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THE OPERA GALA

Airs, duos et ensembles de Bellini,
Bizet, Chapi, Delibes, Donizetti, Lehar,
Puccini, Rossini, Saint-Saëns, Verdi

Anna Netrebko, soprano
Elina Garanca, mezzo-soprano
Ramon Vargas, ténor
Ludovic Tézier, baryton

SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg
Marco Armiliato

1 DVD Deutsche Grammophon, 00440 073 4377




Qu'importe le flacon...

Pourvu que l'on ait l'ivresse ! Je fais partie de ces gens que le mot "gala" fait frémir, s'agiter. Je suis de ceux que cette accroche ferait se déplacer aux aurores. C'est un peu mon côté cheap & kitsch ; mon esprit Pierre & Gilles !

Donc ce mot "gala" a alerté mes sens. Et puis, quand même, Netrebko, Garanca, Vargas et Tézier ça a une sacrée gueule ; du panache. C'est prometteur ! Cela réactive – en moins excitant, diront les esprits chagrins – les mannes des grand-messes des sixties et des seventies qui, pour fêter tout – et même parfois n'importe quoi, si, si – affichaient Sutherland, Pavarotti et consort, voire Crespin et Leontyne Price pour un improbable "duo des chats" – ça existe en disque !

Netrebko, Garanca, Vargas et Tézier, moi, ça me fait rêver. Ceci dit, on ne les aide pas vraiment à ne pas me sortir du rêve. Je parlais de mon côté cheap ; celui-là, on ne l'a pas oublié. Le tenues sont moyennes ; ces dames se changent à peine – on est loin d'un Rossini à Versailles drapé de crinolines, de sinistre mémoire pour le costume de scène et le bon goût mais d'impayable mémoire ! Les alentours non plus ne sont pas franchement soignés. Minimum syndical et pas de champagne, pas même dans un gobelet plastique – enfin, pour nous. Qu'importe le flacon…

Et l'ivresse ? Sincèrement elle est au rendez-vous, même si… Même si Netrebko, qui a indubitablement la voix de Norma – et l'une des plus belles, des plus voilées pour Casta diva – est un peu dépassée par les événements ; même si Vargas fait piteuse figure en latin lover – et ne pensez surtout pas au Villazon du concert de la Coupe du Monde, au risque de verser des larmes amères ; même si, enfin, Tézier, avec son phrasé impeccable – Puritani – paraît toujours un peu sur sa réserve.

Seule Garanca frôle le sans faute avec, surtout, une Cenerentola exemplaire – l'esprit gala ! La vraie réussite c'est que le programme, tout en étant très attendu – Rigoletto, Bohême etc… - jette sur chacun un éclairage plus ou moins inattendu. Puritani, c'est commun ; mais quand c'est avec Tézier, cela vaut le détour. Lakmé, rien à f….., direz-vous – je suis à peu près de votre avis ; mais le "duo des fleurs", d'un hédonisme suant l'œstrogène, phrasé comme une caresse par nos deux prime donne du soir  est une expérience troublante. Et Samson par Garanca – qui ici, comme dans Norma, réveille bien souvent les souvenirs émus de Ludwig – glisse comme un rêve, comme une invitation vers un ailleurs dont on ne peut – veut – pas dire le nom.

Donc, oui, l'ivresse est bien au rendez-vous, et moins factice que celle, obligée, du Brindisi final – lui aussi obligé ! Une ivresse qui comme toutes les ivresses est gaie ou triste ; tendre ou affectée. Une ivresse que même la direction "syndicale", là encore, de Marco Armiliato peine à se dissiper. Allez, encore une gorgée…

Benoît BERGER


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