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Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791)

Le Nozze di Figaro

opéra en 4 actes

Il conte Pietro Spagnoli
La contessa Annette Dasch
Susanna Rosemary Joshua
Figaro Luca Pisaroni
Cherubino Angelika Kirchschlager
Marcellina Sophie Pondjiclis
Antonio Alessandro Svab
Bartolo Antonio Abete
Don Basilio Enrico Facini
Barbarina Pauline Courtin
Don Curzio Serge Goubioud

Chœur du Théâtre des Champs-Elysées
Concerto Köln
Direction René Jacos

Théâtre des Champs-Elysées juin 2004

DVD Bel Air Classiques





N’attendez pas de Jean-Louis Martinoty, homme de goût, respectueux et esthète, de transposition décalée ou hasardeuse. Sa mise en scène des Noces de Figaro de Mozart créée au Théâtre des Champs-Elysées en 2001, saluée à deux reprises en juin 2004 puis en octobre 2005 et présentée également à Marseille en 2003, n’a que des avantages. Elégante, volubile et accessible elle n’aurait aucun mal à passer les modes et les années, à la manière de celle aujourd’hui légendaire de Giorgio Strehler. Quelques toiles peintes maniées à vue, délimitent l’espace, encombré d’objets divers qui constituent un joyeux bric à brac. Rythmé par d’incessants déplacements, des portes qui s’ouvrent et se claquent et un cortège de silhouettes qui se faufilent, se dissimulent ou s’exhibent, ce « dramma giocoso » est traité avec tous les égards. Directeur d’acteurs sensible au moindre détail, Martinoty est passé maître dans l’art subtil de l’enchaînement, chaque scène appelant la suivante, la maîtrise de la continuité dramatique et de la lisibilité d’une intrigue trépidante et bien connue. Le naturel qui accompagne chaque situation gagne en efficacité théâtrale, au contact d’éléments et d’attitudes concrets qui rappellent le contexte historique (le XVIIIème siècle), politique (les prémices de la Révolution Française), social (les rapports maître/valet) de l’action et viennent judicieusement éclairer la réflexion générale. Ainsi comprend-on aisément les rivalités et les enjeux qui sous-tendent cette comédie « douce amère », dont le metteur en scène ose une vision sexuée, trop souvent édulcorée.

Accordée à cette conception, la direction de René Jacobs, malgré sa vivacité et ses couleurs pimpantes, n’est pas exempte de préciosité, les habituelles variations de tempo dans une même phrase finissant par lasser, comme dans l’intégrale publiée chez Harmonia Mundi en 2004. L’interprétation plus harmonieuse d’Evelino Pido, toujours avec le Concerto Köln lui était préférable.

La distribution est de bonne tenue, sans être exceptionnelle : le couple Figaro/Susanna est dominé par la basse italienne Luca Pisaroni, superbe d’allure et d’élégance vocale, jouant de toutes les expressions avec brio, alors que la sémillante Rosemary Joshua n’a pas la grâce de Patrizia Ciofi, enchanteresse soubrette (à la scène en 2001 et 2005, comme en studio). La berlinoise Annette Dasch qui succède à Véronique Gens et à Veronica Cangemi, toutes deux radieuses, compose une comtesse trop uniformément juvénile, à qui la patine fait défaut et face à laquelle on perçoit mal la lassitude et les tourments de l’amour (même si Martinoty nous la présente en future Maréchale pendant le « Dove sono », avec son sablier….) ; d’autant que Pietro Spagnoli très « latin lover », est un comte traditionnel, au timbre assez commun, mais auquel on croit. Cheveux en bataille, souvent malmené, insouciant mais plein de charme, le Cherubino de Angelika Kirchschlager parvient à s’imposer, même si l’on a dans l’oreille des voix plus mœlleuses et des interprètes plus mémorables : Frederica von Stade reste toujours inégalée. Sophie Pondjiclis (Marcellina), Alessandro Svab (Antonio), Antonio Abete (Bartolo), Enrico Facini (Basilio) et Pauline Courtin (Barbarina) apportent leur touche personnelle à cet ensemble remarquable de cohésion. Voici sans aucun doute le document idéal pour initier, si ce n’est déjà fait, vos enfants aux joies mozartiennes et plus largement lyriques, que Bel Air a eu la bonne idée de publier pour les fêtes.



   François LESUEUR

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