Forum Opéra
LE MAGAZINE DE L'OPÉRA ET DU MONDE LYRIQUE

 

Les brèves... 




Mars
2005

 

31/03/05

Le duc d'Albe enfin à Paris

Composé dans les années 1840 pour l'Opéra de Paris par un Donizetti au faîte de sa gloire, Le Duc d'Albe attendra plus de 40 années avant d'être représenté. Après de multiples aventures, la première aura finalement lieu en 1882, en langue italienne, à Rome en présence de Marguerite de Savoie, de toute l'aristocratie romaine et de nombreux compositeurs parmi lesquels Amilcare Ponchielli. Le succès est immédiat et l'oeuvre aussitôt programmée à Naples, Bergame, Barcelone puis Malte, Turin et Madrid avant de disparaître des scènes lyriques. Il faut ensuite attendre 1951 pour la retrouver toujours à Rome sous la direction de Fernando Previtali. En 1959, Thomas Schippers et Luchino Visconti unissent leurs talents pour proposer une nouvelle version de l'opéra. D'autres théâtres tenteront par la suite l'aventure mais l'opéra posthume de Donizetti ne parviendra jamais à s'imposer au répertoire. La présentation de la version italienne à Paris le 15 avril prochain dans le cadre des Figures Légendaires de Radio France constitue donc un événement. D'autant que la distribution réunie pour l'occasion ne peut laisser indifférent. Aux côtés de Dalibor Jenis et Aquiles Machado et sous la baguette de Enrique Mazzola, on note la présence de Susan Neves dont la Norma vient de conquérir Gènes. Enfin, dernier argument imparable, le concert sera gratuit ce qui, attention, rendra les places d'autant plus chères... (NB : cet Opéra fera l'objet d'un dossier à paraître sur Forum Opéra prochainement !) [CR]

Seiji Ozawa donne le la lyrique

Le maestro japonais Seiji Ozawa offre à son pays sa première compagnie lyrique. Baptisée "Tokyo Opera Nomori", ce qui signifie, parait-il, "Opéra de la forêt de Tokyo", elle consacre sa première saison à Richard Strauss. Elektra forme le plat de consistance de la manifestation aux côtés de la musique de chambre, des lieder et des pièces orchestrales du compositeur viennois. "Mon objectif avec la Tokyo Opera Nomori est de créer une compagnie associant des musiciens japonais et des chanteurs de classe internationale en réalisant des productions au Japon", explique le chef d'orchestre, "Ces productions pourront ensuite être exportées vers d'autres pays et festivals plutôt que ce soit toujours le Japon qui importe des productions venues de l'étranger". D'ailleurs, pour cette première occasion, il fait équipe avec le Maggio musicale qui affichera vraisemblablement l'enfant terrible de Clytemnestre en 2006. L'édition 2005 du festival florentin est consacrée à Tosca, Don Giovanni et Boris Godounov.  [CR]

Bryn Terfel remplacé par Ingrid Bergman

La nouvelle production de Die walküre à Covent Garden ne porte pas chance à Bryn Terfel (lire la brève du 12 janvier dernier). Un mauvais rhume a de nouveau eu raison de son Wotan. L'inconvénient est que, cette fois, la représentation était retransmise en direct par la télévision britannique. Après le premier acte, les producteurs ont donc décidé d'interrompre l'émission et ont diffusé à la place le film Anastasia avec Ingrid Bergman. Jamais Brünnhilde n'a dû paraître aussi belle aux téléspectateurs qui ont pris le programme en cours. Le son, hélas, les a ramené sur terre, loin du Walhalla... Une nouvelle retransmission est prévue le 7 mai. [CR]


