HAENDEL
PORTRAITS
OF MEZZO-SOPRANO HEROINES
Maria Riccarda Wesseling (mezzo
soprano)
Lautten Compagney Berlin
Wolfgang Katschner (chef d'orchestre)
Medea de "Teseo"
1 Overtura
2 Dolce riposo (Recitativo accompagnato)
3 O stringerò nel sen
(Aria)
4 Sibillando, ululando (Aria)
5 Dunque per vendicarmi (Recitativo)
6 Morirò (Aria)
Dejanira de "Hercules"
7 Overtura - Menuetto
8 Oh Hercules (Recitativo accompagnato)
9 The world, when day's career
is run (Aria)
10 When beauty (Aria)
11 Resign thy club (Aria)
12 Cease, ruler of the da (Aria)
13 Sinfonia (3rd act)
14 Where shall I fly! (Recitativo
accompagnato)
Zenobia de "Radamisto"
15 Air (Ballo)
16 Marche (Ballo)
17 Quando mai (Cavatina)
18 Troppo sofferse (Aria)
19 Son contenta di morire (Aria)
20 Fatemi, o Cieli (Aria)
Claves 2005 - LC 3369
Durée 68'38
Enregistré à Andreas-Kirche
à Berlin du 5 au 8 octobre 2004
Son nom devrait l'année prochaine
nous être plus familier. Maria Riccarda Wesseling interprètera
alors le rôle titre d'
Iphigénie en Tauride que dirigera
Marc Minkowski à l'Opéra National de Paris. La production,
mise en scène par Elisabeth Huppert, s'annonce comme l'un de ces
tours de cartes médiatiques qu'aime à réaliser Gérard
Mortier.
Mais auparavant, Maria Riccarda Wesseling démontre l'étendue
de son répertoire en présentant trois figures d'héroïnes
hændéliennes qui succèdent chez Claves à l'enregistrement
de Wien 1900, un recueil de chansons viennoises pour orchestre signées
Berg, Mahler, Schönberg et Zemlinsky. Sur scène elle interprète
aussi la Didon de Purcell, les travestis de Haendel et Mozart, Rinaldo,
Idamante, Sextus, les suffragettes de Rossini, Rosina, Isabella, Angelica
et plus près de nous, ses rôles favoris, Carmen et Oktavian.
Cet éclectisme s'accompagne d'une exigence dont la rigueur transparaît
à la lecture du livret qui accompagne le disque. La simple virtuosité,
les fioritures gratuites, l'exubérance napolitaine ne sont pas les
qualités qui entraînent la chanteuse sur les rivages de l'opéra
baroque. Elle recherche avant tout des caractères et - elle l'écrit
elle-même - de la chair et du sang.
La découverte de ces trois portraits féminins, Medea dans
Teseo, Dejanira dans Hercules, Zenobia dans Radamisto,
confirme les déclarations précédentes. La voix séduit,
par sa beauté intrinsèque, sa souplesse, sa longueur, sa
noblesse. L'application, la réflexion affleurent derrière
chaque incarnation et à l'intérieur de chacune d'entre elles.
Avec trop de sérieux presque. On aimerait au premier abord que,
de temps à autre, le corsage se dégrafe, qu'une bretelle
tombe, que la jupe se soulevant découvre le mollet. Mais la dame
sait décourager les pensées frivoles et finit à force
d'intégrité par ramener l'auditeur à la raison. Il
convient alors de se recentrer sur l'art du mot et celui du chant pour
en réaliser toute la valeur. Le "Shall I Fly" (plage 14) largement
expliqué dans le livret d'accompagnement, ou le "Son contenta di
morire" (plage 19) sont, à cet égard, exemplaires.
Wolfgang Katschner et la Lautten Compagney Berlin adhèrent totalement
à la démarche, et munis de la même rectitude, servent
avec respect le compositeur, les oeuvres et la cantatrice.
Au fil des écoutes, l'objet prend toute sa mesure. Peu à
peu, l'apparente uniformité cède à un camaïeu
de sons qui, éclairé par les textes, finit par composer un
pur diamant que le mélomane prendra soin de sertir dans cette parure
précieuse qu'il appelle discothèque.
Christophe RIZOUD
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