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TOULOUSE
08/06/2007
 
© Patrick Riou

Claudio Monteverdi (1567-1643)

Il ritorno d'Ulisse in patria

Livret de Giacomo Badoaro

Jan Kobow Ulisse
Hilary Summers Penelope
Emilio Gonzalez-Toro Iro
Sabina Puértolas Minerve
Anders J. Dahlin Umana fragilita, Telemaco
Luigi De Donato Nettuno
Joao Fernandes Tempo, Feace 3, Antinoo
Robert Getchell Eurimaco
Martine Mahé Ericlea
Sarah Jouffroy Fortuna, Melanto
Ann-Kristin Jones Amore, Giunone
Jean-François Novelli Anfinomo
Ryland Angel Giove
David Lefort Eumete, Feace 2


Les Talens lyriques

Gilone Gaubert-Jacques violon
Virginie Descharmes violon
Christophe Robert alto
Laurent Gaspar alto
Héloïse Gaillard flûte à bec
Meillane Wilmotte flûte à bec
Gawain Glenton cornet
Josue Melendez cornet

Continuo
Atsushi Sakai violoncelle
Ludek Brany contrebasse
Nora Roll lirone
Richard Sweeney luth, guitare mauresque et guitare
Marina Bonetti harpe
Christophe Rousset clavecin et orgue
Stéphane Fuget clavecin et orgue

Christophe Rousset direction

8 juin 2007, Théâtre du Capitole
Toulouse, version de concert

Le triomphe de Télémaque

                 
Après la splendide Incoronazione di Poppea donnée l’an dernier dans la mise en scène de Nicolas Joel, Christophe Rousset et Les Talens Lyriques retrouvent le Capitole pour un concert dévolu à l’antépénultième opéra de Monteverdi.

On sait que la partition retrouvée à Vienne à la fin du XIXe siècle est des plus succinctes ; la musique de certaines scènes semble perdue à jamais. On sait aussi que lors des représentations payantes au Théâtre Santi Giovanni e Paolo l’effectif orchestral et choral était réduit à la portion congrue. Christophe Rousset respecte scrupuleusement ces données de fait et propose donc une interprétation philologique, sans les ajouts que se sont permis quelques uns de ses collègues, qu’il s’agisse d’emprunts à des œuvres contemporaines pour remplacer les scènes manquantes ou de musiciens supplémentaires pour enrichir les couleurs des instruments solistes et du continuo.
Le résultat ? Une exécution impeccable mais qui paraît bien austère lorsque la mémoire la confronte à d’autres versions. Néanmoins, vents virtuoses, cordes précises, continuo toujours expressif, ritournelles enjouées, c’est une réussite indiscutable.

Mais ce dépouillement expose pleinement les voix des chanteurs ; or tous n’ont pas de quoi surmonter les difficultés de leur rôle avec l’éclat ou la personnalité souhaitable. Pour un Emiliano Gonzalez-Toro chantant sans partition et se permettant de jouer son personnage, d’autres restent rivés au texte avec application. Ceci explique-t-il cela ?  La saveur liée au mariage de scènes comiques succédant à des lamenti s’affadit jusqu’à disparaître, et avec elle l’élan dramatique né du débat entre le renoncement au plaisir et les incitations à la jouissance immédiate. D’autant que la version en trois actes, probablement préférée parce que plus compatible avec le format d’un concert, prive partiellement l’œuvre de la cohérence musicale et dramatique de la version en cinq actes. Auprès du quatuor divin ( Minerve, Junon, Jupiter et Neptune), satisfaisant tant par les moyens que par les intentions, Ulysse déçoit quelque peu, campé par un ténor sans éclat particulier, parfois nasal et à la prononciation perfectible. Dans le prologue, Joao Fernandes est un Tempo impressionnant avant de devenir un Antinoo carré. Melanto et Eurimaco ne déméritent pas mais leur interprétation manque de relief.

Dominent la Pénélope un peu monocolore d’Hilary Summers dont la voix demeure souple et dont le maintien altier exprime la noblesse, et le Télémaque d’Anders Dahlin, déjà bouleversant en Umana fragilità dans le prologue, un régal de beauté vocale et de justesse interprétative.

Au final, cette version plutôt destinée aux musicologues, a recueilli un franc succès auprès d’un public nombreux, confirmation que désormais le répertoire baroque est à sa place au Capitole.


Maurice SALLES

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