26/03/05

Adieu à Theodore Uppman

Avec Theodore Uppman, c'est encore une figure historique de l'opéra qui disparaît. Il fut en 1951 le premier Billy Budd dans l'opéra éponyme de Benjamin Britten. Il participa aussi à la création de Passion of Jonathan Wade de Carlisle Floyd et Black Widow de Thomas Pasatieri. Né à San Jose en Californie, Theodore Uppman étudia à Philadelphie avant de faire ses débuts en 1948 dans le rôle de Pelleas au New York City Opera. Trois ans après, découragé, il quittait la scène pour rejoindre une compagnie de pétrole californienne. C'est alors qu'on lui proposa cette audition pour Billy Budd qui lança véritablement sa carrière. En 1953, il fit ses débuts au Metropolitan Opera en chantant de nouveau Pelleas. Il se produisit ensuite plus de 400 fois sur cette scène. Son répertoire comprenait également Papageno, Arlequin dans Ariane à Naxos et plus surprenant, Piquillo de La Périchole. Il était âgé de 85 ans. [CR]

Croisière sur le Danube avec La Péniche Opéra

En attendant le printemps de la Mélodie du 2 au 8 juin, La Péniche Opéra nous invite à naviguer en Europe de l'Est. Les 11 et 18 avril prochains, les fastes de l'empire Austro-hongrois seront évoqués à travers les oeuvres de Strauss, Lehar, Kalman, etc. La soprano Sandrine Eyglier et le ténor Vincent De Rooster accompagnés simplement par un piano et un violon, seront chargés de nous entraîner dans le tourbillon ébouriffant des valses et des czardas. Les gourmands se régaleront auparavant d'un véritable dîner hongrois couronné par un strudel aux cerises et aux amandes. [CR]

Rigoletto s'éclate au Maroc

Opéra Eclaté s'est donné pour objectif d'emmener l'opéra dans les villes où il n'y en a pas. Et dans les pays aussi ! Ainsi, Rigoletto de Giuseppe Verdi sera représenté au Maroc, les 13, 14 et 16 avril à Rabat et le 17 avril à Marrakech. Pour l'occasion, la compagnie française d'Olivier Desbordes s'est associée avec l'orchestre philharmonique du Maroc dont le président Farid Bensaïd agit aussi de son côté pour démocratiser la musique classique. Le choix de l'oeuvre, une des plus populaires du répertoire, s'explique justement par le désir des organisateurs de rendre l'opéra plus accessible. Pour la même raison et au grand dam des puristes, elle sera interprétée en français. L'opération bénéficie du soutien de la Fondation ONA et de l'ambassade de française. Soixante dix musiciens, les choeurs, les solistes, marocains et français, seront réunis sous la direction de Jean-François Verdier, clarinettiste super soliste de l'Opéra National de Paris. L'expérience avait déjà été tentée avec succès il y a 5 ans. 4 000 spectateurs en 3 jours s'étaient déplacés à Rabat pour applaudir La Traviata. Souhaitons que Gilda fasse aussi bien, sinon mieux, que Violetta. [CR]

Les enfants terribles de Rosenthal

Tchaïkovski, Mozart, Wagner, Moussorgski et Verdi au Bolchoï : il n'y a rien d'exceptionnel à cela. Sauf que cette fois, ils n'y sont pas invités en tant que compositeurs d'une oeuvre lyrique mais en tant que protagonistes. Les enfants de Rosenthal, nouvelle production du Bolchoï, retrace le destin de leurs clones créés à l'époque soviétique par un généticien, le docteur Rosenthal. Ce dernier a trahi sa mission en dupliquant des artistes géniaux plutôt que les féroces stakhanovistes que lui avait commandé Staline. Victimes d'un changement politique, nos cinq musiciens finissent par atterrir dans un quartier mal famé de Moscou. Là, Mozart, bedonnant et ébouriffé, tel qu'il est désormais représenté depuis Amadeus, courtise une prostituée Tatiana. Mais le souteneur de la belle, dépité, les empoisonne tous en leur offrant de la vodka assaisonnée de mort aux rats. Seul Mozart en réchappera. Ce livret fantastique, écrit par Vladimir Sorokine, a été mis en musique par Léonid Dessiatnikov. L'argument est évidemment prétexte à de nombreuses citations musicales. L'oeuvre a déclenché une vaste polémique en Russie entre les défenseurs de l'ordre moral et les tenants de la liberté artistique. Certains députés proches du président Poutine n'ont pas apprécié la lourde satire à l'encontre du régime politique russe. Mais finalement, malgré les menaces qui pesaient sur la première, l'accueil a été triomphal. Les auteurs Sorokine et Dessiatnikov ont remercié le public la main sur le coeur tandis que les interprètes croulaient sous les fleurs. Pour une fois que ce n'est pas Mozart qu'on assassine... [CR]

