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Cinq questions à Julien Caron

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Interview
19 août 2013

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Lorsque l’on parle d’un « jeune directeur » dans le monde de la musique, celui-ci a souvent la quarantaine bien entamée. Julien Caron, qui vient de prendre la direction du Festival de la Chaise-Dieu, a vingt-six ans. Baptême du feu du 21 août au 1er septembre prochains pour la 47e édition d’une manifestation presque deux fois plus âgée que lui et au rayonnement jamais contesté.

 
Comment se retrouve-t-on directeur d’un festival d’été de grande envergure comme La Chaise-Dieu à seulement vingt-six ans ?

Je crois que c’est une succession d’opportunités heureuses, même si cela fait plusieurs années que je me préparais à exercer ce métier de programmateur. J’ai suivi un double cursus entre Sciences Po et le Conservatoire de Paris, pour me former sur les deux tableaux : à la fois savoir administrer et de l’autre côté connaître le répertoire. Par ailleurs, j’ai des racines familiales en Auvergne ; j’étais également bénévole à la Chaise-Dieu depuis quelques années, je m’occupais des surtitrages, de petites choses qui m’ont permises d’apprendre un peu sur le tas. Quand le poste s’est libéré à l’été dernier, je me suis dit « pourquoi pas ? ». Ce que je ne savais pas, c’est que j’avais vingt-sept concurrents…! Finalement, on est passé de vingt-huit à dix, et j’ai été choisi. Très franchement, je ne pensais pas exercer ce métier aussi vite ! Evidemment, mon jeune âge a pu jouer : le public de la Chaise-Dieu peine à se renouveler, le choix d’un directeur jeune est sans doute aussi un signal.

Au quotidien, quel genre de travail cela représente-t-il ?

En réalité j’ai trois casquettes : l’une administrative, l’autre financière et bien sûr celle de la programmation. Si bien que l’on peut passer très rapidement du coq à l’âne ; pour donner un exemple, je visitais il y a quelques jours la chaine de production d’une usine appartenant à notre principal mécène, un fabricant de câbles… Le lendemain, il faut rencontrer un élu, le surlendemain revenir à Paris et discuter d’un projet avec un artiste : il faut à chaque fois adopter des langages différents, un vrai travail de caméléon, c’est passionnant. Je ne suis pas tout seul bien sûr, je m’appuie sur une équipe de six permanents au Puy-en-Velay.

Le rajeunissement – des artistes, du public – est souvent invoqué à torts et à travers, comme une antienne un peu réchauffée. Faut-il rajeunir pour rajeunir ?

La question n’est pas d’évincer les spectateurs les plus âgés pour mettre des jeunes à la place, le « jeunisme » n’est pas la question. Pour autant, je pense que l’on a un retard certain : seulement 16% de notre public a moins de cinquante ans, et seulement 4% a entre vingt-et-un et trente-cinq ans… Cela est dû en partie à notre relatif isolement géographique, mais il y a beaucoup de choses à faire pour attirer une nouvelle génération ! Et puis nous avons une véritable mission à l’échelle régionale : il n’y a pas de vie symphonique permanente en Auvergne. Nous la faisons vivre une partie de l’année, et nous devons la faire connaître au plus grand nombre.

Il y a des artistes, des compositeurs, des époques sur lesquels vous voulez mettre l’accent ?

Je me tourne assez naturellement vers des artistes de la génération qui est la mienne : les jeunes chefs baroques comme Raphaël Pichon et l’ensemble Pygmalion (qui poursuivra son voyage à travers Bach avec la Passion selon Saint Jean), Mathieu Romano et son jeune chœur Aedes, etc. Il y aussi par exemple le violoniste Amaury Coeytaux, qui est le violon solo du Philharmonique de Radio France. Ils ont tous immensément de talent, et puis il est plus simple de partager avec eux, d’élaborer des projets ensemble.
Sur le répertoire, il n’y a pas de préjugés ; nous brassons toutes les époques et tous les styles. Moi, j’ai des préférences évidemment – l’orgue, Bach, la musique française du XXe siècle – mais elles ne rentrent pas vraiment en ligne de compte. Bien sûr, dans une grande abbaye comme la Chaise-Dieu, les oratorios, les messes ont toute leur place, comme Elias de Mendelssohn l’année dernière par exemple. Ou le Requiem de Verdi cette année.

A quoi ressemblera le festival de la Chaise-Dieu selon Julien Caron ?

Notre spécificité finalement, c’est notre caractère généraliste : depuis 1966, la Chaise-Dieu explore toutes les musiques de la Renaissance jusqu’à la création contemporaine,  mais tout ceci dans le cadre d’un grand monument sacré. Pour cet été, nous avons une programmation véritablement à quatre mains entre mon prédécesseur Jean-Michel Mathé et moi ; le chantier s’ouvrira plus en avant pour l’été prochain.
Je crois qu’il faut approfondir le lien entre ce joyau que nous avons entre les mains – l’Abbaye de la Chaise-Dieu – et ce que nous donnons à entendre à notre public. J’aimerais pouvoir proposer des parcours d’écoute, des concerts autour de thématiques fortes, en résonance avec notre patrimoine : que le fait de venir à la Chaise-Dieu devienne véritablement une expérience, pas seulement un concert parmi tous les autres de la saison.
Une autre idée, c’est celle de mettre en valeur des personnalités qui ont un écho dans la région. Rameau par exemple, qui a été actif à Clermont-Ferrand comme organiste notamment ; Chabrier qui est natif d’Ambert (et qui disait faire de la musique « avec des sabots d’Auvergnats » !) ; ou encore Onslow, le Beethoven français, que l’on va essayer de faire redécouvrir avec l’aide du Palazzetto Bru Zane de Venise. Nous avons beaucoup de travail !
 
Propos recueillis par Maximilien Hondermarck
 

47e festival de La Chaise-Dieu, du 21 août au 1er septembre 2013. Plus d’informations sur www.chaise-dieu.com

 
 

 

 

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