Il est un des seuls opéras au monde à porter le nom de son architecte (avec le Palais Garnier à Paris et la Salle Garnier à Monte-Carlo). Riche d’un bâtiment somptueux et d’un passé culturel hors du commun, le Semperoper à Dresde, en Allemagne, s’impose comme l’une des principales maisons d’opéra outre-Rhin. Situé dans le centre historique, le bâtiment actuel a été reconstruit après la Seconde Guerre mondiale, selon les plans d’origine de l’architecte Gottfried Semper. Il propose une programmation variée mêlant opéras, ballets et concerts.
Adresse : Theaterplatz 2 – 01067 Dresde
Institution lyrique hébergée : Semperoper Dresden, deuxième composante des Sächsiche Staatstheater (Théâtres de l’Etat de Saxe) avec le Schauspiel. Le bâtiment abrite également le ballet de l’opéra ainsi que son orchestre, la Sächsiche Staatskapelle Dresden.
Site web : www.semperoper.de
Année de construction : 1838 pour le premier bâtiment par Gottfried Semper ; 1871 pour le deuxième par son fils Manfred ; 1985 pour la reconstruction à l’identique après les bombardements de 1945 .
Style architectural : Style éclectique. Semper expliquait : « J’ai surtout voulu ne pas dissimuler la forme semi-circulaire de l’auditorium, une forme belle et variée en sanctionnée d’ailleurs par la tradition théâtrale » (à savoir la propension à édifier à l’époque des théâtres cubiques).
Répertoire de prédilection : La Semperoper aime mettre son riche passé en avant et se fait donc une spécialité dans le répertoire romantique allemand : Beethoven, Weber, Wagner ou Strauss. Le répertoire français, bien que présent, le montre moins à son avantage. La petite scène (Semper 2), davantage tournée vers la musique contemporaine, accueille souvent des raretés et des opéras de chambre.
Education : Si peu de représentations sont accessibles aux enfants dans la grande salle, la petite scène prévoit souvent des représentations destinées aux enfants : Pierre et le Loup ou Cendrillon de Prokofiev ainsi que la Princesse au petit pois d’Ernst Toch font partie du répertoire courant. Avec le programme « Kapelle für Kids », la Staatskapelle prévoit plusieurs fois par an des ateliers lors desquels les enfants peuvent faire plus ample connaissance avec des instruments de l’orchestre.
Histoire : Tout comme celle de la ville, l’histoire de l’Opéra de Dresde est aussi riche que mouvementée. Il est intéressant de noter, que l’orchestre de l’opéra, la Staatskapelle, est antérieur à l’institution qui l’abrite. Il est fondé en 1548 par Maurice, grand électeur de Saxe avec son premier chef Johann Walter, ami de Martin Luther, et est à ce titre l’un des orchestres les plus anciens au monde. Si de nombreux théâtres fleurissent déjà dans Dresde dès le 17e siècle, il faut attendre 1838 pour que débute la construction du premier véritable opéra par Gottfried Semper, architecte renommé dans toute la Saxe. Le bâtiment est salué par la population dresdoise et voit de nombreux artistes internationaux s’y produire (parmi eux un certain Richard Wagner). Un premier incendie détruit complètement cette première version du bâtiment en 1869. On cherche rapidement un nouvel architecte pour sa reconstruction et les regards se tournent vers le vieux Semper. Celui-ci a néanmoins été banni de Saxe pour des « comportements radicalement démocrates » lors des manifestations de 1848. La famille royale de Saxe accepte après de nombreuses pressions de la population de gracier Semper et d’organiser son retour de Vienne. Cependant, le vieux lion est trop méfiant et préfère envoyer son fils ainé Manfred. Celui-ci sera donc chargé de diriger le chantier selon les plans de son père. L’opéra rouvre ses portes en grandes pompe et sous sa forme actuelle en 1878. Avec le bombardement de la ville de Dresde en février 1945, l’opéra est fortement endommagé et le bâtiment laissé à l’abandon, car ce n’est qu’en 1977 qu’est posée la première pierre pour une reconstruction d’après les plans de Gottfried et Manfred Semper. C’est enfin le 13 février 1985, quarante ans ans après sa destruction dans le bombardement que la « troisième » Semperoper accueille le public pour une représentation du Freischütz de Weber.
Premier opéra représenté : Der Freischütz de Carl Maria von Weber pour la réouverture de 1985
Créations marquantes :
Premières représentations des opéras de Richard Wagner :
- Rienzi en 1842
- Der fliegende Holländer en 1843
- Tannhäuser en 1845
Premières représentations des opéras de Richard Strauss:
- Feuersnot en 1901
- Salome en 1905
- Elektra en 1909
- Der Rosenkavalier en 1911
- Intermezzo en 1924
- Die ägyptische Helena en 1928
- Arabella en 1933
- Die schweigsame Frau en 1935
- Daphne en 1938
Mais aussi :
- Doktor Faust de Ferrucio Busoni en 1925
- Der Protagonist de Kurt Weill en 1926
- Cardillac de Paul Hindemith en 1926
- Penthesilea de Othmar Schoeck en 1927
- Thomas Chatterton de Matthias Pintscher en 1998
- Celan de Peter Ruzicka en 2001
Meilleures places : Evidemment, elles se trouvent dans la loge centrale, où elles peuvent exceptionnellement grimper jusqu’à 175 euros pour les opéras très demandés (Carmen. Mais consolons-nous, comme dans chaque théâtre à l’italienne, elles sont tout aussi excellentes (et bien moins chères) au deuxième ou troisième balcon ainsi que dans le parterre, si vous préférez être proche de la scène. Si vous avez une place au troisième ou quatrième balcon, attention à ne pas vous mettre trop sur le côté, la balance sonore y est parfois déséquilibrée. Avec 1400 places, ce n’est pas une très grande salle et le public est assez proche de la scène, même depuis le fond (il n’y a que 17 rangées dans le parterre).