Luciano Pavarotti tient le cou

En pleine tournée d'adieu, Luciano Pavarotti a subi le 9 mars dernier à L'hôpital de Lennox Hill une intervention chirurgicale au cou suite à un problème de décompression des vertèbres arrière. L'opération, qualifiée de routinière par son porte-parole Terri Robson, s'est déroulée avec succès et deux jours après le tenorissimo réintégrait son appartement new-yorkais où, sous la conduite de son manager Leone Magiera, il prépare la reprise de sa tournée d'adieu. Prochaine étape : le 7 avril à Dubaï. [CR]


19/03/05

La saison 2005-2006 de l'Opéra de Montréal

L'Opéra de Montréal (OdM) annonce la production de cinq opéras pour la prochaine saison. Elle débutera avec Norma de Bellini les 17, 21, 24, 26, 29 septembre et 1er octobre dans une production du Metropolitan Opera mise en scène par John Copley avec Bernard Labadie au podium. Hasmik Papian chantera Norma et Antonio Nagore, Polione. Les 5, 9, 12, 14 et 17 novembre, L'Étoile de Chabrier rassemblera, entre autres, Marie-Josée Lord, Michelle Losier et Philippe Adis dans une production du Glimmerglass Opera mise en scène par Mark Lamos ; l'orchestre sera dirigée par Jean-Marie Zeitouni. Un spectacle Stravinsky en deux volets sera présenté les 4, 8, 11, 13 et 16 février 2006 : Oedipus-Rex et Symphonie des Psaumes dans une production de la Canadian Opera Company de Toronto, mise en scène par François Girard. Parmi les chanteurs on y verra Gordon Gietz, David Pittsinger et Denis Sedov et Jacques Lacombe assurera la direction musicale. Bernard Labadie dirigera La Clemenza di Tito de Mozart les 11, 15, 17, 20 et 23 mars, une location du Santa Fe Opera, mise en scène par Chas Raider-Shieber avec, dans les principaux rôles, Anthony Dean-Griffey en Tito, Emma Bell en Vitellia et Monica Groop en Sesto. Finalement les 20, 24, 27, 29 mai et les 1er et 3 juin Aïda terminera la saison avec Susan Paterson dans le rôle titre, Richard Margison en Radames et Nancy Maultsby en Amneris. Il s'agit d'une production déjà vue de l'OdM dans une mise en scène de Brian Deedrick sous la direction musicale de Richard Buckley. L'Orchestre Métropolitain du Grand Montréal sera dans la fosse pour Norma, L'Étoile et Aïda, l'orchestre de l'OdM pour le programme Stravinsky et Les Violons du Roy pour La Clemenza di Tito. [RB]

Rien ne va plus à la Scala !

Depuis le 24 février dernier, les musiciens et le personnel de la Scala ont déclaré la guerre à l'administration du prestigieux théâtre milanais. C'est à cette date en effet que Riccardo Muti (en principe uniquement Directeur Musical) a obtenu le départ forcé du superintendant Carlo Fontana et son remplacement par Mauro Meli, ancien directeur artistique de l'institution. Hélas, malgré une programmation contestable et qui fait pleurer bon nombre des loggionisti de la Scala, Carlo Fontana avait une grande qualité : celle de savoir s'entendre avec le personnel et les syndicats. Résultat, grèves à répétitions (toutes les premières sont menacées) et outrances très latines, Riccardo Muti étant même accusé par l'orchestre de vouloir devenir le dictateur absolu de la Scala (accusations amplement relayées par le metteur en scène Franco Zeffirelli). "J'en rirais si la situation n'était pas si déprimante" a déclaré le maestro en annonçant sa décision de suspendre toute collaboration avec la Scala. A 64 ans, le chef italien a certainement mieux à faire que de se battre avec des musiciens ingrats : tous les théâtres et toutes les salles de concerts du monde seront ravies de pouvoir l'accueillir ! D'ailleurs, le New-York Philarmonic serait toujours à la recherche d'un nouveau directeur musical... [PC]


