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16 octobre 1783 : À la Reine

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16 octobre 2023
La Didon de Piccinni a 240 ans !

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Nul besoin de rappeler combien l’Enéide de Virgile a pu influence et inspirer poètes et compositeurs à travers les âges, de Purcell à Berlioz en passant par Niccolò Piccinni, dont l’adaptation – écrite par Jean-François Marmontel –  est créée le 16 octobre 1783 au château de Fontainebleau, en présence du roi Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette. Le compositeur avait d’ailleurs déjà consacré à la reine légendaire de Carthage un opera seria en 1770, sur un livret de Métastase, Didone abbandonata.

Niccolò Piccini par Robineau Photo : Claude Germain

Quelques années avant cette nouvelle Didon française, le Pugliese Piccinni (il était né à Bari en 1728) avait accepté l’invitation de la Cour de France pour devenir le professeur de chant de la toute jeune reine, après avoir acquis une solide réputation à Rome, où sa gloire néanmoins, commençait à baisser. Il était également devenu directeur du Théâtre-Italien et avait remporté un succès très significatif avec son Roland, créé en 1778. C’est dans ce cadre qu’avait surgie la fameuse querelle avec Gluck sur la réforme de l’opéra, qui divisera le monde de la culture en deux camps pour ainsi ire irréconciliables, gluckistes et piccinnistes, ce qui avait également beaucoup fait pour la renommée du compositeur, dont le nom n’a cependant pas vraiment aussi bien résisté que celui de Gluck au fronton du panthéon musical.

Jean-François Marmontel, par Roslin

Mais ce 16 octobre 1783, c’est bien devant les souverains que Piccinni présente sa nouvelle tragédie lyrique, Didon. L’oeuvre est d’ailleurs centrée sur le personnage de la reine de Carthage, à tel point que bien des années plus tard, dans son Catalogue historique, chronologique et anecdotique pour la Bibliothèque du Théâtre national de l’Opéra paru en 1878, Théodore de Lajarte écrira : « Didon fut le plus grand succès de l’œuvre de Piccinni. Malheureusement , comme conception dramatique , la pièce a le défaut, que nos contemporains n’ont pas toujours évité, de ne posséder qu’un véritable rôle, celui de la reine de Carthage. Mademoiselle Saint-Huberty, du reste, le créa d’une façon supérieure ; les louanges les plus dithyrambiques lui furent adressées, à cette occasion ».

Ce succès se répétera à Paris, où la partition sera créée quelques semaines plus tard, et ne quittera pas l’affiche pendant plus de 40 ans.

Marie-Antoinette par E. Vigée-Lebrun

Cette Didon est dédiée à la reine Marie-Antoinette par son professeur de chant, dans les termes que voici, et qui figurent en tête de la partition : « Madame, le jour même où j’appris que Votre Majesté daignait m’assurer pour la vie la jouissance de ses bienfaits (ndr : le roi venait de lui accorder une pension), je fis le voeu de réunir toutes mes forces pour composer, s’il m’était possible, un ouvrage digne de lui être offert et consacré par la reconnaissance. Ce sentiment, qui quelquefois nous tient lieu de génie, m’a inspiré l’opéra de Didon ; et dès que Votre Majesté a bien voulu en agréer l’hommage, mon voeu est accompli. Puisse le reste d’une vie dont je dois le repos à Votre Majesté, être employé à ses amusements avec autant de succès que de zèle. Je suis, avec le plus profond respect, de Votre Majesté, le très humble, très obéissant et très dévoué serviteur. Piccini. »

Hélas pour Piccinni, sa pension allait être annulée avec la Révolution et ce zèle ne sera pas oublié puisqu’il connaitra la prison quelques temps. Il pourra heureusement fuir à Naples juste avant qu’un autre zélé ne pense à son tour à le mettre sur une funeste charrette. Il reviendra à Paris plus de quinze ans plus tard et retrouvera les honneurs avec Bonaparte, qui appréciait le compositeur. Il mourra peu après, en 1800, d’une mauvaise chute et est enterré au cimetière de Passy.

Antoinette de Saint-Huberty, créatrice de Didon, par E. Vigée-Lebrun

Il existe un enregistrement de cette oeuvre si célèbre en son temps. mais puisqu’il est question de tragédie lyrique, c’est vers une tragédienne que nous connaissons bien que nous proposons de nous tourner. Véronique Gens a en effet consacré trois albums à ces héroïnes si marquantes dans l’histoire de l’Opéra aux côtés des Talents lyriques de Christophe Rousset, et la Didon de Piccinni y tient sa place !

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