Acoustique : Elle a été savamment travaillée par Semper et flatte particulièrement les voix. Celles-ci sont rarement couvertes par l’orchestre (même chez Wagner) et la qualité sonore des derniers balcons est peut-être encore meilleure que celle du parterre. Détail amusant : notez les conques ornant les loges des balcons qui servent à mieux répartir le son.
Tarifs : De 15 à 175 euros en fonction du spectacle et de la catégorie (moins de 100€ en moyenne). Pour certaines représentations, il est possible de se procurer des Stehplätze (places debout) quand l’espace n’est pas occupé par les éclairagistes.
Anecdotes : L’horloge située au-dessus de la scène a été fabriquée par la compagnie d’horlogers A. Lange & Söhne. Installée en 1841, son fonctionnement était révolutionnaire pour l’époque, ce qui fit d’elle la première horloge digitale de l’histoire. Sa raison d’être à l’origine aurait été d’éviter le claquement répété des montres à gousset, durant les réprésentations.
De nombreux allemands connaissent très bien la Semperoper sans jamais y avoir mis les pieds. En effet, le bâtiment est utilisé comme symbole de marque par la brasserie Radeberger, qui produit l’une des bières les plus distribuées en Allemagne.
Vestiaires : Les vestiaires se situent au rez-de-chaussée, sont gratuits mais obligatoires.
Toilettes : Au pied de chaque escalier montant au premier balcon pour les hommes, sur le même escalier après quelques marches pour les femmes.
A l’entracte : Promenez-vous dans le foyer en demi-lune, au niveau du premier balcon. Vous y profiterez de la vue sur la place du théâtre, avec à droite le Zwinger et en face la Hofskirche et le château. De part et d’autre du foyer, vous pouvez aussi admirer les élégantes colonnades des deux escaliers avec les fresques illustrant d’un côté les drames de l’Antiquité (Médée, Phèdre, Antigone…) et de l’autre les chefs-d’œuvre de l’époque moderne (Hamlet, Nathan, Tannhäuser…), les premiers destinés à éduquer la bourgeoisie, prétendument inculte, les seconds à instruire l’aristocratie, supposée réactionnaire. Vous pouvez aussi vous amuser à deviner les personnalités dont les bustes sont dispersés un peu partout dans l’opéra (chanteurs, compositeurs, chefs d’orchestre…).
Le bémol : Pour les amateurs d’un large répertoire, la programmation centrée sur le répertoire germanique traditionnel (Wagner, Strauss, Mozart…).
Le dièse : La cohésion artistique entre l’orchestre de la Staatskapelle de Dresde et la scène, fruit d’une longue histoire commune, qui garantit une exigence musicale constante, même dans les productions les plus discrètes.
Accessibilité : L’opéra est accessible aux personnes à mobilité réduite. Le bâtiment est équipé d’une rampe d’accès sur la droite et un ascenseur au fond des vestiaires à droite permet d’accéder à la salle sans devoir emprunter les nombreux escaliers.
Boutique : Une petite boutique (assez inintéressante) se trouve au niveau des vestiaires. Vous pouvez y acheter des CDs et DVDs de spectacles enregistrés à la Semperoper ainsi que quelques souvenirs musicaux de la ville.
Où dîner à proximité ?: Les amateurs de cuisine saxonne iront se restaurer en vieille ville, dans les restaurants qui entourent l’imposante Frauenkirche, à quelques centaines de mètres de l’opéra (essayez la Kurfürstenschänke). Pour de la restauration plus variée ou internationale, n’hésitez pas à aller de l’autre côté de l’Elbe dans la Neustadt où vous trouverez de nombreux bars et petits restaurants. Attention ! Les Allemands dinent tôt. Il y a peu de chance de trouver un restaurant ouvert le soir après le spectacle. Après 22 heures, tentez L’Opera Bar&Dining juste en face du Semperoper. Exceptés les traditionnels bretzels, le bar de l’opéra à l’entracte propose peu de victuailles.
Où dormir à proximité ?: Les hôtels dans le centre historique sont nombreux et proposent une palette de prix très large. Les budgets les plus modestes iront à l’Ibis de la Wilsdruffer Straße ou au Art’otel, juste derrière l’opéra. Viennent ensuite le Motel One et l’Hyperion, plus chers mais toujours aussi proches de la Semperoper. Enfin, pour les folies, il reste le Taschenbergpalais, dans lequel l’opéra loge ses invités d’honneur (Netrebko, Kaufmann, Thielemann etc.).
*** fiche mise à jour par Christophe Rizoud en mai 2025 ***