Hommage à Vincenzo Bellini
A l'occasion du bicentenaire de sa naissance : 1801-2001
Première époque
Les débuts - Les deux premiers opéras : 1801-1826

Acte troisième
[Toujours dans la version originale, la version refaite n'en comporte pas]

Yonel Buldrini

 

Un lugubre pavillon, à peine illuminé par une faible lampe suspendue au milieu.
Dialogue. Adelson est assis au fond, concentré dans ses pensées, il a toutes les décorations et attributs d'un Lord-Juge de canton. Serait-il donc l'offensé et le juge ?... non ! il veut une vengeance plus noble. On commence par introduire Bonifacio, dont le bon sens commente immédiatement ce lieu qui lui semble être " l'antichambre du palais de Pluton " ! Sa bonne humeur et sa logique simple et parfois sarcastique impatientent l'autre, jusqu'au moment où Bonifacio conclut avec l'innocence de Nelly et de Salvini. Le coupable est autre, un certain " Milord... " Adelson s'étonne : " Un Lord ? -Non, Lordissimo. " fait l'impayable Bonifacio, avant de révéler qu'il s'agit d'Adelson, lui-même !
Duetto Adelson-Bonifacio. a) première partie : Bonifacio, à force de comparaisons et de métaphores (!) fait prendre conscience à Lord Adelson qu'il a mis " la mèche près de l'incendie " : Salvini, vivant près de Nelly... Musicalement, Bellini réussit un contraste intéressant entre la partie musicale de Bonifacio en notes rebattues, typiques de l'opéra bouffe, et les tirades sérieuses de Lord Adelson. Ce contraste s'accentue dans la Stretta [b)], où la décision d'Adelson et sa menace envers Bonifacio s'expriment en nottes " serrées ", typiques des Strette, tandis que la crainte de Bonifacio est fort bien rendue par un savoureux crescendo mi-dérisoire, mi-sérieux.
Dialogue. Le " Lordissimo " renvoie Bonifacio, le laissant finalement libre, mais avec la consigne de tenir sa langue. Pour l'instant, il tente de résister à l'émotion de voir un Salvini à l'aspect lamentable, entrer comme une ombre, suivi des officiers de justice et du choeur de serviteurs. Salvini a beau montrer à son ami la fausse lettre adressée à Struley, Lord Adelson le tient pour responsable de l'enlèvement de Nelly. Quant au coup de feu, il fut tiré par le colonnello contre Salvini qui l'a évité... mais dut faire face au poignard de Geronio. Struley l'accusa alors d'avoir tué Nelly !... Fou de douleur, Salvini courut chercher la mort et c'est à ce moment qu'il fut arrêté par les hommes de Lord Adelson. Ce dernier demeure inflexible et l'abandonne à son sort de traître....
Scena ed Aria Salvini. Dans une Scena très dramatique, Lord Adelson déclare être en possession de la dépouille de Nelly et vouloir la mettre en présence de Salvini, qui se révèle éperdu de douleur à cette idée... Le cor anglais introduit longuement son air mélancolique... Il mourra mais conservera, défunt, sa flamme ardente pour elle ! le choeur et Adelson réalisent la force d'un amour si fort et si désespéré ! L'air, fort beau, ne méritait pas d'avoir été écarté de la seconde version.
Dialogue. Un geste de Lord Adelson fait lever des rideaux au fond, dévoilant madama Rivers, Fanny et les paysannes couronnant une Nelly bien vivante ! Celle-ci raconte comment le manteau de Struley l'a protégée du coup porté par Salvini à son oncle. D'ailleurs, celui-ci et son homme de main Geronio furent rejoints et placés sous bonne garde. Lord Adelson pardonne à Salvini, maintenant que Nelly, malgré elle, a servi à sa " generosa vendetta " ! On entend une voix au loin : c'est Bonifacio qui accourt et fait une belle fête à Nelly, quant à Salvini, Adelson l'invite à retourner en Italie avec une belle rente le mettant à l'abri du besoin.
Finale III°. Il commence par plusieurs couplets dans lesquels les personnages principaux tirent chacun sa leçon, puis tous se lancent dans un ensemble joyeux vraiment " standard " et impersonnel : on est loin, musicalement, de l'air de Salvini !


On peut dire, en guise de commentaire final sur les deux versions, que la seconde est plus réussie, plus resserrée, mais sans apporter de musique nouvelle majeure. On regrettera, au contraire, l'abandon du bel air de Salvini au troisième acte, et l'affadissement du savoureux Duetto original Lord Adelson-Bonifacio, en Duetto Nelly-Bonifacio.


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