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5 questions à Ivor Bolton

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Interview
28 juin 2010

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Régulièrement invité au Festival de Salzbourg, le chef d’orchestre Ivor Bolton prend cette année ses quartiers d’été à Aix-en-Provence où il dirige du 2 au 13 juillet Alceste de Gluck mise en scène par Christopher Loy et interprétée par Véronique Gens. L’occasion de faire le point sur un événement et sur une œuvre à la « beauté simple ».

 

 

Diriger Alceste au Festival d’Aix-en-Provence, est-ce un rêve ou une opportunité à ne pas laisser passer ?

 

Les deux. Je suis enchanté de participer au Festival d’Aix-en-Provence car il s’agit d’une manifestation merveilleuse et prestigieuse. C’est même, selon moi, avec Salzbourg – et d’une certaine manière, Bayreuth – un des festivals les plus importants de l’été. Rien que pour cette raison, n’importe quel artiste ou presque serait ravi d’y figurer.

 

La version d’Alceste qui sera présentée au Festival d’Aix-en-Provence est la version parisienne, créée en 1776 et considérée comme supérieure à la version italienne originale, créée à Vienne en 17671. Partagez-vous cette opinion ?

 

Tout à fait. Nous avons évidemment discuté du choix de la version quand nous avons programmé cette production et, sur un terrain dramatique et musical, j’ai le sentiment profond que la version française est plus dense, en particulier dans sa focalisation sur les deux protagonistes, Alceste et Admete. Des rôles comme celui d’Evandre ont été réduits dans la version française – et je pense que c’est une bonne chose – tandis que les interventions du chœur, si important comme souvent chez Gluck, ont gagné en noblesse.

 

Il a souvent été dit que Gluck et son librettiste, Calzabigi, avaient sacrifié l’action d’Alceste aux impératifs de leur réforme. Comment dans ces conditions maintenir l’intérêt des spectateurs ?

 

Je ne pense pas qu’ils aient « sacrifié » l’action. La pièce est pleine de coups de théâtre, la voix de l’oracle par exemple – dont s’est clairement inspiré Mozart pour l’apparition du Commandeur dans Don Giovanni  – ou l’arrivée irrésistible d’Hercule à l’acte III. Pleine d’entrain et de vigueur ! Mais pour moi, plus que ces détails assez superficiels, ce qui me semble important, c’est le drame psychologique qui se joue entre Alceste et Admete, particulièrement à l’acte 2, quand Admete cherche à découvrir peu à peu l’étendue du sacrifice terrible qu’a fait Alceste. Idem pour l’évolution du personnage d’Alceste, de l’auto sacrifice confiant et stoïque à la révélation de sa fragilité humaine quand elle est confrontée aux Dieux infernaux à l’acte 3. Je pense que l’intérêt des spectateurs est grandement stimulé par tout cela ainsi que par la fabuleuse panoplie de couleurs orchestrales, par certains effets spectaculaires à l’occasion et évidemment par la musique qui est vraiment géniale et profonde.

 

Vous avez déjà collaboré plusieurs fois avec Christof Loy qui met en scène cette Alceste d’Aix-en-Provence. Comment travaillez-vous ensemble ?

 

Je crois que c’est notre septième production. Christophe Loy est un metteur en scène merveilleux, posé, très concentré, avec un profond respect de la partition. Il appréhende l’œuvre comme un tout musical, contrairement à certains metteurs en scène qui prennent seulement le squelette du drame et tordent la partition autour. Il ne commence son travail qu’après avoir pris en compte la conception du compositeur. Bien sûr, nous discutons beaucoup de l’ouvrage avant le début des répétitions et il m’arrive quelquefois de lui jouer la totalité de la partition au piano afin qu’il connaisse exactement mon approche musicale. Il sait aussi impliquer les chœurs. L’année dernière dans notre production de Theodora au Festival de Salzbourg il a littéralement électrifié une petite formation (the Salzburger Bachchor) qui au départ n’était pas un chœur d’opéra et qui a donné une performance dramatique exceptionnelle, l’une des meilleures que je n’ai jamais entendue.

 

Vous venez de diriger Medea in Corinto de Giovanni Simone Mayr au Bayerische Staatsoper. Pensez-vous qu’il s’agisse d’un chef d’oeuvre à redécouvrir ?

 

Oui assurément. J’ai beaucoup fait pression pour diriger cette œuvre fantastique. Représentée pour la première fois à la cours du Prince Murat à Naples, elle est devenue l’un des opéras les plus fameux de son temps. L’élégance mozartienne, des finales dans le style de Rossini et l’ampleur de la tragédie façon Gluck sont réunis ici par un compositeur dont le sens de la couleur orchestrale est fascinant.

  

 

Propos recueillis et traduits par Christophe Rizoud

 

1 Pour en savoir plus sur les deux versions d’Alceste, nous vous recommandons la lecture du numéro n°256 de l’Avant-Scène Opéra  

© Christian Schneider

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