C O N C E R T S 
 
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Coruña
(Festival Mozart)

(Alberto Zedda)

IL VIAGGIO A REIMS

Giachino ROSSINI

Corinna : Cinzia Forte
Marchesa Melibea : Ewa Podles
Contessa di Folleville : María José Moreno
Madama Cortese : Mariola Cantarero
Cavalier Belfiore : Charles Workman
Conte di Libenskof : Rockwell Blake
Lord Sidney : Umberto Chiummo
Don Profondo : Marco de Felice
Barone di Trombonok : Bruno Praticò
Don Alvaro : Josep Miquel Ramón

Orquesta Sinfónica de Galicia, 
Coro de la Comunidad de Madrid

Direction musicale: Alberto Zedda
Mise en scène: Lorenza Codignola

Palacio de la Ópera
A Coruña
6 juillet 2002



La soirée du 6 juillet fait partie des quelques soirées qui marquent longtemps les mélomanes. Le triomphe d'une troupe sans aucun maillon faible a été absolu.

Le festival Mozart/Rossini terminait cette année avec une reprise de la production 2000 du Viaggio. Lorenza Codignola a prévu un décor unique, peuplé de lits, transformant la scène en une sorte de dortoir désordonné. Elle a conçu également les costumes d'époque pour les solistes. Les choristes sont habillés en infirmièr(e)s. Les couleurs sont variées, l'ensemble ne crée pas de surprise majeure. C'est évidemment le plateau vocal qui intéresse ici, puisque l'intrigue est limitée et que cet opéra est plutôt une cantate dans laquelle les chanteurs viennent faire leur numéro à tour de rôle.

Alberto Zedda dirige avec l'amour qu'on lui connaît pour cette musique. Le seul reproche concerne l'équilibre entre la fosse et la scène : l'orchestre joue parfois un peu fort et on aurait aimé que le crescendo de certains "finales" commençât vraiment piano, pour mieux jouer sur les contrastes. Mais l'orchestre était brillant et la flûtiste solo jouant sur scène en costume, pendant l'air de Lord Sidney, remarquable.
La première à faire forte impression est la très jeune Madama Cortese de Mariela Cantarero, lancée tout récemment dans une carrière météore. La voix est souple, les aigus généreux (plusieurs contre ré), un rien acides. Le couple Blake/Podles est rodé: ils semblent deux compères heureux de se retrouver et de nous faire rire. Blake époustoufle non pas par la voix qui a perdu en projection, mais par une technique unique. On en venait à regretter d'attendre si longtemps (après l'entracte) son duo avec Podles. Podles nous gratifie de ses graves phénoménaux, de sa virtuosité et de sa joie de chanter en ne se prenant pas au sérieux, surtout quand Blake la fait basculer sur le lit. Charles Workman était en meilleure forme que ses dernières interventions espagnoles (Madrid et Barcelone); il n'a craqué aucun aigu, chose qu'on avait trop entendue chez lui ces derniers temps. Son duo avec Corinna fut donc un point fort de la soirée. Cinzia Forte chantait justement la poétesse sans gêne, malgré la difficulté de ses airs fortement exposés avec l'accompagnement de harpe.

Maria José Moreno chantait l'air connu aussi par le Comte Ory. La voix est belle du grave à l'aigu, les variations intéressantes dans les reprises et le contre mi bémol en place. Un beau succès personnel. Umberto Chiummo ne démérite pas, mais semble un peu bousculé dans les vocalises rapides. Marco de Felice a conquis le public, notamment dans ses imitations de citoyens européens aux accents différents. Le Don Alvaro de Josep Miquel Ramón, malgré un rôle court, a eu le temps de se mettre le public dans la poche : il faut préciser qu'il représentait  l'Espagnol devant ses concitoyens ! Le reste de la distribution n'appelle aucun reproche et les ensembles étaient parfaitement en place; le passage  a capella du premier grand ensemble d'une parfaite justesse. Le finale ultimo, plus solennel, s'est conclu par l'unisson des trois contre ré des sopranos et le délire du public. Une soirée mémorable.
 
 

Valéry Fleurquin
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