C  R  I  T  I  Q  U  E  S
 
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Marc-Antoine Charpentier (1643-1704)
ACTEON


Henry Purcell (1659-1695)
DIDON ET ENEE

Sophie Daneman (Diane, Belinda),
Stéphanie d’Oustrac (Junon, Didon),
Paul Agnew (Actéon), Nicolas Rivenq (Énée),
Gaëlle Méchaly (Aréthuze, Première Sorcière),
Camilla Johansen (Hyale, Seconde Sorcière,
Michel Puissant (L’Enchanteresse)

Les Arts Florissants
Direction William Christie
Durée: 152mn - 4/3 - couleur - stéréo

Langues menu: Anglais, Français, Allemand, Japonais
Sous-titrage Anglais, Français, Allemand, Japonais

Bonus : 2 Leçons de William Christie

1 DVD « Aller Retour Productions » 2007




Un aller sans retour


Voici l’anti-DVD musical par excellence, et la déception est à la mesure des espérances. Avec William Christie au pupitre, et deux mini-opéras baroques d’une écriture superlative, on pouvait en effet s’attendre à un petit bijou. La contrefaçon n’en est que plus grossière. La faute en revient à « Aller Retour Productions » et à sa réalisation indigente dont le degré d’amateurisme aura rarement été atteint.

Si l’on fait abstraction d’une navigation douteuse dans les menus (fixes), la première chose qui frappe l’auditeur-spectateur est une image d’une compression médiocre, très pixellisée, doublée d’un son étroit capté de trop loin, aux contours imprécis, avec le clavecin de Bill trop en avant. Les Arts Flo ont délibérément choisi un effectif chambriste d’un instrumentiste par partie, mais on ne peut raisonnablement croire que William Christie aurait laissé passer ces sonorités étriquées, d’une extrême sécheresse où les notes s’éteignent comme étouffées, ces timbres brouillons et sans couleurs, cette basse continue fluctuante parfois lointaine puis soudain envahissante. Dans le doute, nous imputons donc ces défaillances à la technique de prise de son.

Côté image, ces concerts captés au Théâtre du Préau de Vire bénéficient d’une vague mise en espace avec des robes « flashy » pour les chanteuses, signées Christian Dior s’il vous plaît (rouge vif, bleu électrique, vert fluo et jaune doré). Malgré ces atours reluisants, le jeu scénique, réduit à une rude ébauche, distrait plus qu’il ne porte le drame. Une certaine improvisation se fait sentir, et l’éclairage brûlant sans nuances devant un affreux écran bleu (digne des studios de trucages numériques) annihile tout moment d’émotion : le chant excessivement laid des sorcières en devient ridicule, et la plainte de Didon sans vie. En outre, le réalisateur semble ne connaître que le champ / contrechamp en plan moyen, saucissonnant complètement la musique. On se souvient avec délice des Ponnelle et Losey qui harmonisaient les coupures avec les phrases musicales, et privilégiaient les plans séquence autant que possible. Sans demander autant d’inventivité ici, les coupes et les cadrages s’avèrent néanmoins relativement anarchiques avec des épaules et visages coupés, des personnages en second plan qui se rapprochent pour entrer dans le champ, peu de vues d’ensemble ou de l’orchestre, etc. Ajoutons à cela l’indigence des chapitres (6 seulement par œuvre) qui ne permet pas d’accéder aisément aux mouvements recherchés, et vous obtiendrez un produit bâclé.

Et la musique, me direz-vous ? Et bien, hélas, elle est fort belle, et les solistes de très bon niveau, mais en méforme : Sophie Daneman se révèle d’une platitude indifférente ces soirs-là, Paul Agnew souffre d’aïgus tirés, Nicolas Rivenq ne rentre jamais vraiment dans le drame. Seule Gaëlle Méchaly tire avec grâce, élégance et tendresse son épingle du jeu. Mais répétons-le, les nombreuses insuffisances techniques du support empêchent d’apprécier pleinement l’interprétation. Même en l’absence d’alternatives au DVD pour ces deux œuvres, on reviendra sans regret au vieil enregistrement Harmonia Mundi de Christie d’une inoubliable fraîcheur pour Actéon, tandis que les bons enregistrements de Didon et Enée ne manquent pas.

Enfin, notons que sont présentes en bonus deux « Leçons de William Christie » enregistrées à l’origine pour France 5 et où, exemples à l’appui, le chef décrit le contexte historique et les caractéristiques musicales des deux œuvres. Ces documentaires à la fois didactiques et très instructifs représentent la seule véritable raison d’acquérir ce DVD.


Viet-Linh NGUYEN



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