Les 80 ans de Lella Cuberli

Née le 29 septembre 1945 à Austin (Texas), Lella Cuberli (de son vrai nom Lela Alice Terrell) a fêté cette année ses 80 ans. Formée aux États-Unis à la Southern Methodist University (Dallas) puis à Milan, Cuberli fait ses débuts à Sienne en 1973. Diva discrète du belcanto, la chanteuse excelle dans les ouvrages de Mozart, Rossini, Donizetti ou Bellini dans les années 80-90. Dans ce répertoire, le soprano ne manque pourtant pas de concurrentes (June Anderson, Cecilia Gasdia, Mariella Devia, voire les derniers feux de Joan Sutherland) : sa voix n’est pas excessivement puissante, le suraigu ne dépasse pas souvent le contre ré, mais la chanteuse charme par une classe innée, une immense musicalité, une technique belcantiste impeccable, et un je-ne-sais-quoi combinant un chic aristocratique et une interprétation chaleureuse (sa Comtesse de Folleville dans Il viaggio a Reims en est le meilleur exemple). Lors de ses apparitions, on pouvait régulièrement croiser son mari italien qui était également son plus grand fan. En France et en Belgique, on a pu l’entendre en Desdemona dans l’Otello de Rossini, un des ses meilleurs rôles où elle pouvait à la fois montrer sa virtuosité dans l’expression du désespoir de l’héroïne dans le finale de l’acte II ou d’abandon mélancolique dans la triste poésie de l’Air du saule. Le soprano s’est rarement hasardé hors de ce répertoire mais on a pu l’entendre dans une émouvante Antonia à Bastille et surtout dans une surprenante et enthousiasmante Traviata à Bruxelles où elle interprétait, dans cette production de Karl-Ernst et Ursel Herrmann, une Violetta cynique et canaille (du moins au premier acte), à rebours de son style habituel (il ne s’agissait toutefois pas d’une première car elle avait déjà chanté le rôle en 1975 en Hongrie). Lella Cuberli entretenait par ailleurs une magnifique complicité avec Martine Dupuy, et leurs apparitions conjointes en récital ou pour un opéra (Semiramide, Bianca e Faliero, I Capuleti e i Montecchi, Lucio Silla...) étaient de purs moments de bonheur. Cuberli s’est beaucoup produite en Italie (Milan, Naples, Pesaro, Martina Franca, RAI…) et occasionnellement à Vienne, Salzbourg (Nozze di Figaro), New York (Semiramide), etc.  En France, on a pu également l’entendre entre autres dans Guillaume Tell (au TCE avec José van Dam et Chris Merritt), Semiramide (Châtelet), Maria Stuarda (Pleyel), Lucio Silla (production de Patrice Chéreau à Nanterre), La Donna del Lago (Châtelet)…