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Entretien avec Nestor Bayona, chef assistant de l’Opéra de Marseille

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Actualité
21 janvier 2022
Entretien avec Nestor Bayona, chef assistant de l’Opéra de Marseille

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Assistant la saison dernière de Lawrence Foster à la direction musicale de l’orchestre de l’Opéra de Marseille, Nestor Bayona effectue son retour dans la cité Phocéenne. L’occasion, pour Forum Opéra, de mieux faire connaître ce jeune chef auquel sa réduction d’orchestre de Luisa Miller a valu des éloges unanimes.

Qui êtes-vous, Nestor Bayona ?

Je suis un pianiste et chef d’orchestre espagnol originaire de Lleida, la patrie d’Enrique Granados, à l’ouest de Barcelone. J’ai été chef assistant au Liceu de Barcelone, deux ans à l’Orchestre Symphonique National de la Radio NOSPR et je viens d’être réinvité à l’Opéra de Marseille par Lawrence Forster et Maurice Xiberras. J’ai aussi un lien avec l’Angleterre à cause de mes études où je suis retourné ce mois-ci car j’ai été honoré du titre de Membre Associé du Royal Northern College of Music, présenté par Sir John Tomlinson.

Comment la musique est-elle entrée dans votre vie ?

Très tôt. A la maison, mon père travaillait en musique, et comme il a une personnalité très ouverte, très curieuse, j’ai pu dès ma naissance écouter toutes sortes de musique, Debussy, rock, musique savante, musique populaire, vraiment un éventail très large. Et quand j’ai eu quatre ans ma mère a décidé de me faire donner des leçons de piano, et ça m’a plu.

Mais quand avez-vous pensé vous y consacrer entièrement ?

C’est difficile à dire précisément, même si ce fut assez tôt car mes études au piano marchaient bien. Ce qui est certain, c’est que les émotions que j’éprouvais lors des concerts donnés à Lleida par des musiciens en tournée me donnaient l’envie de vivre comme eux. Je me souviens de soirées avec l’orchestre symphonique de Barcelone dirigé par Lawrence Foster et de ma fascination pour le pouvoir que ses mains avaient de modeler la musique. C’est du reste de telles émotions, comme celle du Wozzeck dirigé au Liceu par Sebastian Weigle, qu’est né mon désir de devenir chef d’orchestre. Et comme j’étais béat d’admiration pour Simon Rattle j’ai tout fait pour suivre un parcours semblable au sien.

C’est-à-dire ?

J’ai cherché à aller en Angleterre ; j’avais dix-sept ans et entre plusieurs institutions j’ai choisi le Royal Northern Collège de Manchester car elle offrait davantage de possibilités pour la direction d’orchestre. Mais une fois obtenu le master, que faire ? Où aller ? J’avais eu comme professeur à Manchester le célèbre pianiste Nelson Goerner, qui enseignait à la Haute École de Musique de Genève. Il m’avait proposé d’y aller, j’ai donc passé les épreuves et m’y suis installé. Mais l’envie de diriger était toujours là, de plus en plus forte. C’est ainsi que je suis devenu l’élève de Laurent Gay, qui a aussi enseigné Domingo Hindoyan et Michele Spotti dans sa classe de direction d’orchestre. Et ainsi j’ai pu assister Ingo Metzmacher qui dirigeait Götterdämmerung. Lui-même avait commencé par être pianiste, donc il a parfaitement compris mon état d’esprit.

Et alors ?

Ingo Metzmacher m’a conseillé d’apprendre l’allemand, conseil précieux car plus j’ai connu la langue, mieux j’ai compris Wagner et Strauss, dont la musique me passionne. Je me suis installé à Berlin, en immersion. Et là encore, j’ai eu la chance de rencontrer des artistes, à l’université der Künste, comme le chef d’orchestre Steven Sloane, avec qui j’ai pu être assistant sur la Medea de Reimann à Berlin au Komische Oper et sur Adrienne Lecouvreur à Francfort, et ainsi pénétrer dans le système professionnel en Allemagne. Après j’ai pu travailler avec le Bochumer Symphoniker, le Brandenburger Symphoniker, de faire mes débuts comme chef à la Philharmonie Berlin et comme pianiste où j’ai joué des concerts du musique de chambre avec les musiciens de la Philharmoniker de Berlin.

Mais comment êtes-vous arrivé à Marseille ?

En fait, après ces expériences, je voulais découvrir l’opéra en France. Et puis il y a eu cette possibilité de concourir à Marseille et de devenir l’assistant du chef d’orchestre qui m’avait tellement impressionné quand j’étais adolescent. Et des années après j’ai retrouvé mon admiration pour la manière dont Lawrence Foster sait stimuler les musiciens pour qu’ils donnent leur meilleur. Si la qualité de l’orchestre est aujourd’hui aussi haute, c’est à lui qu’on le doit.

Vous venez donc d’entamer un nouveau contrat avec l’Opéra de Marseille. Comment voyez-vous votre avenir ?

J’aime beaucoup travailler avec l’Opéra de Marseille et l’Orchestre, avec qui j’ai fait mes debuts aux Festival de la Roque d’Anthéron et Grand Theatre d’Aix-en-Provence. J’admire également le travail avec Maurice Xiberras, qui a été un grand soutien et je suis fasciné pour son œil méticuleux pour trouver la meilleure distribution pour chaque production. J’aimerais donc développer plus ma carrière en France avec l’opéra. Mais j’aimerais aussi continuer à diriger des concerts symphoniques. Pendant la pandémie j’ai eu l’occasion de diriger l’Orchestre de la Radio de Pologne à Katowice (NOSPR), qui joue dans un auditorium de premier ordre. En fait cette saison je dirige plusieurs concerts avec eux, comme le 5ème Symphonie de Shostakovich. L’été dernier j’ai travaillé au festival Enescu à Bucarest avec la Filarmonica Stat de Transilvania, sur Lulu, de quoi satisfaire mon goût pour le répertoire allemand et la deuxième école viennoise. Donc, pour l’instant je voudrais tenir la balance entre concerts symphoniques et productions d’opéra.

La pandémie a été à l’origine de votre travail de réduction d’orchestre pour Luisa Miller. Mais ne pourrait-on parler de réorchestration ?

Si, et je suis content que vous le disiez. Ma satisfaction est d’avoir réussi, à en croire les avis, à préserver autant que possible couleurs et dynamique. Cela m’a encouragé à entreprendre d’orchestrer des pièces de Montsalvatge écrites pour le piano et la voix, ainsi que d’autres de Mompou.

De l’orchestration à la composition, vous laisserez-vous tenter ?

J’ai toujours pensé d’expérimenter le monde de la composition de musique de film. Mais pour l’instant je voudrais soutenir les jeunes compositeurs et je compte le faire lors d’un concert à Barcelone, au Palau de la Música, diffusé à la télévision nationale de Espagne avec une programme Joan Manén et des jeunes compositeurs catalans.

Que vous souhaiter ?

J’aimerais continuer ma collaboration avec l’Opéra de Marseille et les orchestres auxquels je suis régulièrement chef invité. J’aimerais faire mes débuts au Liceu un jour, peut-être avec l’opéra Wozzeck que j’ai vu quand j’étais jeune. Rendre aussi le monde de la musique classique plus accessible au jeune public. 

   

 

www.nestorbayona.com

www.instagram.com/nestorbayona.official

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