Véritable point de rencontre entre Orient et Occident, Israël se devait d’offrir au monde un théâtre d’opéra à la mesure de la tradition musicale juive. Après de nombreuses tribulations, la compagnie lyrique israélienne s’est installée dans un bâtiment dernier cri en 1994. Enfin dans ses murs, le New Israeli Opera propose des spectacles de qualité, sans doute les meilleurs du Moyen-Orient, qui complètent agréablement une journée passée sur les magnifiques plages de la ville, à admirer les façades blanches et épurées des bâtiments Bauhaus de la « Ville blanche » ou à profiter de l’ambiance à la fois sophistiquée et conviviale du Boulevard Rotschild.
Adresse : Shaul Hamelekh Boulevard 19, Tel Aviv, Israel
Site web : http://www.israel-opera.co.il/eng/
Année de construction : 1994, en même temps que le reste du Tel Aviv Performing Arts Center
Style architectural : post-moderne
Répertoire de prédilection : L’opéra de Tel Aviv s’attache à présenter le répertoire international, mais un accent est mis sur l’apport juif dans ce domaine. Cela peut aller des opéras au thème biblique (Nabucco, Samson et Dalila, …) aux ouvrages traitant de l’antisémitisme (La Juive) en passant par de œuvres écrites en hébreu par des compositeurs israéliens.
Histoire : La présence de l’opéra en Palestine est presque aussi ancienne que le projet sioniste lui-même. La réflexion commence dès 1917, en Russie, où le chef d’orchestre et musicologue Mordecai Golinkin commet un essai intitulé Le temple des arts, où il affirme qu’il est du devoir des Juifs de fonder, dans leur nouvelle patrie, « un centre culturel national qui doit devenir pour le Juifs ce que Bayreuth est pour les Germains ou La Scala de Milan pour les Italiens. » Arrivé en Palestine en 1923, Golinkin se met aussitôt au travail pour réaliser son projet : le 26 juillet 1923, à Tel Aviv, La Traviata est le premier opéra représenté sur le territoire qui deviendra Israël. A noter qu’elle est chantée en hébreu et que les représentations ont lieu à l’Eden Theatre, faute d’une salle adéquate. D’autres représentations suivront, à Jérusalem et Haïfa. Le succès public est au rendez-vous. Mais les difficultés matérielles auront raison de ce premier essai, et en 1932, Golinkin doit mettre la clé sous le paillasson. Ce n’est qu’en 1945 que la soprano américaine Edis de Philippe émigre à son tour, et reprend, de concert avec Golinkin, l’idée d’une compagnie permanente. Celle-ci sera active jusqu’en 1984, sous le nom d’Israel Opera. Les représentations auront lieu dans une salle plus adaptée, située sur le site de l’actuelle Opera Tower, en front de mer. La compagnie subit diverses vicissitudes au début des années 80, et finira par renaître sous le nom de « New Israeli Opera », et emménager dans ses nouveaux locaux en 1994. Depuis 2010, le « New Israeli Opera » donne également des représentations sur le site archéologique de Massada, au pied de l’immense forteresse construite par Hérode le Grand. Un compte-rendu de l’édition 2014 est disponible ici. Saint-Jean-D’Acre bénéficie également de cette décentralisation, qui produit des résultats prometteurs.
A noter qu’au début des années 60, un jeune ténor plein de fougue se fait remarquer au sein de la troupe, par des prestations qui témoignent à la fois d’une musicalité hors norme et d’un jeu d’acteur déjà très sûr. La presse locale le couvre d’éloge. Il est espagnol, et a pour nom Placido Domingo.
Education : l’opéra de Tel Aviv propose deux programmes pédagogiques.
- Les « Children opera hours » proposent des spectacles adaptés aux enfants de 5 à 10 ans. Les petits sont assis sur un tapis au plus près des chanteurs, alors que leurs parents sont installés sur des sièges.
- « Magical sounds » s’adresse aux jeunes à partir de 10 ans. Les shows de cette année traitent de la jeunesse de Haendel, Rimsky-Korsakov, Gerschwin et Dvorak.
Premier opéra représenté : La Traviata de Verdi, le 26 juillet 1923
Créations marquantes : en 2012, la scène a vu la création mondiale de The Passenger, écrit en 1968 par Myeczislaw Weinberg. L’œuvre met en scène, sur un bateau en route vers le Brésil, Marta, survivante d’Auschwitz, et Liese, épouse d’un diplomate allemand, ancienne gardienne du camp. Par ailleurs, de nombreux opéras ont été commandés à des compositeurs israéliens. Citons : Jozef par Joseph Tal, Alpha & Omega par Gileod Shohat, et A Journey to the end of the millenium par Joseph Bardanashvili, sur un livret de A. B. Yeoshua.
