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Cinq questions à Christiane Karg

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Interview
22 août 2016

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Elle a été Aricie à Glyndebourne, Blanche de la Force à Munich, Sophie du Chevalier à la rose à Milan, et elle sera Suzanne des Noces de Figaro à Amsterdam à partir du 6 septembre. Pourtant, le public français a jusqu’ici eu très peu d’occasions d’applaudir Christiane Karg, surtout en scène. La soprano allemande a répondu à nos questions durant l’entracte de son récital au festival de Bad Kissingen.


Pourquoi vous voit-on si peu en France ?

Le seul opéra que j’ai interprété sur une scène française est The Rake’s Progress à Lille, en 2011. J’ai chanté dans un Rosenkavalier au Théâtre des Champs-Elysées en 2014, mais c’était une version de concert, et j’avais été appelée pour un remplacement de dernière minute. L’an prochain, je vais chanter plusieurs fois à Paris, mais toujours en concert, et il y aura notamment Ginevra dans Ariodante en mai. Le problème, je crois, c’est que les salles parisiennes établissent leurs distributions assez tard. J’aimerais beaucoup revenir à Lille, mais nous n’arrivons pas à faire coïncider leurs projets avec mon agenda. En fait, je chante assez peu sur les scènes, car je ne participe en moyenne qu’à trois productions scéniques par an. C’est parce que je mélange scène et récitals, parce que je fais des choses très différentes que je trouve la volonté de continuer, car si je ne faisais que de l’opéra, je m’ennuierais au bout de deux semaines.

Si vous aviez le choix, dans quel rôle aimeriez-vous que le public parisien vous découvre en scène?

Je pense qu’à l’heure qu’il est, le personnage que je préfère entre tous est Mélisande, que j’ai chantée en 2012 à Francfort, dans une formidable production signée Claus Guth, et également à Hambourg l’an dernier. J’ai travaillé très dur pour ce Pelléas, comme pour Dialogues des carmélites cette année. Je dois dire que j’ai un excellent coach de langue, donc mon français chanté n’est pas trop mauvais. J’aime beaucoup chanter dans cette langue, et je pense qu’un chanteur étranger s’y habitue très bien dès lorsqu’il la chante souvent. Il faut du temps pour s’y sentir à l’aise : c’est ce qui s’est passé pour Blanche de la Force, mais à la fin des répétitions, j’étais vraiment dans le rôle et j’espère l’avoir bien interprété.

D’autres rôles français en vue ?

J’aurais dû chanter Micaëla, mais je n’ai pas pu, pour des questions d’agenda, là encore. Le personnage n’est pas aussi riche que Mélisande, bien sûr, mais la musique est superbe et ce rôle me permettrait d’aborder un répertoire différent, un peu plus lourd. Et même s’il n’y a absolument rien de prévu en ce sens, j’aimerais énormément interpréter un jour Iphigénie en Aulide, dont j’ai enregistré l’adieu dans mon disque Amoretti. Et refaire du baroque français, après Hippolyte et Aricie, me plairait beaucoup, mais je pense que William Christie ne ferait pas forcément appel à moi pour la musique française.

Beaucoup de gens vous ont découvert en diable écarlate et cornu dans Die Schuldigkeit des ersten Gebots de Mozart, que vous interprétiez à Salzbourg en 2006. Vous impose-t-on souvent des choses bizarres en scène ?

C’est vrai, les metteurs en scène nous font souvent faire toutes sortes de choses étranges. Dans La finta giardiniera à Glyndebourne, j’ai même eu un accident pendant une des représentations. Comme je chante en ce moment à Milan, je regrette beaucoup de ne pas pouvoir aller voir mon amie Paula Murrihy qui est Carmen à Francfort dans une mise en scène de Barrie Kosky, très différente de ce qu’on voit partout. Il y a des gens qui huent, mais c’est un spectacle passionnant. Et après tout, c’est ce qui rend l’opéra intéressant : quand on doit se battre pour accepter quelque chose de complètement nouveau, c’est un défi, mais c’est alors que l’art donne parfois ses meilleurs résultats.

Vos projets, à la scène ou au disque ?

L’intégrale des Noces de Figaro enregistrée l’an dernier à Baden-Baden avec Yannick Nézet-Séguin vient de sortir. Un chanteur ne peut jamais savoir comment sa voix va évoluer, mais je prévois de renoncer au personnage de Suzanne d’ici quelques années pour aborder la Comtesse. A terme, j’espère chanter Fiordiligi, vers laquelle je m’oriente peu à peu. Si tout va bien, quand cette interview paraîtra, j’aurai enregistré en juillet un nouveau disque entièrement consacré aux grands poètes français, avec des textes que j’adore et pour lesquels j’ai trouvé quelques versions peu connues car, comme vous le savez, si vous n’allez pas chercher des raretés, vous ne pouvez plus faire de disque. Il y a quatre ou cinq ans, j’ai enregistré un beau programme baroque avec le regretté Alan Curtis, mais curieusement le disque n’est toujours pas sorti. En concert, je chanterai cette saison les Quatre Derniers Lieder, et je prépare un nouveau programme de récital, sur le thème des contes, avec du Mahler, du Pfitzner, du Schumann et du Schubert, que je chanterai notamment au Musikverein de Vienne. Et comme je vois mon agent la semaine prochaine, je pourrai lui dire que j’aimerais bien chanter un jour en France, par exemple à Aix-en-Provence…

Propos recueillis le 25 juin 2016

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