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LE JARDIN DES MYRTES

Mélodies andalouses du Moyen-Orient

Ensemble Aromates
Direction Michèle Claude

Isabelle Duval, flûtes.
Jean-Baptiste Frugier, violon.
Jean-Lou Descamps, vièle à archet & violon alto.
Françoise Enock, vièle à archet, colascionne & viole de gambe.
Julien Blanchard, contrebasse.
Freddy Eichelberger, épinette & organetto.
Elisabeth Seitz, psaltérion.
Michèle Claude, zarb, daff, reqq, darbouka, castagnettes, bendir,
tambour de basque, tambourello, grelots.

Invités : Massimo Moscardo, guitare baroque & archiluth.
Mazyar Izadpanah, ney iranien. Mael Guezel, daff & zarb. 

Enregistré en octobre 2004 à Paris,
Chapelle de l'hôpital Notre-Dame de Bon Secours.
Prise de son : Manuel Mohino. 

Alpha 515, collection Les chants de la terre, durée 72'18.


Aromates... le nom de l'ensemble dirigé par Michèle Claude ne saurait être mieux trouvé : une pincée de ney, une rasade de percussions orientales, un soupçon d'épinette, rejoignent le pot commun salé-sucré constitué en grande majorité d'instruments occidentaux, mais accommodés à une sauce moyen-orientale à laquelle une pointe de piment manque peut-être ? Pour certains palais probablement, qui dès qu'ils entendent le mot métissage s'emballent sur une probable folie douce annoncée...

Rien de tel ici. Michèle Claude propose un voyage en improvisations et utopies, une utopie qui a existé pourtant, quelque part en Andalousie, entre le huitième et le quinzième siècle, un temps qui aurait pu être suffisamment long pour valider définitivement l'idée de la tolérance, mais cela est une autre histoire.

 Michèle Claude sur qui plane le regard constant de Ziryâb le magnifique, enfui de Bagdad vers Cordoue en 822, créateur de l'école musicale andalouse, à qui l'on attribue peut-être bien trop de mérites pour un seul homme, fût-il génial - la cinquième corde de l'oud, le chant mélismatique, le plectre, de nouveaux modes, dix mille chansons, l'origine de la suite baroque (venue du nawba ou nouba qui fait entrer les musiciens en concert à tour de rôle), et même... l'asperge. Mais ceci est encore une autre histoire, très bien racontée dans le livret.

Revenons à nos myrtes et à notre paradis perdu. Alpha publie le disque dans la collection Chants de la terre : il ne s'agit pas de se transporter dans l'Andalousie médiévale, mais bien de continuer l'utopie dans le même esprit, comme si l'histoire qui suivit, pas toujours très réjouissante, était effacée, nulle et non avenue. 

Ziryâb retrouve ses musiciens, ils sont presque tous occidentaux, jouent de la flûte, du violon, de la vièle à archet, de l'épinette... Sont conviés à la fête toutes les percussions possibles, un italien à l'archiluth et au théorbe, un iranien au ney. Les muwash'shah se succèdent, poèmes musicaux où s'invitent à leur tour un ostinato baroque, une habanera, une fugace évocation de pop music, un clin d'oeil aux turqueries de Lully ou à Bizet. 

Comment s'en étonner quand les horizons des musiciens sont si divers, de la salsa au baroque en passant par le jazz et la musique tsigane ?

Quel fatras me direz-vous ? Oui, ou plutôt non, justement, tout cela est fait dans le parfait respect des préceptes formels, rythmiques (accélération des schémas métriques), harmoniques, de Ziryab, qui veille au grain. Nulle folie dans tout cela, il faut certes admettre les postulats de départ pour s'embarquer, dans un voyage un peu nostalgique, pas débridé du tout, mais amoureux et parfumé, ça oui, à coup sûr.  


SOPHIE ROUGHOL


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