Née le 21 octobre 1925 à Solovăstru en Transylvanie et morte le 20 mars 2023, Virginia Zeani aurait eu 100 ans aujourd’hui. Virginia Zehan, qui italianisera plus tard son patronyme, découvre l’opéra à l’âge de 9 ans avec une représentations de Madama Butterfly. Dès l’âge de 13 ans, elle étudie le chant à Bucharest, épaulée financièrement par un bienfaiteur. On la croit alors mezzo soprano. Pendant la guerre, son nouveau professeur, le soprano ukrainien Lydia Lipkowska lui fait travailler sa vraie tessiture et révèle les aigus qu’elle n’arrivait pas à produire jusqu’alors (son ambitus s’étend alors du sol grave au contre fa) : elle sera soprano. Après la guerre, elle a l’occasion de chanter à l’Institut culturel italien de Bucharest devant I’ambassadeur d’Italie, le consul et l’attaché de presse. L’assistance est tellement impressionnée qu’elle obtient une autorisation pour venir étudier en Italie. À Milan, elle est coachée par le chef d’orchestre Antonio Narducci. Le célèbre Aureliano Pertile, gloire des ténors spinto de l’époque, lui donne des cours privés gratuits (en échange, elle aide l’épouse du chanteur dans les travaux ménagers !). Elle fait ses débuts au Teatro Duse de Bologne en 1948 en Violetta, remplaçant au dernier moment la titulaire du rôle, Margherita Carosio. Le succès est tel qu’elle est engagée pour une tournée de trente représentations. La Traviata deviendra son rôle fétiche. Elle la chantera même à Paris, en 1953, a priori sa seule apparition… D’après son site officiel, elle interprétera l’ouvrage plus de 600 fois (648 d’après Wikipedia). Sa carrière s’internationalise. En 1952, elle remplace Maria Callas à Florence dans I Puritani : c’est à cette occasion qu’elle rencontre Nicola Rossi-Lemeni qu’elle épousera en 1957 et avec qui elle chantera de nombreuses fois mais pas systématiquement (à titre d’exemple, les quatre rôles féminins des Contes d’Hoffmann à Rome en 1960, Rossi-Lemeni chantant les quatre rôles maléfiques). Elle avait fait ses débuts avec lui à la Scala en 1956 en Cleopatra, Rossi-Lemeni incarnant Giulio Cesare (la distribution affichait également Franco Corelli et Giulietta Simionato !). D’abord spécialisée dans les rôles de colorature (Rigoletto, Lucia di Lammermoor, Le Comte Ory, Maria di Rohan, l’Otello de Rossini…), elle fait évoluer son répertoire vers des rôles plus dramatiques (Aida), véristes (Tosca, Manon Lescaut, Fedora), wagnérien (Lohengrin), ou encore de la musique du XXe siècle (The Consul, La voix humaine), pour un total de 69 rôles. Cet élargissement n’est pas sans conséquence et son vibrato devient plus marquant avec l’âge. Elle participe a plusieurs créations, la plus remarquable étant celle du rôle de Blanche de la Force, en italien, dans la création mondiale des Dialogues des Carmélites à Milan en 1957, aux côtés d’ailleurs de son mari. Artiste solide, elle remplaçait quelques fois (et même Joan Sutherland pour une Traviata au tempo déchaîné qui connut le triomphe du public londonien) mais elle n’annulait quasiment jamais (deux fois dans toute sa carrière semble-t-il). Elle fait ses adieux en 1982 à l’Opéra de San Francisco, à nouveau dans les Dialogues des Carmélites, mais cette fois en Mère Marie et en anglais, aux côtés de Carol Vaness, Régine Crespin et Leontyne Price. À partir de 1980, elle commence à enseigner aux États-Unis et ses cours sont particulièrement recherchés. Après sa retraite, elle continue à recevoir de jeunes artistes chez elle. À l’instar de Leyla Gencer, la Fiancée des pirates, Zeani a peu enregistré au studio : deux indispensables récitals chez Decca, La Traviata (une intégrale enregistrée en Roumanie et un disque d’extraits en Italie), Tosca (enregistrée en Roumanie), La Serva Padrona (avec Rossi-Lemeni)… La voix de Zeani était celle d’un soprano lyrique hors norme. Comme on l’a vu plus avant, son registre était étendu et le suraigu très sûr. Le timbre était chaleureux et sa palette vocale au service de l’interprétation. Sa science belcantiste était impeccable. Cette technique n’était jamais vaine mais toujours utilisée pour exprimer les sentiments du personnage. Elle disposait d’un authentique tempérament dramatique et d’un physique qui renforçait sa crédibilité scénique.
Les 100 ans de Virginia Zeani
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Brève
21 octobre 2025
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