C O N C E R T S 
 
...
[ Sommaire de la rubrique ] [ Index par genre ]
 
......

Strasbourg
08/05/03
 

Branda Harris (Vanessa) et David Maxwell Anderson (Anatol)
© Alain Kaiser 
 

Vanessa
de Samuel Barber

drame musical sur un livret de Gian Carlo Menotti
version de 1964 en 3 actes

Direction musicale - Steuart Bedford
Reprise de la mise en scène - Patrick Young
d'après la mise en scène de John Cox
Décors et costumes - Paul Brown
Eclairages - Paul Pyant

Vanessa - Brenda Harris
Erika - Lucy Schaufer
La vieille Baronesse - Viorica Cortez
Anatol - David Maxwell Anderson
Le vieux médecin - Jonathan Veira
Le majordome - Ugo Rabec
Le valet de pied - Jens Kiertzner

Chœurs de l'Opéra national du Rhin
Orchestre Philharmonique de Strasbourg


Coproduction avec l'Opéra de Monte-Carlo


Vanessa est, après Akhnaten de Philip Glass, le deuxième ouvrage venant d'Outre-Atlantique dans cette saison de l'Opéra du Rhin et prend place dans un cycle remarquable d'opéras américains (qui a aussi vu l'an dernier la création européenne d'Un tramway nommé désir d'André Prévin), cycle qu'on aimerait voir se poursuivre avec des ouvrages de Leonard Bernstein ou John Adams par exemple...

Vanessa, un ouvrage de 1958, est très redevable à la tradition de l'opéra de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Pas de surprise donc dans cette musique agréable, un peu trop souvent paroxystique cependant. Il ne semblait pas indispensable d'illustrer cette belle histoire d'amour "différé" par une telle surcharge, notamment orchestrale, même si elle fut ici superbement servie par un Orchestre Philharmonique de Strasbourg en grande forme, dirigé de manière magistrale et très inspirée par Steuart Bedford, qu'on connait tout aussi efficace dans les opéras de Britten (citons par exemple une magnifique intégrale du Turn of the Screw).

Il faut des voix solides pour surmonter de telles forces, ce fut le cas pour les deux héroïnes. Brenda Harris incarne une belle Vanessa, voix ample aux aigus un peu trop larges, tandis que Lucy Schaufer en Erika lui vole quelque peu la vedette avec une très beau timbre, un chant parfait et une incarnation très sensible du personnage de la jeune fille insouciante se transformant en femme décidée.

Le soupirant de ces dames, l'Anatol de David Maxwell Anderson, convainc par sa prestance et sa voix agréable, mais le chant manque d'homogénéité (très beau médium mais aigu plus faible et tiré). 

En guest star, Viorica Cortez interprète la vieille baronne avec une présence scénique stupéfiante mais une voix bien usée, ce qui est peu gênant pour ce rôle court. Absolument parfait est par contre le vieux médecin de Jonathan Veira.

L'action de cet ouvrage se déroule, nous dit le livret, "dans un pays nordique". Il faut bien avouer que cela n'était pas flagrant dans le décor par ailleurs un peu fade… Les allusions au froid et à l'hiver sont pourtant fréquentes tout au long de l'ouvrage, et pas grand chose ne nous vient le signifier scéniquement, si ce n'est certains costumes… Un manque de logique transparaît aussi dans les déplacements, où les personnages venant de l'extérieur de la maison entrent tantôt par la gauche, tantôt par la droite, tantôt en descendant l'immense escalier... mais où est donc la porte d'entrée ? 

Heureusement, l'investissement des chanteurs et la remarquable direction de Steuart Bedford viennent compenser un travail scénique sans grand relief.

Pierre-Emmanuel Lephay

[ Sommaire de la Revue ] [ haut de page ]