C  R  I  T  I  Q  U  E  S
 
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Antonio VIVALDI (1678-1741)

VESPRI SOLENNI 
PER LA FESTA DELL'ASSUNZIONE
DI MARIA VERGINE

Domine ad adiuvandum me festina RV 593
Ascende laeta RV 635
Dixit Dominus RV 594
Laudate pueri RV 600
Laetus sum RV 607
Nisi Dominus RV 608
Lauda Jerusalem RV 609
Magnificat RV 610a
Salve Regina RV 616

Concerti RV 584, 581

Gemma Bertagnolli (Soprano)
Sara Mingardo (Alto),
Gianluca Ferrarini (Ténor),
Mateo Bellotto (Baryton)
Antonio de Secondi (Basse)

Concerto Italiano
direction Rinaldo Alessandrini

2 CDs Opus 111, Naïve OP 30383



Rinaldo Alessandrini nous offre ici un double coffret où il a tenté de reconstruire un office complet de vêpres à la Vierge, telles qu'elles auraient pu être jouées à Venise, sous les ors de Santa Maria della Salute ou au couvent San Marco. Outre l'intérêt musicologique de la démarche, nous retrouvons avec plaisir des oeuvres aussi célèbres que le Nisi Dominus RV 608, le Magnificat RV 610a ou encore le Salve Regina RV 616. Saluons également l'insertion de deux concerti parmi lesquels l'austère concerto pour l'Assomption de la vierge RV 581. Et là réside le pari du Concerto Italiano : le chef italien va t-il réussir à renouveler notre écoute d'oeuvres sur-jouées et qui, chacune, possède déjà plusieurs versions de référence ?

La réponse est affirmative. Certes, les cordes restent toujours aussi aigres, voire stridentes, l'agencement des pupitres un peu brouillon, assurément, les choeurs manquent d'homogénéité par rapport à la transparence angélique de leurs homologues anglais (dirigés par Robert King chez Hyperion ou Andrew Parrott chez Virgin), mais l'essentiel est ailleurs : jamais on aura entendu un tel entrain, autant de cohérence et de lisibilité. Dans une sorte de ferveur joyeuse et naïve (comme le label), Rinaldo Alessandrini parvient à varier les registres, du désespoir éthéré (Sara Mingardo dans la "Vanum est nobis" du Nisi Dominus qui relègue l'excellent Gérard Lesne dans les caves du Vatican) à l'exaltation démesurée (rarement le "Gloria Patri" du Magnificat aura été aussi rutilant). Vous l'avez compris, il s'agit d'une interprétation bondissante, extrême. Les tempi sont exacerbés, d'une lenteur exsangue ou d'une ivresse folle. Ceux qui espéraient une délicate dentelle spirituelle se tourneront vers d'autres cieux. 

Néanmoins, s'il s'agit d'une réussite, celle-ci est plutôt inégale et appelle de nombreuses réserves. Sans revenir encore une fois sur la justesse toute relative des instruments (malgré un violoncelle et des orgues exemplaires), il faut bien admettre que la sève distillée par l'ensemble italien est un peu fruste, grossière. Les cordes sont mécaniques, rigides, sans aucune subtilité, confondant énergie et âpreté tandis que la dynamique provient d'un mouvement forcé, écrasant tout sur son passage avec des choeurs martelés. Les parties strictement instrumentales sont d'ailleurs bien décevantes et l'orchestre semble mal coordonné, avec des attaques imprécises, comme dans le concerto RV 584. Quant au plateau vocal, on retrouve chez Sara Mingardo ses qualités habituelles : une magnifique voix de contralto chaude et riche. Cependant, un vibrato omniprésent et des ornements qui manquent d'aisance et de naturel gâtent quelque peu notre plaisir. Roberta Invernizzi et Anna Simboli possèdent un timbre clair et diaphane qui convient parfaitement à la musique religieuse, à cet égard, l'introduzione al dixit représente sans nul doute un des plus beaux moments du programme. En revanche, Gemma Bertagnolli cumule un aigu fêlé à une technique fort approximative. Enfin, les rares apparitions de Matteo Bellotto et Antonio de Secondi laissent assez indifférent. Vous l'aurez compris, cette lecture est loin d'être parfaite, mais n'en constitue pas moins une entreprise remarquable par son parti pris démonstratif et extravagant. Au-delà de ses faiblesses, c'est une vision d'ensemble qu'il faut apprécier en se replaçant dans le contexte de la Venise baroque, tout en moulures et dorures, du spectacle, bien qu'on aurait aimé que le doux clapotis des eaux reste perceptible sous le masque de carnaval. La prise de son est équilibrée, privilégiant les voix dans une réverbération moelleuse.
 
 

Viet-Linh NGUYEN

 
 



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