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Richard Wagner (1813-1883)

PARSIFAL


Amfortas Bernd Weikl
Titurel Matti Salminen
Gurnemanz Hans Sotin
Parsifal Siegfried Jerusalem
Klingsor Leif Roar
Kundry Eva Randova
Gralsrittern Toni Krämer, Heinz Klaus Ecker
Knappen Marga Schiml, Hanna Schwarz, Helmut Pampuch, Martin Egel
Blümenmädchen Norma Sharp, Carol Richardson, Hanna Schwarz, Marga Schiml, Mari Anne Häggander
Stimme Hanna Schwarz

Chor und Orchester der Bayreuther Festspiele
Horst Stein

Wolfgang Wagner, mise en scène et décors
Reinhard Heinrich, costumes

Enregistré à Bayreuth en juin-juillet 1981
Durée : 233 min
2 DVD DG 0 44007 34328 9



Du neuf avec du vieux


On prend les mêmes, et on recommence ! Il y a un an paraissait en DVD les Maîtres Chanteurs de Wolfgang Wagner. Production sans grand intérêt si elle n'immortalisait le truculent Beckmesser de Hermann Prey. On aurait pu penser que Parsifal, ouvrage  autrement plus touffu et mystique, aurait davantage inspiré le petit-fils du compositeur. Ce qu'on voit est très fidèle au drame sacré, par moment impressionnant (les voûtes de Montsalvat) voire même parfois très beau (le jardin de Klingsor tout droit sorti de l'imaginaire de Bosch)… bref, se regarde bien. Mais Dieu que tout cela est plat ! Que tout cela manque d'inspiration, de vision, de spiritualité ! Tout est propre, réaliste, soigné, léché, jusqu’aux costumes aux couleurs vives et figées, sans nuance, à l'instar de la mise en scène. Nul mysticisme dans l’élévation du Graal, nul frisson dans l’Enchantement du Vendredi Saint, nulle souffrance dans le monologue d’Amfortas. Aucune passion et encore moins de com-passion dans le regard que semble porter Wolfgang à l’ultime opus de Richard.

On ne s'étonnera guère que les interprètes ne puissent dépasser le stade du premier degré dans la caractérisation de leur personnage. A l'orée de sa carrière d’heldentenor, Siegfried Jerusalem apporte la juvénilité et la candeur indispensables au Chaste Fol. Le chanteur est solide et vient sans encombre à bout des trois actes, même si le deuxième acte manque de cette révélation mystique qui fait de la confrontation avec Kundry le sommet émotionnel de l’œuvre.

Sa Kundry justement, ne manque pourtant pas d’atouts. Fagotée dans une sorte de peignoir de bain verdâtre aux premier et troisième actes, Eva Randova se révèle véritablement en Kundry au deuxième avec sa chevelure d'une rousseur flamboyante et son costume tout en voile mauve bleuté, entre Vierge Marie et Marie-Madeleine repentante. Prudente vocalement, on la sent se ménager jusqu'à la confrontation avec Parsifal où elle peut déverser son fiel et sa souffrance trop longtemps contenues.
Les trois clés de fa, Bernd Weikl, Hans Sotin et Matti Salminen, ne déméritent pas sans pour autant s’élever au niveau de leurs prédécesseurs respectifs sur cette même scène du Festpielhaus.

Quinze ans après la mort de Wieland Wagner, le Neue Bayreuth n’a plus rien à voir avec le projet initial de l’après-guerre. Que celui qui veut connaître un Parsifal traditionnel made in la Colline Sacrée jette un coup d’œil, les autres peuvent passer leur chemin sans regret.


Sévag TACHDJIAN



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