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L’Opéra de Paris est-il trop cher ?

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Actualité
11 février 2016

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A l’occasion de la publication de la saison 2016-2017 de l’Opéra national de Paris, bon nombre de nos lecteurs s’émeuvent de l’augmentation des tarifs pratiqués. « Pas piqués des hannetons », relevait Sylvain Fort en annonçant en avant-première le contenu de cette nouvelle saison, « avec au moins une nouvelle catégorie tarifaire, une catégorie 4 qui s’emballe et des prix Optima/1ère catégorie qui s’envolent dès qu’une star paraît : à quand une « Catégorie Jonas » ? ».

« je suis très choquée par les nouveaux  tarifs de l’Opéra de Paris », », nous écrit une de nos lectrices, Mme Manuela Leriche, « Je suis une fidèle abonnée de l’Arop et des abonnements ONP, et je dois dire que pour l’année 2016/2017, je pense boycotter la saison devant ce délire tarifaire. Je trouve honteux quand on se vante par ailleurs de « démocratiser » et « rendre accessible l’opéra » que l’on double le prix de certaines catégories : une place que j’avais l’habitude de prendre à 35 euros passe à 84 euros « en catégorie Jonas » pour citer Sylvain Fort et à 60 euros pour les opéras moins « stars ». Mais la plupart des catégories prennent 30, 40 jusqu’à 60 euros selon les opéras (et particulièrement les « petites » catégories) 

Du côté de l’Opéra de Paris, le discours se veut fédérateur. On souhaite « se rapprocher d’un public le plus large possible » et on se donne « les moyens de l’ouverture » avec « la mise en place de tarifs adaptés » :

  • 282 000 places à 50 € et moins dans les grandes salles (dont 30 000 places à 50 € grâce à la création d’une nouvelle catégorie pour le lyrique) et, 2 à 3 fois dans la saison, un contingent supplémentaire de places proposées au tarif exceptionnel de 50€ ;
  • des places de 10 à 30 € avec Les midis musicaux, concerts proposés par les musiciens de l’Orchestre de l’Opéra pour une découverte du monde de l’opéra, de même que pour les week-ends de musique française et romantique ;
  • des spectacles Jeune Public proposés à 5€ pour les enfants de – de 15 ans et les scolaires et 16 € pour les adultes ;
  • près de 100 000 places proposées pour 15 avant-premières (soit 2 de plus que la saison dernière) réservées aux jeunes de moins de 28 ans à 10 € ;
  • le pass jeunes au prix de 20 € permettant de disposer d’un tarif préférentiel de 35 € pour un opéra et de 25 € pour un ballet sur une trentaine de spectacles de la saison et un accès coupe file aux places de dernières minutes ;
  • des formules d’abonnement spéciales jeunes de 64 à 91 € pour 4 spectacles ;
  • un nouvel abonnement « en famille », 50% de réduction pour les jeunes de – de 18 ans accompagnant un adulte, à partir de 4 spectacles sur une sélection de 25.

Comment expliquer ces différents sons de cloche ? Dans un monde en crise, où la culture fait souvent les frais d’indispensables coupes budgétaires, l’Opéra de Paris se trouve face à une équation difficile à résoudre : augmenter ses recettes propres, à commencer par la billetterie, tout en attirant de nouveaux publics grâce à des tarifs et des formules toujours plus attractifs. Inévitablement, les spectateurs fidèles en font les frais, eux qui majoritairement n’appartiennent à aucune des catégories visées par les nouveaux avantages tarifaires (puisque par définition, ils ne font pas partie des nouveaux publics).

Ce dilemme est à rapprocher d’un article paru dans la revue Regards croisés sur l’économie porté à notre attention par son auteur Julien Bouvet : « si l’Opéra de Paris ne devait vivre que de sa billetterie chaque spectateur devrait payer 230 euros pour chaque place de spectacle. ». Dans le même article, on peut lire que l’opéra ne concerne que 4% de la population et majoritairement les diplômés du supérieur. D’où la nécessité de « démocratiser ».

Mais en « démocratisant », ne se trompe-t-on pas de verbe et donc de leviers ? Ne faudrait-il pas plutôt « éduquer », et pas seulement les jeunes mais tous les publics, y compris ces « diplômés du supérieur » et autres catégories aisées qui semblent de moins en moins concernés par la culture en général et l’opéra en particulier ? Avec des chanteurs aussi fameux que Piotr Beczala, Stéphane Degout et Elina Garanca, le taux de remplissage de Werther cette saison n’a pas dépassé le seuil de 85%. Lors de la représentation du 4 février dernier, ce n’étaient pas les places des dernières catégories qui étaient vides mais celles des premières. Parce que leur prix était  trop élevé ? Pas seulement à notre avis, mais aussi parce que le public susceptible de les occuper se réduit comme peau de chagrin, faute d’actions de sensibilisation à son intention. Elargir oui, évidemment, mais sans négliger d’une part les spectateurs réguliers qui alimentent le moteur économique de l’Opéra de Paris, d’autre part ceux qui aujourd’hui disposent d’un pouvoir d’achat suffisant pour renforcer le rang des fidèles. Evangéliser Sarcelles et les bancs des universités certes mais aussi les cadres dynamiques et les bobos du canal Saint-Martin.

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