07/03/05

Disparition de Josef Metternich

Mars débute tristement avec l'annonce du décès de Josef Metternich, l'un des plus célèbres barytons de la moitié du vingtième siècle. Son nom résonne moins familièrement que d'autres à nos jeunes oreilles. Il chanta pourtant durant 35 années sur les plus grandes scènes du monde. Né à Cologne en 1915, il fut en 1953 le premier allemand à se produire dans un opéra italien au Metropolitan de New-York. Parmi les nombreux rôles qu'il interpréta figurent Iago, Alfio, Simone, Pizarro, Escamillo, Figaro (Rossini), il Conte di Luna, Amonasro, etc. Les critiques admiraient sa puissance mais lui reprochaient un certain manque d'imagination et de subtilité. Pour apprécier cette voix vibrante dont le registre aigu aurait pu être celui d'un ténor, on écoutera son enregistrement de Arabella aux côtés d'Elisabeth Schwarzkopf ou celui de Hansel und Gretel dirigé en 1953 par Herbert Von Karajan. Enfin, les plus chanceux d'entre nous se régaleront d'un introuvable "Scintille Diamant" qui est, parait-il, l'un des meilleurs de la discographie. [CR]

Un "Terrassethon" à l'Opéra Comique

Ami des pataphysiciens, il mit en musique les mots de Franc-Nohain, de Courteline et fut choisi par Alfred Jarry pour imaginer la chanson du décervelage d'Ubu. Un tel curriculum vitae aurait dû lui assurer sinon l'immortalité du moins une certaine renommée. Pourtant Claude Terrasse demeure inconnu du grand public. Né en 1867, mort en 1923, avec "Les travaux d'Hercule" ou "Le Sire de Vergy", il s'inscrit dans la truculente tradition de l'opéra bouffe français. La Péniche Opéra, l'Opéra Comique et l'orchestre Ostinato lui consacrent une soirée entière le 14 mars. Les festivités débuteront à 18 heures par un apéritif concert dans le foyer de la Salle Favart à Paris puis se poursuivront à 20 heures par la représentation de deux oeuvres en acte : un opéra-comique "La Farce du Poirier" (1916) et une opérette bouffe "La botte secrète" (1903). Ceux qui auparavant désirent mieux faire sa connaissance s'empresseront d'aller faire un tour sur son site officiel (www.claudeterrasse.net). [CR]

Rolando Villazon couronné par Placido Domingo

"Il n'est pas si fréquent de rencontrer un artiste de grande qualité et encore moins un ténor ! ". Placido Domingo a des trémolos dans la voix quand il évoque son jeune collègue mexicain Rolando Villazón. "C'est pour cela que ce fut une immense surprise de l'écouter interpréter Fedora à Mexico. Je savais déjà qu'une étoile était en train de naître". Pour corroborer ce discours, il vient de lui remettre le prix Placido Domingo qui distingue chaque année les hispaniques qui contribuent à la promotion de l'opéra dans la ville de Los Angeles. Rouge de confusion, Rolando Villazón lui a aussitôt rendu la monnaie de sa pièce : "Ma carrière s'est édifiée à travers la réalisation de mes rêves. Et l'un d'entre eux fut d'écouter quand j'avais 12 ans la voix de Placido Domingo. Depuis lors j'ai voulu le connaître et cela s'est réalisé ; ensuite j'ai désiré chanter avec lui, ce qui m'a été aussi donné ; jusqu'à gagner le prix Operalia, qui m'a ouvert le chemin pour lequel j'étais fait ". Mais le ténor ne veut pas pour autant nous faire croire aux contes de fées : "Nous pouvons réaliser nos rêves, nous pouvons obtenir ce que nous voulons. Mais il est aussi certain qu'une carrière se construit avec beaucoup de travail et beaucoup de discipline... ". [CR]


Theodore Uppman
Brèves du 26/03/05

Franco Zeffirelli
Brèves du 19/03/05

Rolando Villazon
Brèves du 07/03/05

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