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L’opéra englouti à Lyon

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Brève
18 mars 2015
L’opéra englouti à Lyon

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Ni film ni opéra, bien qu’il revendique les deux appellations en une, Sunken Garden (« Le Jardin englouti »), spectacle en langue anglaise du compositeur, cinéaste et metteur en scène néerlandais Michel van der Aa, constitue le troisième volet du festival 2015 de l’Opéra National de Lyon consacré aux « jardins mystérieux ». C’est avant tout la virtuosité technique que l’on peut admirer dans cette œuvre créée en 2013 au Barbican de Londres par l’English National Opera, même si les salles de cinéma nous ont désormais habitués à des images en haute définition et en trois dimensions qui ne le cèdent en rien à ce qui est projeté au TNP de Villeurbanne, nécessitant pendant une partie du film l’utilisation de lunettes 3D prêtées pour l’occasion. Les artistes sont à saluer, qui interprètent avec conviction des rôles d’une consistance très relative, dialoguant parfois avec des personnages filmés, dans une interaction suscitant par moments une réelle émotion, en dépit d’un propos souvent abscons – mixte d’intrigue policière, de science-fiction et de réflexion métaphysique – dont la finalité peine à s’imposer.

Le baryton Roderick Williams donne au personnage de Toby Kramer, artiste vidéaste qui franchit la porte d’un « jardin englouti », une chaleur et une sensibilité touchantes, tandis que la soprano Katherine Manley, en Zenna manipulatrice, « immortelle architecte de l’occulte au XXIe siècle » selon le librettiste David Mitchell, reflète dans son jeu scénique comme dans son expression vocale la fascination et l’angoisse de la réalité virtuelle dont les nouvelles technologies permettent l’avènement. La soprano Claron McFadden prête une forte présence à Iris Marinus, énigmatique médecin d’un établissement psychiatrique, ayant partie liée avec l’enchanteresse Zenna dont elle provoque la ruine par son propre sacrifice. Deux autres chanteurs – les personnages disparus, objets de la quête de Toby – sont présents dans le film, donnant lieu à un passage saisissant où un ensemble vocal, parfaitement synchronisé, réunit les trois voix présentes sur le plateau et les deux voix enregistrées des personnages projetés sur l’écran.

La composition musicale mêlant instruments classiques et musique électronique, sous la direction impeccable d’Étienne Siebens, remplit avec brio son rôle de bande-son sans toutefois laisser d’impression marquante. Peut-être faut-il voir dans cette œuvre une parabole de l’engloutissement de l’opéra, phagocyté par d’autres formes de discours et d’expression, la « multidisciplinarité » remplaçant le rêve ancien de l’œuvre d’art globale ou Gesamtkunstwerk.

 

Sunken Garden, « Film-opéra » de Michel van der Aa. Livret de David Mitchell. Création à Londres, English National Opera, le 12 avril 2013.

TNP, Lyon. Dimanche 15 mars 2015, 16h

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Sunken Garden, Lyon © Mike Hoban

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