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Yvonne, princesse de Bourgogne : l’avis de la presse internationale

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11 mars 2009

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Après Melancholia de Georg Friedrich Hass la saison dernière, l’Opéra de Paris a cette année fait appel au compositeur belge Philipe Boesmans pour présenter son nouvel opéra Yvonne, princesse de Bourgogne. Une création d’opéra constitue toujours un événement dans le milieu lyrique, mais qu’en a pensé la presse étrangère ?

Mireille Delunsch (La Reine Marguerite) dans Yvonne, Princesse de Bourgogne
Yvonne est un reflet de la société, « une société de cour qui perd son équilibre après le mariage du prince avec la repoussante Yvonne » et cette « incursion de l’Etranger suscite diverse réactions : tolérance, hypocrisie, sarcasme, dégoût et haine ».

Chaque journaliste décèle une référence lyrique ou littéraire dans l’œuvre de Boesmans : pour Marco Emanuele du Giornale della musica, « Yvonne est une nouvelle Muette de Portici, une Cendrillon inversée » ce que reprend l’article du Deutschlanfunk : « Le nouveau travail de Bondy et Boesmans est une allusion à La Muette de Portici d’Auber et à d’autres opéras populaires où le personnage principal ne chante pas pour des raisons bien précises de dramaturgie. » Quant à Olga Grimm-Weissert du journal autrichien Der Standard, « le soir de la première, le côté grotesque de l’œuvre [l’] a fait penser à Ubu roi de Jarry ».

 

Si le livret, inspiré d’une pièce de Witold Gombrowicz fait appel à des œuvres du passé, la musique n’est pas en reste : « Le recours à la tradition (Mahler, Korngold et Schreker) répond à un souci dramaturgique : c’est la musique de l’hypocrisie généralisée, des conventions, des faux sentiments, des choses feintes et c’est justement dans cette musique au timbre très français et fondé sur un thème presque wagnérien que baigne la muette Yvonne » ; il y a aussi cet « air incroyable dans le pur style de Massenet ou Charpentier » chanté par Mireille Delunsch. Pour autant, la musique de Boesmans suscite une certaine réserve : la musique serait « trop belle et conciliante » pour un tel sujet ; pour la journaliste du Standard, « Luc Bondy sauve par sa mise en scène l’œuvre commandée au compositeur belge Philippe Boesmans. […] La création d’Yvonne, princesse de Bourgogne à l’Opéra Garnier est avant tout un luxueux régal pour les yeux. […] Yvonne est conçue comme une parodie d’opéra surréaliste dont les atouts visuels compensent certaines faiblesses de la musique et du livret. »

Cependant, le personnage complexe d’Yvonne est analysé de façon assez consensuelle : « Yvonne, laide et simple d’esprit, sert de catalyseur à la cour en éveillant dégoût et haine », « elle incarne en tous points l’opposé de l’idéal classique : c’est une repoussante lourdaude qui sait à peine articuler », c’est « une Cendrillon inversée, handicapée, laide et autiste ». La comédienne allemande, Dörte Lyssewski, interprète « la malheureuse Yvonne comme une poupée de chiffon qui communiquerait par geste ». Et la journaliste du Standard d’ajouter : « Seulement, elle en fait un peu trop dans la mesure où elle ne parvient à susciter ni pitié ni dégoût. »

 

Les mots ne sont pas assez forts pour décrire l’atmosphère qui règne à la cour de ce royaume de Bourgogne : « Tout respire le sadisme », les faits et gestes du prince Philippe font naître « la plus grande inquiétude », même si Frieder Reininhaus du Deutschlandfunk estime que l’adaptation du duo Bondy/ Boesmans « évite l’effroi le plus terrifiant présent dans la pièce de Gombrowicz ».

 

C’est la distribution qui réunit le plus de suffrages, car les artistes de la production sont unanimement appréciés : « Yann Beuron séduit avec sa belle voix de ténor capable de sons mélancoliques tout en retenue », pour le Giornale della musica, il fait preuve d’un « lyrisme et d’une subtilité remarquables » ; quant à Mireille Delunsch, elle « brille » littéralement dans son rôle de reine. Sylvain Cambreling de son côté « rend bien le caractère grinçant de cette musique » et « fait ressortir avec délice les passages straussiens et les allusions à l’ancienne musique de cour française ».

 

La morale de l’histoire vient peut-être du journaliste du Deutschlanfunk : « Qui ne sait pas gérer sa voracité est puni par les arêtes ». On rejoint ainsi le thème de la punition si cher à Gombrowicz.

 

 

Anne Le Nabour.

 

   

 

« Die Ängste des Adels » par Frieder Reininghaus, Deutschlanfunk, 25 janvier 2009

« Wohlklangsfetzen für ein entblβöstes Mädchen », par Olga Grimm-Weissert, Der Standard, 26 janvier 2009

« Yvonne, Cinderella in reverse », par Marco Emanuele, Giornale della musica, 24 janvier 2009

 

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