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5 questions à Michael Bennett

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Interview
17 septembre 2003

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Vos débuts en France ont fait sensation en 98 : vous incarniez, à Aix-en-Provence, une magnifique Madwoman dans Curlew River de Britten. Pouvez-vous nous parler de cette production, que vous chantez d’ailleurs encore, et de cette prise de rôle qui vous a révélé ?

C’est vrai qu’il y a eu un Michael Bennett “avant” et un Michael Bennett “après” Curlew River. C’est un souvenir magnifique. Pourtant, au début, nous n’étions sûrs de rien. Nous étions une équipe internationale de jeunes chanteurs, c’était la première année de l’Académie européenne de musique et la première édition du “nouveau” Festival d’Aix de Stéphane Lissner… Le travail avec le metteur en scène Yoshi Oida m’a beaucoup apporté, car la totalité du corps est prise en compte dans l’expression scénique. J’ai ainsi pleinement réalisé que la voix marche avec tout le corps et parfois, lorsque les choses ne marchent pas comme je voudrais, je me rends compte que ça ne vient pas forcément de la voix elle-même, mais de la relation entre le corps et la voix.

Votre voix convient particulièrement bien à Britten et vous semblez très sensible à son univers. Avez-vous abordé d’autres œuvres de ce compositeur ? Souhaitez-vous interpréter les “grands” rôles comme Peter Grimes, Quint ou le Capitaine Vere ?

J’ai toujours aimé Britten. Je le chantais lorsque j’étais à la Maîtrise de l’Abbaye de Westminster, quand j’étais étudiant au conservatoire, j’ai également interprété le rôle de Lysandre dans Le Songe d’une nuit d’été, la Sérénade pour ténor, cor solo et cordes ainsi que des mélodies avec guitare. Maintenant j’ai très envie de chanter Quint à nouveau, j’adore ce rôle. Peter Grimes, j’aimerais beaucoup, mais, même si ma voix s’est un peu “épaissie” depuis Curlew River à Aix, c’est peut-être encore trop tôt (mais c’est un rêve !). Le Capitaine Vere serait peut-être plus “abordable” pour l’instant.

Votre répertoire favorise beaucoup la musique du XX° siècle et la musique contemporaine. Vous chantez d’ailleurs le rôle-titre de l’opéra de Param Vir, Ion, dont la création mondiale a lieu ce mois-ci à Strasbourg. Pouvez-vous nous parler de cet ouvrage et de cette figure ?

Si j’étais vraiment honnête, je dirais que la musique contemporaine n’est pas ce que je préfère, mais j’estime que c’est mon devoir de chanter la musique de notre temps. C’est important que la tradition continue et que les compositeurs d’aujourd’hui sachent que des artistes sont là pour jouer leur musique. J’ai déjà chanté deux opéras de Param Vir : Broken Strings et Snatched by the Gods, et ce fut une vraie révélation. Certes, c’est une musique difficile, mais si lyrique par moments, notamment pour les voix, c’est rare, aujourd’hui, dans la musique atonale… Quant au personnage de Ion, il s’agit d’un jeune homme, gardien du sanctuaire d’Apollon, qui ne connaît pas ses parents et va découvrir en Créüse, reine d’Athènes, sa mère. Celle-ci va retrouver en lui ce fils qu’elle avait abandonné, car il était le fruit du viol d’Apollon. Durant une grande partie de l’ouvrage, Ion et Créüse se haïssent et ignorent ce qui les unit, et c’est la Pythie, montrant le berceau de Ion, qui va leur permettre de se retrouver et de s’accepter l’un l’autre. C’est une histoire très touchante.

Votre répertoire couvre également la musique baroque (vous avez notamment chanté dans L’incoronazione di Poppea sous la direction de Mark Minkowski). Comment passez-vous d’un répertoire à l’autre ?

Cela dépend des rôles. Pour Hylus dans Hercules de Haendel ou Mercure dans L’incoronazione di Poppea, je prends une voix plus légère avec davantage de résonances de tête, mais Néron par exemple, lorsqu’il est chanté par un ténor, réclame un engagement vocal plus intense. Il est en fait difficile de chanter le répertoire baroque et la musique contemporaine en même temps ou à peu de distance, c’est pourquoi je me réserve toujours une marge lorsque je dois passer d’un univers à l’autre.

Votre carrière va-t-elle se poursuivre entre baroque et contemporain ? Y-a-t-il d’autres époques ou d’autres styles que vous aimeriez aborder ?

J’ai chanté Don Ottavio dans Don Giovanni, des rôles de caractère dans des opéras de Verdi (Dr Caius dans Falstaff, par exemple) ou bien encore Nemorino de L’Elisir d’amore, j’ai aimé cela, mais je sentais que je n’étais pas vraiment à l’aise. Malgré tout, Idomeneo me tenterait bien, mais pas maintenant, dans 10 ou 15 ans peut-être !
 

Pierre-Emmanuel Lephay
 

Ion
Opéra en quatre tableaux et un prologue de Param Vir
Livret de David Lan d’après Euripide
Création mondiale

Direction musicale : Michael Rafferty
Mise en scène : Michael Mc Carthy
avec Michael Bennett, Rita Cullis, Graeme Danby/Martin Robson,…
Orchestre symphonique de Mulhouse

à Strabsourg : 19, 21, 23 et 25 septembre à 20 h (renseignements :
03-88-75-48-23)
à Colmar : 1° octobre à 20 h (renseignements : 03-89-20-29-01)
à Mulhouse : 5 et 7 octobre à 20 h (renseignements : 03-89-36-28-28)

voir aussi le site de l’Opéra du Rhin

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