Verrons-nous enfin à Paris le musical inspiré de Gaston Leroux ? Oui et non car tout dépend de quelle version l’on parle.
Les adaptations musicales du roman-feuilleton de Leroux sont en fait assez nombreuses (une demi-douzaine dans compter les versions non officielles). La version la plus célèbre reste celle d’Andrew Lloyd Webber. Son Phantom of the Opera fêtera d’ailleurs son 40e anniversaire à Londres l’année prochaine. La production a atteint sa 15 000e représentations en 2024. Son succès est quasi universel : l’ouvrage a été ainsi donné dans près de 60 pays et dans 21 langues (sa suite fut en revanche un désastre). Cette production devait être reprise en traduction française au Théâtre Mogador en octobre 2016, mais un incendie détruisit une grande partie des décors en septembre, et le projet semble depuis avoir été abandonné (on a pu voir depuis successivement à Mogador Grease (2017–2018), Chicago (2018–2019), Ghost the Musical (2019) et Le Roi Lion depuis 2020). En 1992, on avait pu aussi voir Salle Favart un Phantom of the Opera, arrangé Ken Hill, avec des lyrics (1) en anglais sur des musiques de Verdi, Gounod, Offenbach, Mozart, Weber, Donizetti, Boito… Ce musical avait été créé en 1976 à Lancaster : l’antériorité de sa création lui donnait le droit d’utiliser le titre, même en face de la superproduction de West End. Le résultat était assez catastrophique et, malheureusement, bon nombre de spectateurs parisiens crurent de bonne foi assister à la version de Lloyd Webber.
À partir du 22 octobre, on pourra découvrir au Théâtre Antoine un nouveau Fantôme de l’opéra, sur une musique de Marc Demais (compositeur de variétés et de musique de film), des textes de Pierre-Yves Lebert et un livret de Benoît Solès. La mise en scène est signée de Julien Alluguette. La distribution affiche Maélie Zaffran (Christine Daaé), Ana Ka (la Carlotta), Bastien Jacquemart (Erika, le Fantôme de l’Opéra), Louis Buisset (Raoul, rival d’Erik), Catherine Arondel (Madame Giry), Victor Marichal (Gaby, le persan) et Fabian Richard (M. Firmin, le Directeur de l’Opéra). Nous leur souhaitons autant de succès qu’à leurs devanciers.
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1.Pour le lyrique, un compositeur écrit habituellement une musique sur un livret. À rebours, les lyrics sont écrits sur une musique préexistante. Le comte Ory de Rossini est un exemple d'opéra avec des lyrics écrits par Eugène Scribe sur des compositions majoritairement existantes et issues du Viaggio a Reims (qui, lui, avait été écrit sur un livret de Luigi Balocchi).