En ce mitan des années 1990, Roberto Alagna et Angela Gheorghiu sont l’incarnation de la jeunesse, de l’amour et de l’enthousiasme. Et cette réputation n’est en rien usurpée. Leur incarnation des amants de Vérone est sublime de vérité et de passion. Alagna est fidèle à lui-même : solaire, vaillant, sans jamais sacrifier de la clarté de sa diction. Si la Juliette de Gheorghiu est un peu moins impeccable en termes d’articulation française, sa musicalité et la pulpe de son timbre compensent largement. Et les deux voix s’apparient à merveille. Les quatre ( ! ) duos d’amour passent comme un songe. Simon Keenlyside était à l’orée de la carrière que l’on sait, et son Mercutio montre déjà ses qualités d’autorité et d’éloquence ; son timbre un peu rocailleux fait merveille. Et quel français ! José Van Dam est idéal de noblesse et d’onction, et Alain Fondary livre ici un de ses trop rares témoignages au disque. Pour les comprimari, quelques noms glanés au hasard : Marie-Ange Todorovitch, Daniel Galvez-Vallejo, Didier Henry, Alain Vernhes, Yann Beuron ou Doris Lamprecht ... Michel Plasson, à la tête de son magnifique orchestre de Toulouse, insuffle à la partition une passion que trop de baguettes lui ont refusé au nom d’un prétendu « demi-caractère », les choeurs sont engagés et puissants. Bref, défendu avec cette conviction, l’opéra que Gounod considérait comme son meilleur prend son rang parmi les plus grands chefs-d’oeuvre de l’art lyrique
Charles Gounod (1818-1893), Roméo et Juliette
Choeur et orchestre national du Capitole de Toulouse, direction : Michel Plasson
Roberto Alagna (Roméo) – Angela Gheorghiu (Juliette) – José Van Dam (Frère Laurent) – Simon Keenlyside (Mercutio) – Alain Fondary (Capulet) – Daniel Galvez-Vallejo (Tybalt) – Marie-Ange Todorovitch (Stéphano)
