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Jules Massenet

Hérodiade

Marcello VIOTTI
Chúurs et Orchestre du Staatsoper de Vienne 

RCA
Placido Domingo (Jean) Juan Pons (Hérode) 
Agnès Baltsa (Hérodiade) Nancy Gustafson (Salomé) 
Ferruccio Furlanetto (Phanuel) Hans Helm (Vitellius) 
David Cale Johnson (Grand Prêtre) Ruben Broitman (Voix)


Dans le cadre de sa politique de diffusion d'enregistrements live de l'Opéra de Vienne et en attendant La Juive annoncée avec Neil Shicoff, RCA nous propose cette Hérodiade enregistrée par la radio autrichienne le 12 février 1995. Il faut ici saluer la politique de cette maison qui n'a pas hésité à programmer ces deux ouvrages et d'autres encore (Le Prophète notamment) avec de prestigieuses distributions, rendant au Grand Opéra français la justice que lui refuse obstinément l'Opéra national de Paris. Même si la mise en scène de ce spectacle avait été bien loin de faire l'unanimité, le public viennois avait réservé un excellent accueil à cette production, comme on peut l'entendre ici. C'est qu'il s'agit incontestablement de l'un des ouvrages majeurs de Massenet qui s'essaye ici au genre du Grand Opéra sans rien perdre de sa sensualité et de son génie mélodique. Cet enregistrement vient après la miraculeuse réalisation de Michel Plasson en studio et un live de San Francisco à la distribution prestigieuse mais malheureusement disqualifié par la direction hors de propos de Gergiev qui semble confondre Massenet et Moussorgski. Qu'en est-il du présent live ? Il faut d'abord souligner la jeunesse préservée et l'engagement de Placido Domingo, on ne peut plus séduisant prophète. Juan Pons impose un Hérode frustre et brutal, à mille lieues des raffinements délivrés en studio par Thomas Hampson mais sans doute plus proche des intentions du compositeur. A défaut de séduire, il convainc, trouvant même une certaine noblesse dans une Vision fugitive très applaudie. On connaît les lacunes de la voix d'Agnès Baltsa, l'hétérogénéité des registres et la médiocrité de la diction, mais son engagement dramatique impressionne, notamment dans son duo avec Hérode, et le portait déchirant qu'elle dresse de cette femme blessée ne manque pas d'intérêt. A son entrée, Ferruccio Furlanetto nous fait craindre le pire mais il ne tarde pas à retrouver une certaine dignité et nous livre un Dors, ô cité perverse fort honorable, avec de vrais accents de basse noble. La bonne surprise de cet enregistrement nous vient de la Salomé juvénile de Nancy Gustafson, dont la prononciation n'est pas parfaite mais qui vient à bout de toutes les difficultés du rôle avec un timbre lumineux et un bel engagement dramatique. Marcello Viotti connaît et aime la musique française, il nous offre ici une lecture franche et dynamique de la partition tout en se montrant très attentif aux solistes. Cet enregistrement n'est donc pas dénué d'atouts d'autant qu'il nous est proposé à un prix très abordable et que le livret comporte de nombreuses photos du spectacle. Hélas, pour des raisons dramaturgiques, les maîtres d'úuvre de cette production se sont livrés à un étonnant saucissonnage de la partition, qui finit par moments par la dénaturer. Pour cette raison, je déconseillerai cette version à ceux qui souhaitent effectuer une première approche de l'oeuvre et les renverrai à la référence Plasson. Les amoureux de Massenet en revanche ne feront pas l'économie de ce coffret qui comporte suffisamment de motifs d'intérêt.
  


Vincent Deloge

 




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