Benjamin BRITTEN (1913-1976)
CanticlesI à
V
1. "Canticle I :
My beloved is Mine ", Op. 40
2. "Canticle II
: Abraham and Isaac", Op. 51
3. "Canticle III
: Still Falls the Rain", Op. 55
4. "Canticle IV
: Journey of the Magi", Op. 86
5. "Canticle V
: The Death of Saint Narcissus", Op. 89
The Heart of
the Matter
Philip Landgridge,
Ténor
Jean Rigby, Contralto
Gerald Finley,
Baryton
Derek Lee Ragin,
Contre-ténor
Dame Judi Dench,
Narratrice
Steuart Bedford,
Piano
Franck Lloyd, Cor
Osian Ellis, Harpe
Naxos, 8.557202,
1 CD
Dans sa remarquable biographie de Britten
, Xavier de Gaulle décrit les cinq
Canticles en ces termes
: "... écrits entre 1947 et 1974, [ils] avaient été
et continueront d'être des étapes pleines d'espérance
et de spiritualité dans la carrière de Britten. On constate
qu'ils suivent de très près la composition d'opéras
majeurs dans lesquels les forces du mal ou la perversion du monde sont
à l'oeuvre : le premier immédiatement après
Albert
Herring ; le second, un an après
Billy Budd ; le troisième,
véritable épilogue transfiguré par la grâce
de
The Turn of the Screw. L'avant-dernier suivra d'assez près
la composition d'
Owen Wingrave. Le dernier, après plus de
deux ans de silence (1972-1973), sera la première composition à
laquelle Britten convalescent osera s'attaquer après
Death in
Venice. A chaque fois, il semble bien qu'à cette occasion le
compositeur se soit ressourcé." En effet, loin d'être un cycle
homogène de cantates, cet ensemble d'oeuvres marque plutôt
une sorte de "chemin de croix" artistique tout au long de la vie du génial
compositeur anglais. Par conséquent chacune de ces oeuvres pourrait
être enregistrée indépendamment des autres mais, comme
dans toute l'oeuvre vocale de Britten, la voix de ténor étant
centrale dans les nomenclatures, ces cinq cantates ont attiré depuis
30 ans de grands interprètes de cette musique.
La version Pears n'étant, malheureusement, plus disponible en
France (merci la World Compagny !) il reste au discophile français,
pour découvrir ces petits bijoux, trois versions : Hyperion-Rolfe
Johnson, Virgin-Bostridge et, grâce à Naxos qui réédite
ce disque paru une première fois chez Collins, la version Langridge.
L'interprétation lisse et ennuyeuse de Bostridge, qui de surcroît
est très mal entouré (David Daniels, plus "chichiteux" que
jamais) disqualifie d'entrée la version Virgin
: à fuir !
L'écoute comparée des versions Hyperion et Naxos ne démontre
qu'une chose : l'adéquation parfaite des deux ténors pour
ce répertoire ! Les puristes pourront trouver la voix de Rolfe-Johnson
trop belle pour rendre tout à fait justice à ces pièces,
pas assez "alla Pears", alors que le timbre plus "rugueux" de Langridge
se rapproche plus de celui du génial créateur. En définitive,
c'est ailleurs qu'il faudra trouver des arguments pour l'une ou l'autre
de ces versions.
Le Canticle II (Abraham and Isaac), composé pour
Pears et Ferrier, est confié chez Naxos à Langridge et Rigby
alors que Hyperion a préféré un alto masculin pour
interpréter Isaac. On peut préférer une troisième
voie(x !) pour le fils d'Abraham : celle d'un enfant ; c'est ce qu'avait
choisi le compositeur pour la version Decca (Re-merci World Compagny !).
Mais, bien que Michael Chance ne démérite pas chez Hyperion,
la version avec alto féminin est la plus satisfaisante pour une
question de couleur et de mélange avec la voix de ténor dans
les sections en duo (représentant la voix de Dieu).
D'autre part, Collins/Naxos a eu l'excellente initiative d'enregistrer
une version du Canticle III (Still falls the Rain) agrémentée
de poèmes parlés, appels de cor et courtes songs, version
voulue par Edith Stiwell (auteur des poèmes mis ici en musique)
que la création du cantique seul avait enthousiasmée. Ce
montage, révisé par Pears d'après les instructions
du compositeur, peut paraître un peu artificiel mais il nous permet,
sans dénaturer le cantique puisque qu'il est donné dans sa
version d'origine au centre de l'oeuvre complète, d'entendre tout
de même un petit quart d'heure de musique de Britten en plus !
Ces deux petit "plus" (et un prix très doux) de la version Naxos
peuvent faire pencher la balance... Mais les deux gravures sont exceptionnelles
et méritent une place dans votre discothèque !
Jean-Christophe
HENRY
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