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Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791)

L’ENLEVEMENT AU SERAIL

Bassa Selim, Markus John
Konstanze, Eva Mei
Blonde, Patrizia Ciofi
Belmonte, Reiner Trost
Osmin, Kurt Rydl

Chœur du Mai Musical Florentin
Orchestre du Mai Musical Florentin
Zubin Mehta

Mise en scène, Eike Gramss
Décors, Christoph Wagenknecht
Costumes, Catherine Voeffrey
Eclairages, Jacques Battocletti

Enregistré au Théâtre de la Pergola à Florence, mai 2002

1 DVD TDK, DVWW-OPEADSM




Bosphore sous vide


2006, année Mozart ; abondance de biens. Un nouvel Enlèvement en DVD. Va pour un nouvel Enlèvement ! L’œuvre n’est pas de celles qui suscitent l’overdose. Et comme ce joli Singspiel plein de tendresse, d’amour et d’humour n’est quand même pas le plus visible du maître, on dit « pourquoi pas ?». Pourquoi pas, mais pas forcément bravo… dans ce cas au moins.

La production est jolie, mignonnette ; bien en adéquation avec le lieu de la captation. Colorée, mobile, un peu naïve aussi. De l’art de faire passer de nobles sentiments dans une vision toute simple, presque simpliste. Beau défi et bonne réalisation. Je persiste dans le « pourquoi pas ?».

Zubin Mehta fait ici ce qu’il faisait à Salzbourg dans les années 60 et que l’on connaît au disque… la prise de son en plus et l’orchestre en moins. Il soigne bien ses équilibres, fait bruire sa petite harmonie (parfois) et sonner sa percussion (souvent). Pour la sève de l’œuvre, son jus puissant de datte moelleuse, il faudra aller voir ailleurs. C’est sucré comme un loukoum de supermarché sans le petit parfum de rose qui en ferait un mets délicat. Solide ; poésie minimale. On passe à côté du rayon « délices ». « Pourquoi pas ? », encore.

Et le chant ? Exit Pedrillo, beau gosse braillard, séducteur de bazar qui a de l’Orient plein le visage mais point de timbre ni de ligne. Statu quo avec Kurt Rydl : l’organe n’en peut plus mais la présence est énooooooorme et le grave encore bien sonnant. Ca casse un peu mais ça passe souvent, dans le mouvement. Même observation concernant Eva Mei. Le timbre est joli mais maigrelet, acide et surexposé dès le haut medium. Gruberova et Auger, dans le même registre, c’est autrement nourri et nourrissant ; incomparable. L’interprétation, en revanche, est servie par une musicalité impeccable. Pas de flamme cependant (Kenny et Moser sont, elles, d’une autre eau, palpitante et fébrile à la fois) ; une Konstanze convenue, sans élan vital, sans emportement à laquelle échappe la fulgurance sacrificielle du rôle. Dommage : Traurigkeit est vraiment beau, très beau.

Deux vrais plaisirs, pourtant, parce qu’il en faut. Un Belmonte, d’abord, mâle, bien chantant, timbre altier et suave à l’héroïsme mollement attendri. Sans doute le meilleur récemment entendu. Une Blondchen qui pose, aussi, un drôle de problème philologique : c’est une supposée Anglaise qui met toute son italianité à chanter en Allemand ! Ciofi, avec le joli voile qui habille, qui nimbe sa voix (et l’humanité troublante de ses petits accidents… il y en a ici) donne une Blonde à la ligne pulpeuse, charnue et éperdue, déroulée comme un ruban de velours moiré, duveteux. Une Blonde pas comme les autres, en somme, rare et précieuse ; tout sauf indifférente.

Une bonne moyenne. Raisonnable.


   Benoît BERGER

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