiment séduisant, les aigus manquent de rondeur et il semble peiner dans la cabalette O moi rimorso ! O infamia !... obligeant le chef à réduire le rythme.

Franck Ferrari campe un Giorgio Germont autoritaire dont la belle voix de baryton (voire de baryton basse) puissante et sonore remplit dans les moindres recoins la salle du Grand-Théâtre.

L'air Di Provenza il mar.. est par contre chanté avec un peu trop de cette autorité vocale et l'on ressent difficilement la tendresse d'un père pour son fils.

Pour ce qui est des rôles secondaires, on retiendra surtout le timbre chaleureux de la mezzo-soprano Sophie Pondjiclis et la belle voix de basse de Josep Miquel Ribot.

Jean-Yves Ossonce (l'Alfredo de Mireille Delunsch dans la vie) est visiblement stimulé par la présence de sa femme sur le plateau. La direction reste rapide et soutenue mais l'orchestre sonne un peu fort dans les ensembles. Le chef arrive à faire monter graduellement la tension dans le tissu orchestral, tension qui atteindra son paroxysme à l'issu de l'acte 3.

Une superbe soirée récompensée par de longues acclamations et même une "standing ovation" (du jamais vu à Tours).
  


Alain Colloc
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