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Giuseppe Verdi (1813-1901)

Un ballo in Maschera


Opéra en trois actes (1881)
Livret d’Antonio Somma, d’après Eugène Scribe


Riccardo : Giuseppe Di Stefano
Renato : Tito Gobbi
Amelia : Maria Callas
Ulrica : Fedora Barbieri
Oscar : Eugenia Ratti
Silvano : Enzo Giordano
Samuel : Silvio Maionica
Tom : Nicola Zaccaria
Il Giudice : Renato Ercolani

Choeurs et orchestre de la Scala, Milan
Direction musicale, Antonino Votto

Enregistré les 4 et 9 septembre 1956, au Teatro alla Scala, Milan
Première sortie 33 tours Columbia

Double CD Naxos 8.111278-79
Sortie 31 janvier 2008




Le bal des monstres sacrés


Le passage dans le domaine public de certains enregistrements a vraiment du bon. Naxos réédite sous son propre label certains enregistrements historiques avec Maria Callas, dont ce Bal masqué scaligère où elle est entourée de quelques monstres sacrés de l’époque : Di Stefano, Gobbi et Barbieri.

Le résultat est ébouriffant et, même si la concurrence est rude avec la version enregistrée un an plus tard, en live à Milan également, mais dans une distribution légèrement différente (Bastianini et Simionato…), ce « ballo » doit figurer dans toute discothèque verdienne… surtout au prix Naxos (12,99 euros) !

Callas n’a, au moment de l’enregistrement, pas encore incarné Amelia sur scène… mais il faut se reporter aux chronologies pour en être certain tant l’interprétation est convaincante. Elle n’a, on s’en serait douté, rien d’une victime. Plutôt une femme adulte qui assume ses choix et qui aurait sans doute été prête à aller plus loin. Déçue, Amelia, quand Riccardo lui annonce qu’il les éloigne avec son mari en Angleterre ? Le doute est au moins permis. Vocalement, Amelia lui va bien, même si elle a moins marqué ce rôle que d’autres. Son « Morrò ma prima in grazia » est bouleversant.

Son Riccardo est le ténor sicilien Giuseppe Di Stefano, partenaire au long cours, des bonnes et moins bonnes années. On connaît ses qualités et ses défauts. Un timbre exceptionnel, une « nature » de chanteur évidente… quitte à ce que la musique passe après la voix pure et le théâtre. Plus surprenante, la fatigue que le ténor révèle dans le duo du II. dans lequel il termine « O qual soave brivido » à genoux et au cours duquel il frise l’incident.

Tito Gobbi est le troisième larron. Lui aussi incarne une époque, une certaine manière de chanter, aujourd’hui datée. Il faut dire qu’à la différence de ses partenaires, le matériau vocal de Gobbi est banal. La voix n’est pas belle, détimbrée à partir du haut medium, avec une diction souvent hachée. Ce qui fait de lui sur scène un artiste exceptionnel disparaît largement au disque... ou ne réapparaît que sous des excès véristes peu appropriés (voyez ses exclamations lorsque l’identité de la compagne de Riccardo est révélée au II.). Bastianini en 1957 lui, n’encourt pas ces critiques…

Enfin, l’immense Fedora Barbieri dans le rôle court d’Ulrica complète ce quatuor anthologique. Eugenia Ratti, en Oscar, n’est pas au même niveau, dans le genre rossignol des années 1950, sans grand intérêt. On note, dans les seconds rôles le Tom de Nicola Zaccaria.

Enfin, on a coutume de dire le « Ballo in maschera » est un opéra de chef, qui est souvent là, de nos jours, pour sauver des chanteurs verdiens de plus en plus rares… Antonino Votto est là avant tout pour accompagner les stars – sa discographie avec Callas et longue et il a enregistré avec elle et Di Stefano, en cette même année 1956, La bohème pour EMI. La meilleure tradition de la Scala est là.


Jean-Philippe THIELLAY


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