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Moïses Simmons (1888-1945)

TOI C’EST MOI

Comédie musicale en deux actes
Livret de Henri Duvernois, Lyrics d’Albert Willemetz, Marcel Bertal, André Mouezy-Eon, Louis Maubou et Robert Chamfleury
Orchestration de Thibault Perrine

Pedro Hernandez : Gilles Bugeaud
Maricousa, le speaker du cabaret : Emmanuelle Goizé
La Panouse, Robinet : Gilles Favreau
Viviane : Jennifer Tanni
Pat : Loïc Boissier
Olivier Hernandez, Bob : Carl Ghazarossian, Olivier Hernandez
Honorine : Marie-Louise Duthoit
Pfitz : Alain Trétout
Bédélia : Francine Romain
Lily : Camille Slosse

Compagnie Les Brigands
Direction : Benjamin Lévy

Enregistré aux studios Davout
les 30 novembre et 1er décembre 2006.

1 Compact Disc Tourbillon TRB 006. Durée 63’21


C'est ça Les Brigands !

Remettons dès le début les pendules à l’heure ; il faut, pour savourer cet enregistrement de Toi, c’est moi commencer par oublier le récital d’opérettes (http://www.forumopera.com/critiques/graham-operettes.htm) gravé par Susan Graham il y a 5 ans. En deux titres, « Vagabonde » et  « C’est ça la vie, c’est ça l’amour », la cantatrice américaine, transportée par le City of Birmingham Symphony Orchestra, donnait alors à la musique de Moïse Simmons un éclat qui n’est peut-être pas tout à fait le sien. La compagnie Les Brigands, elle, touche plus à l’esprit de l’opérette des années 30 : moins glamour donc mais plus léger.

Né de la rencontre entre Moïse Simmons, chef d’orchestre cubain connu à l’époque pour sa chanson « El Manisero », l’un des premiers grands tubes planétaires, et Henri Devernois, auteur de romans et de pièces de théâtre, Toi c’est moi triomphe dès sa création aux Bouffes Parisiens le 19 septembre 1934, au point de donner lieu deux ans plus tard à un film signé René Guissart (1). La comédie musicale doit alors son succès à l’utilisation abondante de rythmes cubains et antillais, une première sur une scène française, et à une distribution prestigieuse dont aujourd’hui émergent surtout les noms de Pauline Carton et Simone Simon.  

En révisant la partition pour 10 chanteurs et 10 musiciens, Thibault Perrine réussit le tour de force d’en préserver la vitalité sans en assécher la matière. Représentée dans cette nouvelle version par Les Brigands du 6 au 27 décembre 2005 au Théâtre de l’Athénée, l’oeuvre est saluée par la critique tandis que le public croque avec une délicieuse nostalgie le fruit défendu de « Sous les palétuviers ».
 
Le passage de la scène au disque ne se fait pas sans danger. L’enregistrement ne risque-t-il pas d’exposer les limites vocales des interprètes ? Comédiens autant que chanteurs, appréciés avant tout sur les planches pour leur naturel, ne vont-ils pas sembler un peu décharnés une fois réduits à leur seule voix ? C’est compter sans l’entrain de Benjamin Levy qui sait dynamiser ses troupes et donner au studio des allures de live. On retrouve alors d’une manière générale la même fantaisie, la même justesse, la même clarté au niveau de la diction. La musicalité d’Emmanuelle Goizé, s’affirme une fois de plus ; Gilles Bugeaud déborde d’énergie et Marie-Louise Duthoit d’humour. Bob semble même un peu moins freluquet (Carl Ghazarossian ou Olivier Hernandez ? Le livret qui accompagne le CD ne le précise pas). Seul l’air de Bédélia dont on gardait un souvenir transpirant perd un peu de sa moiteur.

Ainsi menées durant plus de 25 plages, les chansons défilent comme autant de tubes sur fond de fox-trot, de rumba, de conga ou de biguine. Emporté par la mélodie, on se prend souvent à fredonner et même, invité par les percussions, à esquisser quelques pas de danse.

On apprécie aussi la suppression des dialogues parlés qui permet d’enchaîner les morceaux sans faiblir, d’autant que l’intérêt du livret reste limité.  Henri Duvernois n’est pas William Shakespeare ; Jennifer Tani n’est pas Susan Graham. Qu’importe, Toi c’est moi ne prétend pas s’appeler Roméo et Juliette ! Ainsi  présenté, il se contente d’apporter sa dose de bonne humeur ; c’est largement suffisant ; pourquoi lui demander plus ?


Christophe RIZOUD


(1) Réné Guissart (1888-1960) est un spécialiste de ce genre d’adaptation. On lui doit notamment Passionnément en 1932 d’après l’œuvre de Messager, Dédé à partir de l’opérette de Christiné et aussi Les sœurs Hortensia sur une musique de Raoul Moretti et un livret d’Henri Duvernois ; la boucle est bouclée !


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