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Mireille

Charles Gounod

Mireille : Renée Doria
Taven : Solange Michel
Vincenette : Christiane Stüzmann
Clémence : Agnès Noël
Vincent : Michel Sénéchal
Ourrias : Robert Massard
Ramon : Adrien Legros
Ambroise : Julien Thirache
Le passeur : Claude Genty
Andreloun, un berger : Aimé Doniat

Orchestre symphonique et Choeur de Paris
Direction Jésus Etcheverry

2CD Accord 472 145-2


Accord exhume de ses archives un enregistrement Vega de Mireille, datant de 1962. Pourquoi pas ?
Ou plutôt pourquoi ? Il existe une version de cet opéra dirigée par Michel Plasson en 1980 qui, s'il ne s'agit pas d'une référence incontournable, est mieux qu'écoutable. Une autre parution se devrait de faire au moins aussi bien.
Hélas ! la version Accord est vraiment médiocre ! Quel était l'intérêt dans ce cas de la sortir de l'oubli ?

Certainement pas celui d'entendre les voix féminines ! Celle de Renée Doria n'est pas une surprise, pincée, acide, avec une diction exagérée (la nuit sur nous z'étend ses voiles). La valse de l'hirondelle, rajoutée en appendice, est un festival de coups de glotte et de piaillements, et c'est un vrai soulagement après cela que de se reporter au disque de Michel Plasson, avec une Mirella Freni chantant certes en un improbable yaourt, mais au moins avec une vraie voix de soprano lyrique.

Or, toutes les dames : la Taven de Solange Michel, la Vincenette de Christiane Stüzmann, jusqu'au choeur de jeunes filles, chantent de la même façon, terriblement datée.
Qu'en est-il alors du coté masculin ? Eh bien... Michel Sénéchal est un immense artiste, mais beaucoup plus à l'aise dans les rôles de caractère que dans les emplois de jeune premier. Dans le cas présent, son timbre sucré, sa diction précieuse, ses aigus en voix de tête ne rappellent en rien le vannier habitué à la vie au grand air (celui-ci n'a jamais dû dépasser Neuilly !). Son affrontement avec Ourrias prête à sourire : on ne le voit guère se battre avec le bouvier brutal incarné par le splendide Robert Massard.

Car il existe une perle au milieu de la médiocrité ambiante : fier et autoritaire, le timbre conquérant, la diction parfaite, Robert Massard offre une interprétation de légende. Il est toutefois à noter que son air " si les filles d'Arles sont reines " existe en récital, pour qui ne voudrait pas investir dans une intégrale. Car en effet Robert Massard est le seul intérêt de l'enregistrement : le reste de la distribution masculine est digne sans marquer vraiment, et on croirait le berger d'Aimé Doniat échappé d'une opérette des années soixante. Opérette vers laquelle tend d'ailleurs la direction de Jésus Etcheverry.

Il y aura bientôt dix ans, une jeune Alagna presque encore inconnu présentait aux mélomanes envoûtés un Roméo qui faisait apparaître d'un seul coup démodées toutes les incarnations antérieures. Une telle chance ne sera-t-elle jamais offerte par une équipe de jeunes chanteurs à un autre opéra de Gounod ?
 
 

Catherine Scholler



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