Meilleures places : Comme dans beaucoup de salles de construction récente, la visibilité de la scène à fait l’objet de toutes les attentions. Aucune place n’est donc vraiment mauvaise. Toutefois, les rangées 5 à 10 du parterre sont celles qui offrent un confort optimal, combiné avec une proximité de la scène qui rend le spectacle particulièrement vivant.
Acoustique : Excellente, les voix sont portées jusqu’au fond de la salle, l’orchestre est dosé à un niveau adéquat, et le mélange des deux est une réussite.
Tarifs : De 157 à 403 shekels, c’est-à-dire de 36 à 93 euros. Cela signifie que les prix sont très raisonnables, surtout si on tient compte du coût de la vie global à Tel Aviv, très élevé.
Anecdote : lors de votre visite sur place, ne vous étonnez pas de croiser de très nombreux militaires en uniforme, souvent d’allure jeune. Leur présence n’est pas due à une alerte terroriste. Il s’agit simplement de miliciens en permission, qui ont droit à l’entrée gratuite ! Particularité du pays : les femmes sont aussi nombreuses en kaki, le service étant obligatoire pour les deux sexes.
Tenue : En Israël, la mode est très décontractée, d’abord à cause du climat. Cela n’empêche pas une touche de sophistication, surtout chez les dames. Sentez-vous donc libre de vous habiller comme vous voulez, mais n’hésitez pas à jeter un coup d’œil sur les boutiques de mode du quartier de Neve Tsedek, souvent très en avance sur les tendances qui vont arriver en Europe. Arborer le soir l’ensemble ou l’accessoire qui vous aura fait craquer pendant la journée vous permettra de vous sentir encore plus dans l’ambiance locale.
Vestiaire : à tous les étages, même si pour les raisons citées plus haut, on n’en a guère besoin.
Toilettes : propres, fonctionnelles, nombreuses
Le bémol : La situation politique au Moyen-Orient, qui peut rapidement dégénérer, et qui rend tout voyage sur place un peu risqué. Mais en dehors des périodes de tension, Israël est un pays qui veille à préserver une vie la plus normale possible, pour les habitants comme pour les touristes, malgré les menaces qui pèsent en permanence.
Le dièse : Les environs immédiats de l’opéra offrent deux pôles culturels majeurs : le Cameri Theatre et le Tel Aviv Museum of Arts, qui présente une très belle collection de peinture, de l’impressionnisme à nos jours, avec un focus particuliers sur les artistes juifs (Chagall, Soutine, Pissarro, …). Pour les noctambules et autres amateurs de virées, la ville est un paradis. Peu d’autres cités, surtout de taille si modeste, proposent une telle variété de lieux de sortie. Tel Aviv compte 1750 bars, soit un pour 220 habitants, record invaincu à ce jour. L’orchestre philharmonique et la compagnie de danse contemporaine Batsheva valent aussi le détour, et jouissent d’une réputation mondiale.
Accès : La ville est assez petite, au regard des critères européens. L’opéra est accessible à pied depuis à peu près n’importe quel point. De même, les deux gares ferroviaires (Savidor et Hachalom) sont à un jet de pierre. Les bus 248 et 249 s’arrêtent devant l’opéra. N’hésitez pas non plus à employer les Sheirout, ces taxis collectifs très bon marché, qui sillonnent Tel Aviv en tous sens et s’arrêtent où vous leur demandez.
Où dîner à proximité : Juste en face de l’entrée principale, Hadar Ochel, où le chef Omer Miller vous fera découvrir la façon dont la cuisine israélienne a fusionné les multiples influences qui la composent. Un peu plus loin, les rues Allenby, Sheinkin et Hayarkon regorgent de restaurant qui proposent de tout, du simple fallafel aux combinaisons les plus baroques. Pour ceux qui aiment marcher, poussez jusqu’au bord de mer, et profitez d’un repas pris en contemplant le coucher de soleil sur la Méditerranée, tout en sirotant un vin local.
Où dormir à proximité : Pourquoi ne pas essayer un des « boutique hotels » du Boulevard Rotschild ? L’Alma, situé dans un immeuble qui mélange les styles coloniaux et Bauhaus, séduira les plus exigeants. Pour les amateurs de Bauhaus « pur jus », le Cinema Hotel situé sur la Place Dizengoff, devrait faire l’affaire.