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Joseph CALLEJA

The Golden Voice

1 "La mia letizia infondere" (Verdi : I Lombardi)
2 "Spirto gentil" (Donizetti : La Favorita)
3 "Una furtiva lagrima (Donizetti : L'Elisir d'amore)
4 "Son geloso del zefiro errante" (Bellini : La Sonnambula)
 Avec Anna Netrebko (soprano)
5 "Ah! Lève-toi,soleil! (Gounod : Roméo et Juliette)
6 "Instant charmant ... En fermant les yeux (Massenet : Manon)
 Avec Tatiana Lisnic (soprano)
7 "Au mont Ida" (Offenbach : La Belle Hélène)
8 "Pourquoi me réveiller" (Massenet : Werther)
9 "Je crois entendre encore" (Bizet : Les Pêcheurs de perles)
10 "Elle est princesse" (Adam : Si j'étais roi)
11 "Angelo casto e bel" (Donizetti : Il Duca d'Alba)
12 "Deserto in terra" (Donizetti : Don Sebastiano)
13 "Son già lontani" (Bellini : I Puritani)
14 "Io conosco un giardino" (Pietri : Maristella)

Academy of St Martin in the Fields
Direction: Carlo Rizzi

Un CD Decca 0 28947 56931 2




Promesses tenues

Lauréat du concours Caruso à 20 ans, en 1998, et de l'Operalia de Placido Domingo l'année suivante, Joseph Calleja s'est assez rapidement fait remarquer sur scène au point que dès 2003, Decca lui offrait un contrat d'exclusivité et lui faisait enregistrer un premier disque dans lequel il affichait des moyens on ne peut plus prometteurs. On attendait donc son second récital qui se révèle d'emblée infiniment plus abouti. Il s'agit là d'un véritable portrait de l'artiste, qui offre un panorama de son répertoire actuel et de ses orientations futures tout en confirmant l'éclosion d'une authentique personnalité vocale.

Près de la moitié du CD est consacrée à l'opéra français du dix-neuvième siècle : Gounod, Massenet et Bizet y figurent en bonne place. On ne s'attardera pas sur l'extrait de La Belle Hélène, privé de la dimension parodique et de l'humour inhérents à la musique d'Offenbach, un contresens dont la responsabilité incombe également au chef. Bien plus en situation est l'air de Roméo dans lequel le timbre juvénile du ténor et sa maîtrise de la demi-teinte font merveille, comme en témoigne le superbe diminuendo sur l'aigu final. En revanche l'incontournable lied d'Ossian, vocalement sans reproches, manque d'investissement dramatique. Le "songe" de des Grieux convainc davantage et la romance de Nadir, suave à souhait, emporte l'adhésion. Enfin, l'extrait de Si j'étais roi d'Adolphe Adam, opéra que Calleja a eu l'occasion de chanter au Festival de Wexford en 2000, constitue une jolie surprise d'autant qu'il est interprété avec fougue et une diction plus que correcte.

La partie italienne du récital est principalement centrée sur des opéras de la première moitié du dix-neuvième siècle. Quatre plages sont dévolues à Donizetti, compositeur fétiche de Calleja qui a déjà inscrit à son répertoire cinq de ses ouvrages majeurs (1). La musique du maître de Bergame sied parfaitement à la voix du ténor maltais dont elle met en valeur les qualités essentielles: clarté de l'émission, aisance du registre aigu et un art consommé de la nuance qui nous vaut une "Furtiva lacrima" quasiment anthologique. Si l'extrait de La Favorita aurait gagné à être plus expressif, on n'a jamais entendu les airs du Duca d'Alba et de Don Sebastiano aussi bien chantés depuis Pavarotti. Calleja aborde ces pages avec un timbre chaleureux, tendre est viril, claironnant quand il faut mais sans jamais plastronner ni rechercher l'effet facile.

Vincenzo Bellini est également bien représenté à travers deux oeuvres que le ténor a déjà interprétées au théâtre avec bonheur (2) : La Sonnambula où Anna Netrebko lui offre une réplique de haut vol dans le duo du premier acte, et I Puritani dont l'air du troisième acte est donné avec une grande sensibilité tout comme celui des Lombardi de Verdi qui ouvre le récital.

Véritable rareté, l'extrait de Maristella de Pietri (3), naguère chanté par Beniamino Gigli - entre autres - comblera le mélomane curieux. Joseph Calleja ne cache d'ailleurs pas son admiration pour les grandes voix du passé, admiration perceptible en filigrane dans sa manière de chanter qui n'est pas sans rappeler par moments celle des ténors d'autrefois, ne serait-ce que par ce délicieux vibratello qui caractérise son timbre, déjà reconnaissable entre mille.

A a tête de L'Academy of St Martin in the Fields, Carlo Rizzi qu'on a entendu plus inspiré ailleurs, déçoit. Sa direction molle et sans relief n'aide guère le jeune chanteur à s'extérioriser et réussirait presque à faire sombrer dans l'ennui une page telle que le duo de La Sonnambula. On est à mille lieues de la battue électrisante de Chailly qui faisait merveille dans le CD précédent.

En dépit de ces réserves, ce récital est hautement recommandable car le répertoire qu'il propose n'est pas toujours aussi bien servi et parce qu'il constitue un jalon essentiel dans l'ascension d'un ténor au timbre original et attachant avec lequel il faudra désormais compter.


Christian Peter


(1) De Donizetti, Joseph Calleja a déjà chanté sur scène L'Elisir d'amore, Don Pasquale, Maria Stuarda, notamment à Parme, en 2003 (un DVD est paru chez Dynamics), Roberto Devereux et Lucia di Lammermoor qu'il reprendra en mai prochain à l'Opéra du Rhin.

(2) Calleja a interprété Elvino dans La Somnambule à Vienne en 2003 et en Avignon en 2004. Il a également chanté Arturo des Puritains à Vienne (2004) et Berlin (2005).

(3) Giuseppe Pietri (1896-1946) s'est essentiellement illustré dans l'opérette. Mais il a aussi composé deux opéras dont Maristella.

(NDLR) Lire également la critique du récital au TCE, le 22 Janvier 2007
 

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