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Rolando VILLAZÓN


GITANO

Pablo Sorozábal – La tabernera del puerto (1936)
No puede ser

Amadeu Vives – Doña Francisquita (1923)
Por el humo se sabe dònde està el fuego

José Serrano – La alegría del batallón (1909)

Canción guajira

Pablo Luna – La pícara molinera (1928)
Pajarin, tú que vuelas

Federico Moreno Torroba – Luisa Fernanda (1932)
De este apacible rincón de Madrid

Reveriano Soutullo, Juan Vert – El último romántico (1928)
Bella enamorada

José Serrano – La dolorosa (1930)
La roca fría del Calvario

Jacinto Guerrero – Los gavilanes (1932)
Mi aldea

Jacinto Guerrero – El huésped del Sevillano (1926)
Raquel

Agustin Pérez Soriano – El guitarrico (1900)
Suena guitarrico mio

José Serrano – El trust de los tenorios (1910)
Te quiero morena

Pablo Sorozábal – La del manojo de rosas (1934)
Madrileña buonita

Reveriano Soutullo, Juan Vert – La del soto del Parral (1927)
Ya mis horas felices

Federico Moreno Torroba – Maravilla (1941)
Amor, vida de mi vida

José Maria Cano – Luna (1998)
Un gitano sin su honor

Orchestre de la Communauté de Madrid
Direction Plácido Domingo

Enregistré au Théâtre Albeniz, Madrid, juillet 2006

CD Virgin Classics
365474-2-8 (février 2007)
57’06


« Le gitan »


Un nouveau CD de Rolando Villazón… encore ? Après Il combattimento avec E. Haïm il y a quelques mois et le « bébé » conçu en commun avec Anna Netrebko, chez DG, c’est un programme d’airs de Zarzuela que le ténor mexicain sort aujourd’hui, pour sa maison Virgin Classics. Et pourtant, pas d’inquiétude, on est loin de l’overdose, tant Villazón met d’engagement et de conviction dans ses entreprises, tant l’artiste touche par sa sincérité.

Et sa sincérité, il la porte en bandoulière pour présenter ce nouveau CD qui lui permet de renouer avec sa langue (1) et de graver, pour l’histoire, en compagnie de Plácido Domingo, pour lequel il avoue une vénération sans borne. Ecoutons le, lyrique, dessin à l’appui: « Si la voix est un cheval sauvage qu’il faut apprendre à dompter, je bénis le jour où le destin m’a mis entre les mains du chanteur qui a réussi à unir le cheval et l’homme pour se transformer en un centaure puissant et sage ». Bref, Rolando devait être dans un état second pendant les séances d’enregistrement, à Madrid en juillet dernier.

Rolando apparaît dans une forme éblouissante, sans commune mesure avec celle constatée lors de son dernier passage à Paris dans Hoffman où, malgré une présence scénique extraordinaire, l’inquiétude dominait, tant l’émission était mal contrôlée. Dans les zarzuelas, la palette est impressionnante et les airs choisis conviennent parfaitement à la tonalité de Villazón, même si certains ont été écrits pour barytons légers (Amor, vida de mi vida de Moreno Torroba). Les demi-teintes, les parties quasi parlées, les piani sussurés, les aigus pétaradants qui – autosuggestion ou réalité ? – font même penser au jeune Domingo … Rolando s’en donne à cœur joie, sans en faire des tonnes, dans une démonstration de style.

Le programme très riche, qui va de 1900 à 1941, avec une exception pour Cano et sa zarzuela « Luna » créée en 1998 à Valence, preuve que la zarzuela, un peu dégoulinante tout de même, est bien vivante, donne un aperçu cohérent du genre de la romance pour ténor. Elina Garanca avouait son goût pour la zarzuela et en gravait un extrait dans son premier CD pour DG ; Villazón maintenant, après Kraus, Carreras, de Los Angeles…la zarzuela serait-elle à la mode ? Bien sûr, les airs sont inégaux. Certains, bien écrits, n’ont rien à envier à de la musique « savante », comme le No puede ser qui ouvre l’opus ou l’air de Doña Francisquita ; d’autres sont plus légers, faisant appel à l’humour (La alegría del batallón ou  dans Suena guitarrico mio de Soriano – Villazon y est irrésistible !) ou s’inscrivant dans la tradition de ce qu’est au fond la zarzuela, « opérette espagnole », avec les violons à l’unisson (La pícara molinera, El último romántico). Plusieurs permettent enfin à Villazon de lâcher la bride, d’y aller à fond, aigus et trilles à l’appui (El trust de los tenorios) pour faire pleurer dans les aziendas (Ya mis horas felices).

Mais, quelle que soit la couleur, il ne se départit jamais de la ligne de chant (voyez Los gavilanes), de la tenue, en un mot de la classe, qui, avouons-le, faisait un peu défaut aux dernières tentatives de ténor dans le domaine de l’opérette.

L’orchestre de la Communauté de Madrid joue le jeu à fond ; les violons pleurent, les cuivres donnent la réplique et le tout sonne naturel et spontané.

Ainsi, ce qui pourrait apparaître avant tout comme une opération commerciale, soutenue par des spots télévisés pour ménagère de plus de 50 ans ayant envie de bronzer sur la Costa brava, se révèle être un excellent disque, intéressant et cohérent dans sa construction, vocalement séduisant au possible, et musicalement réussi. Que viva Villazón !

   

Jean-Philippe THIELLAY


Note :
Il existe des zarzuelas catalanes et basques mais ici, seul le castillan est à l’honneur.
 
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