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Haendel - Operatic Arias
Bach - Sacred Arias

Stéphanie Blythe

détails

Stephanie Blythe mezzo-soprano
Ensemble Orchestral de Paris
Emmanuelle Haïm harpsichord
direction  John Nelson

CD Virgin


Ceux qui ont eu la chance de découvrir Stéphanie Blythe sur scène, lors des représentations de Falstaff et Peter Grimes à l'Opéra Bastille, n'ont pas oublié cette forte et troublante personnalité qui nous a marqué de sa présence vocale et de son jeu si humain. Aujourd'hui paraît son premier récital, consacré exclusivement à des airs baroques extraits des oeuvres de Haendel et de Bach.

D'emblée on peut être intrigué par la photo de couverture, peu conforme aux attentes du star system actuellement de mise dans les maisons de disque : un demi-sourire énigmatique et un oeil brillant semblent vouloir nous inviter non pas à une débauche pyrotechnique, mais à l'intimité et au recueillement quasi-sacerdotal des oeuvres ici enregistrées.

La première partie uniquement haendélienne alterne douceur et colère, tendresse et passion. Dès le premier air, " ombra mai fu " de Serse, l'intelligence du texte est étonnante. Et ce sentiment ne fera que grandir au fur et à mesure de l'enchaînement des plages. La colère exprimée dans " where shall I fly " ou " Hence, Iris, hence away " se ressent dans chaque syllabe et la force des consonnes conforte le sentiment de violence ici recherché. A cela s'ajoute la ligne vocale de la contralto, appliquée, très timbrée, rappelant Marylin Horne. La voix est posée et assurée, l'art de la vocalise est sobre, sans roulades, l'ensemble est maintenu par un souffle continu qui ne cède jamais et semble vouloir s'étirer sans fin.

C'est cette fabuleuse technique qui impressionne dans les airs de Giulio Cesare : même si la grandeur guerrière est mise au second plan, quand Stéphanie Blythe interprète le rôle de l'empereur, la beauté du chant fait douter et triompher ce héros. 

Quel enfant ne voudrait chercher le réconfort auprès de sa Cornélia, si maternelle, si tendre... une harmonie paisible où l'on voudrait s'abandonner... il y a de quoi envier David Daniels qui peut y épancher sa peine et calmer sa douleur. L'union des deux voix crée une expression si tourmentée qu'elle ne peut que nous bouleverser au plus profond de nos sentiments.

Aux airs des Passions  de saint Jean et saint Matthieu s'applique la même intelligence textuelle et vocale. Une sobriété empreinte de piété et de douceur, nous appelant à la méditation de l'âme. Au final du disque, une véritable prière sur l'un des textes les plus poignants de la liturgie chrétienne : l'Agnus Dei, extrait de la messe en si mineur. Malgré une prononciation très anglophone, l'émotion qui se dégage de la prière de Stéphanie Blythe nous ferait lui accorder toute la pitié du monde.

Cette finesse musicale est accompagnée par l'Ensemble Orchestral de Paris dirigé par John Nelson. Il crée un tapis sonore qui se marie magnifiquement à la beauté du chant de Stéphanie Blythe, sans jamais la couvrir ou chercher à la concurrencer : il l'accompagne dans ses moindres soupirs, ses instants de colère, ses tourments, tout en finesse. Une harmonie parfaite... quasi divine ?

Voici enfin un enregistrement qui semble trouver un but réel : permettre de nous évader quelques instants de la vie pour apprendre à nous retrouver nous-même, à nous redécouvrir, et pourquoi pas à y chercher le repos de l'âme ?
 
  


Jean-Bernard Havé



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