C  R  I  T  I  Q  U  E  S
 
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Dmitri HVOROSTOVSKY
Portrait

CD I
Verdi – La Traviata – Di Provenza il mar il sol
Verdi – Il Trovatore – Il Balen del suo sorriso
Verdi – Don Carlo – Per me giunto … O Carlo ascolta
Rossini – Il Barbiere di Siviglia – Largo al factotum
Donizetti – L’Elisir d’Amore – Come Paride vezzoso
Donizetti – Lucia di Lammermoor – Cruda funesta smania
Bellini – I Puritani – Or dove fuggo omai… ah, per sempre io ti perdei
Donizetti – Don Pasquale – Bella siccome un angelo
Tchaikovsky – Eugene Oneguine – Vy mne pisalli …Kogda by zhizh domashnim krugom
Tchaikovsky – Eugene Oneguine – Uzhel ta samara Tatyana
Tchaikovsky – La dame de pique – Vy tak pechalny, dorogaya
Tchaikovsky – Iolante – Kto mozhet sravnitsa s Matildoyu moyei
Rubinstein – Le démon – Na vozdushnom okeane
Rimsky-Korsakov – Sadko – Gorod kamennyi
Rimsky-Korsakov – La fiancée du tsar – S uma neidyot krasavitsa !
Rimsky-Korsakov – La fiancée du tsar – Zachem ty ? (avec Olga Borodina)


CD II
Händel – Serse – Frondi tenere e belle … Ombra mai fu
Gluck – Orfeo ed Euridice – Che faro senza Euridice ?
Vivaldi – Tito Manlio – Se il cor guerriero
Caldara – La costanza in amor vince l’inganno – Selve amiche
Giordani – Caro mio ben
Rachmaninoff – Ne poy, krasavitsa, pri mne, op. 4 n°4
Rachmaninoff – V molchanii nochi taynoy, op. 4 n°3
Tchaikovsky - Nyet, tolko tot, kto znal, op. 6 n°6
Tchaikovsky – O, yesli b ty mogla, op. 38 n°4
Tchaikovsky – Snova, kak prezdhe, odin, op. 73 n°6
Moussorgsky – Chansons et danses de la mort – 1, Kolybelnaya ; 2, Serenada ; 3, Trepak ; 4, Polkovodets
Syrewicz – Russia’ war, Blood upon the snow – Tears
Chant populaire – Korobyeiniki : Oy, polna, polna karobushka
Chant populaire – Elegia : Kogda, dusha
Chant populaire – Ochi chornyye
Chant populaire – Kalinka


Orchestres : Rotterdam Philharmonic orchestra, Philharmonia orchestra, Orchestre du Kirov, Accadémie de St Martin in the Fields, Orchestre Symphonique d’Etat de la cinématographie,
Orchestre Russe populaire Osipov

Direction musicale : Valery Gergiev, Ion Marin, Neville Marriner, Sergei Skripka, Nikolai Kalinin, Nikolai Korniev
Pianistes : Oleg Boshnyakovich, Mikhail Arkadiev

2 CD Philips N°475 7643 - 2006
durée : 146.25 (I : 75.52, enregistré en 1990, 1994 ; 1996 et 1999)
 (II : 70.33, enregistré en 1991, 1994, 1995, 1996, 1997 et 1998)





J’ai toujours été sceptique devant les projets discographiques centrés sur un artiste renommé, et baptisés « Portrait », habile moyen pour refiler au discophile naïf des enregistrements anciens vaguement remasterisés, en y glissant de-ci, de-là un inédit pour pousser à la consommation. Les « Best of » d’EMI font ainsi figure d’exemple à ne pas suivre.

Ici, rien de tel puisque, sur une période de temps qui va de 1990 à 1998, Philips, avec des enregistrements Decca, nous offre un panorama composé de manière fort intéressante. On démarre avec les débuts du jeune chanteur, qui se frotte aux passages obligés, même s’ils ne conviennent pas vraiment à sa vocalité en formation. Ainsi, dans « Bella siccome un angelo » de Don Pasquale ou dans les Puritains, enregistrés en 1994, Hvorostovsky nous donne des pièces parfois exotiques sur le plan de la prononciation et peu adaptées à son timbre (la ressemblance avec Jan Krause est frappante !), mais qui sont vraiment intéressantes avec le recul pour mesurer l’ampleur du travail accompli en moins de 15 ans. Dans le Figaro du Barbier, Hvorostovsky n’est pas dans son univers et sa voix est déjà beaucoup trop lourde, mais ses aigus balancés comme des katiouchka font mouche. Pour les airs de Verdi gravés en 1990 avec Gergiev, nous ne sommes pas dans un exercice d’école, mais bel et bien dans le début de la construction d’une voix très adaptée à certains de ces rôles. Le Germont est sans doute trop mielleux et certains portamenti sont stylistiquement surprenants. Mais les aigus sont splendides, comme dans « Il Balen del suo sorriso ». Et, en 1990, un an après sa victoire au concours de Cardiff « Singer of the World », de la BBC – juste devant un certain Bryn Terfel - , Hvorostovsky n’a que 28 ans !

Le double CD nous offre aussi quelques curiosités, comme cette adaptation de « Ombra mai fu » tiré de Serse, qui conduit Hvorostovsky dans des registres extrêmement graves à la limite de lui poser problème. Au rang des curiosités, on peut aussi ranger un « Che faro senza Euridice » qui ne manque pas de charme, et surtout l’air « Se il cor guerriero » de Tito Manlio de Vivaldi qui met en valeur les exceptionnelles qualités du baryton dans un air d’agilité héroïque. Dans les airs antiques adaptés de Caldara et Giordani, le beau Dmitri fait valoir son sens du legato qui n’est pas sans rappeler celui de Bruson.

Mais le meilleur de l’album vient de l’est, non seulement dans l’opéra avec Tchaikovsky ou Rimsky-Korsakov, mais aussi dans des mélodies avec piano ou dans les Chants et danses de mort de Moussorgsky que Hvorostovsky fait admirablement vivre et partager. Le tout finit par des chants populaires russes, dont le « Kalinka, kalinka » repris avec les chœurs et tout le toutim.

Pour les admirateurs de Dmitri Hvorostovsky, et ils sont nombreux, ce double CD constitue un document précieux qui viendra compléter une discographie en solo déjà riche chez Delos, sa maison de disque de référence (un album de vieilles romances russes en 2001, un album Verdi et des mélodies napolitaines en 2002, des Lieder russes en 2003, un disque consacré à Sviridov en 2004, un autre aux mélodies moscovites en 2005).



   Jean-Philippe THIELLAY

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