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Wolfgang Amadeus MOZART (1756 - 1791)

Messe en ut K.427
Musique funèbre maçonnique K.477

Natalie Dessay (Soprano)
Véronique Gens (Soprano)
Topi Lehtipuu (ténor)
Luca Pisaroni (Basse)

Le concert d’Astrée
direction : Louis Langrée

2006-DDD -54’03 + DVD 56’
Textes de présentation en français anglais, allemand

Virgin Classics 00946 359305 2 8


La messe est dite !


On sait que Mozart commença la composition de cette messe en 1782, juste après son mariage avec Constance Weber. Cette union n’avait pas recueilli l’assentiment de sa famille, et Mozart avait fait le vœu, si la situation s’apaisait, de composer une messe en guise d’action de grâce. En janvier 1783, la partition était a moitié achevée, mais, sans qu’on sache vraiment pourquoi, Mozart ne mena pas son projet jusqu’au bout : le credo restait incomplet et l’Agnus dei manquait. La partition fut cependant exécutée une première fois à Salzbourg en octobre 1783, Constance tenant la partie de premier soprano. Quelques temps plus tard, au début 1785, pressé par le temps et pour faire face à une commande, Mozart transforma en oratorio de carême les parties existantes de sa messe, qui devint le Davidde Penitente. Longtemps après la mort du compositeur, diverses tentatives menées par divers musicologues ont cherché à compléter la partition, en respectant le style contrapuntique largement inspiré des derniers baroques que Mozart étudiait passionnément avec son ami van Swieten, et qu’il avait choisi pour sa messe, tout en y incorporant avec liberté des éléments lyriques proches de ses compositions d’opéra.

Louis Langrée, prenant la plume à son tour, nous livre ici sa version de la messe en ut ; en fin mozartien qu’il est, ce chef très attaché au respect du texte, a composé les mesures manquantes quasiment comme Mozart l’aurait fait lui-même, de sorte que l’auditeur ne perçoit aucune rupture, aucune faiblesse et que le discours musical se poursuit avec fluidité et discrétion dans une parfaite harmonie.

Sur le plan de l’interprétation, Langrée qui approfondit à travers de nombreux concerts sa connaissance du répertoire et du style mozartiens jusqu’à en devenir aujourd’hui un des meilleurs spécialistes, réalise à la tête du Concert d’Astrée, aimablement prêté par Emmanuelle Haïm, une de ses plus belles réussites. Alliant la rigueur classique et une articulation influencée par le baroque mais sans caricature, il construit un discours expressif très contrasté, très vivant, « sturm und drang », instaurant un cadre solide qui permet ensuite aux chanteurs une plus grande liberté. Les moments de tension et de détente se succèdent comme dans un opéra, avec une véritable construction dramatique qui suscite sans cesse l’attention et maintient l’auditeur en haleine. La distribution est dominée par Natalie Dessay, aux moyens techniques toujours aussi impressionnants, reine incontestée des vocalises mozartiennes, dont on regrettera, mais c’est peu de chose, le vibrato un peu trop présent. A ses côtés dans le rôle de seconde soprane, Véronique Gens paraît bien sage, mais ne démérite pas, c’est simplement un effet de contraste. Du côté des voix masculines, soulignons les très belles prestations également du ténor Topi Lehtipuu, voix pleine et technique souveraine, un vrai régal pour les amateurs et celle de Luca Pisaroni, jeune basse italienne au timbre particulièrement riche et coloré, qui nous avait déjà impressionné dans le rôle du Publio de la Clémence de Titus à Aix en 2005.

En complément de programme, et en contrepoint idéologique, dans une atmosphère moins théâtrale, plus recueillie, austère et grave, on trouvera sur ce même enregistrement la Musique funèbre maçonnique K.477 qui trouve ici une de ses meilleures interprétations récentes, débarrassée de toute emphase au profit d’une émotion réelle et touchante.

 
 
Claude JOTTRAND

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