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Gustav MAHLER (1860-1911)

Lieder du « Knaben Wunderhorn »

Revelge
Verlor’ne Müh
Des Antonius von Padua Fischpredigt
Das irdische Leben
Trost im Unglück
Wo die schönen Trompeten blasen
Wer hat dies Liedlein erdacht ?
Lob des hohen Verstands
Der Tambourg’sell
Das himmlische Leben
Lied des Verflogten im Turm
Rheinlegendchen
Der Schildwache Nachtlied
Urlicht

Sarah Connolly, mezzo-soprano (2,4,5,7,10,12,14)
Dietrich Henschel, baryton (1,3,6,8,9,11,13)

Orchestre des Champs-Elysées
Philippe Herreweghe


1 CD Harmonia Mundi HMC 901920 (durée : 63’19)
Enregistré en 2005.




Mahler tel qu’en lui-même enfin


La discographie de ces lieder est pléthorique et les plus grands y ont attaché leur nom : Christa Ludwig, Lucia Popp, Elisabeth Schwarzkopf, Dietrich Fischer-Dieskau, Thomas Hampson, Walter Berry, côté chanteurs, Szell, Barenboim, Bernstein, côté chefs – et on en passe.

Pléthorique mais foncièrement insatisfaisante.

Il n’est qu’à écouter la première version de ces pièces écrite par Mahler pour le piano, pour entendre tout ce que cette musique a de comiquement dissonant, de fantastiquement humoristique et léger, de foncièrement joyeux et tendre. Au rebours de ces impressions, les grands orchestres assènent souvent une lecture sans distance : les passages militaires sonnent comme des marches lourdes et austères, les moments drôles comme de lourdes farces. Tout ce poids, tout ce sérieux, pour plomber le merveilleux cor de l’enfant. Parmi les chanteurs, il suffit d’écouter Schwarzkopf chez Szell pour savoir ce que contresens veut dire : tout grince, percute, grimace, comme si l’on était chez Wolf, alors que Mahler a cultivé le chant folklorique, la ligne simple, la dissonance insinuante.

Enfin, Herreweghe vint. Et voici qu’enfin le cor merveilleux de l’enfant sonne et résonne comme… comme le cor merveilleux d’un enfant.

Ah les cordes de Rheinlegendchen, caressantes et lumineuses ! Les cuivres de Trost im Unglück ! Partout ces percussions qui savent jouer sans cogner ! Et entre tous ces timbres individuels un dialogue inouï, des échanges d’une saveur, d’une verdeur uniques, des interventions que l’on n’avait jamais su différencier et faire entendre à ce point et qui, loin d’être soulignements abusifs, donnent à cette musique son identité et sa légitimité. Le LSO de Szell – qui n’est pas précisément n’importe qui – sonne, en comparaison, pâteux, lourd, pénible, confus, à côté de la plaque.

Les solistes savent chanter cette musique dans sa pleine ligne, sans effets inutiles : leur sobriété concentrée est admirable, parce qu’elle affronte la crucifiante ligne malhérienne sans chercher le clin d’œil, laissant à l’orchestre le soin de raconter sa part de l’histoire.

Avec ce Knaben Wunderhorn, Herreweghe ne signe pas seulement une grande réussite discographique : il atteste une affinité forte, et comme évidente, avec l’univers de Mahler, qui nous fait attendre impatiemment d’autres occasions.


Sylvain FORT

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