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Gioachino ROSSINI

MOISE ET PHARAON

Livret de Luigi Ballocchi et Etienne de Jouy 

Décors : Gianni Quaranta 
Costumes : Carlo Diappi 
Mise en scène : Luca Ronconi 
Chorégraphie : Micha van Hoecke 
Eclairages : Albert Faura 

Moïse : Ildar Abdrazakov 
Pharaon : Erwin Schrott 
Aménophis : Giuseppe Filianoti 
Eliézer : Tomislav Muzek 
Osiride : Giorgio Giuseppini 
Aufide : Antonello Ceron 
Anaï : Barbara Frittoli 
Marie : Nino Surguladze 
Sinaïde : Sonia Ganassi 
Une voix mystérieuse : Maurizio Muraro 

Danseurs solistes : Luciana Savignano (Isis),
Roberto Bolle (Moïse) et Desmond Richardson (Pharaon) 

Choeurs et orchestre du Teatro alla Scala 
Direction : Riccardo Muti 

Milan, Teatro degli Arcimboldi, le 21 décembre 2003

2 DVD TDK DVWW-OPMEP
Livret en anglais, allemand, français.
Sous-titres en français, anglais, allemand, italien.
Zones : 0. Durée : 181 minutes. 


Le testament du Muti

Ce DVD est une véritable perle rare : un opéra redécouvert, une bonne distribution, un chef inspiré et une mise en scène superbe, il y a de quoi vous réconcilier avec la vie (et avec l'industrie du disque) !

Nous avions chroniqué en son temps ce spectacle qui a fait l'ouverture de la saison 2003-2004 de la Scala de Milan : disons tout de suite que sa captation vidéo n'apporte que du "plus", en particulier en ce qui concerne la prise de son car l'acoustique du Teatro degli Arcimboldi est relativement médiocre.

Ildar Abdrazakov, en particulier, y gagne par rapport à la scène : son Moïse est plus imposant et la diction française est correcte. A l'inverse, Erwin Shrott y perd en autorité : sa voix était imposante dans la salle et faisait oublier un certain nombre de défauts qui transparaissent ici, en particulier une articulation défaillante.

Sonia Ganassi est une version "légère" de Sinaïde qui ne peut faire oublier la somptueuse Shirley Verrett à ceux qui ont eu la chance de l'entendre à Paris dans cette même production. Ni la voix ni le personnage ne caractérisent de manière totalement satisfaisante la femme du Pharaon. En revanche, elle est techniquement impeccable enchaînant de belles variations mais pêchant par un manque de puissance de le suraigu.

Barbara Frittoli est une très belle Anaï, plus émouvante captée de près qu'à la scène, et son chant est sans réserve.

Giuseppe Filianoti est la star de cet enregistrement : vaillance, puissance, aisance dans le suraigu, le tout lié à une ligne de chant parfaite ; il faut espérer qu'il revienne rapidement à ce répertoire au lieu de perdre son temps dans des Rondine telle celle qu'il a offerte récemment au public du Châtelet : c'est vraiment du gâchis !

Avec une telle prise de son, la direction de Riccardo Muti gagne en lisibilité et n'appelle aucune réserve tant stylistique que technique : sur ce dernier point, on admirera au passage la maîtrise des crescendos exécutés avec un parfait contrôle de l'accelerando.

Avec un tel maître, il n'est pas de musique indigne, pas même celle, moins inspirée, du ballet, de rigueur dans ce type d'ouvrage. La chorégraphie de Micha van Hoecke gagne à une seconde vision, le propos étant plus clair (un rituel de résurrection au cours duquel s'affrontent les deux religions symbolisées par Moïse et par Pharaon). Quant aux danseurs, ils sont en tous points excellents.

La mise en scène un peu statique de Ronconi est habilement rehaussée par un découpage nerveux, basé sur des plans rapprochés des interprètes au détriment des plans d'ensemble (l'immersion finale des Egyptiens y perd en spectaculaire). 

Techniquement, l'image semble un peu surexposée car les couleurs manquent de vivacité ; quelques décalages entre les mouvements des lèvres et le son produisent un léger sentiment de distanciation. Malgré ces quelques réserves, un DVD à acquérir d'urgence.
 
 
 

Placido CARREROTTI 


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