Succéder à Anja Harteros dans Tosca, après le triomphe que la cantatrice allemande a obtenu à la fin de chacune des trois représentations qu’elle a données à l’Opéra Bastille n’était guère chose aisée. Cependant Liudmyla Monastyrska a relevé le gant avec panache. Déjà, en juillet dernier son Aïda sur cette même scène avait fait forte impression : la largeur de son instrument, la richesse de son timbre avaient conquis le public. Sa Tosca est du même acabit, on peut même dire qu’elle convainc davantage tant les moyens vocaux et les qualités stylistiques de la cantatrice semblent adaptés à ce personnage. De plus la soprano ukrainienne possède une palette de nuances qui lui permet d’alterner d’impalpables mezzo-forte avec des aigus d’une ampleur impressionnante. Théâtralement son jeu reste sobre et efficace à la fois, notamment lors de son affrontement avec Scarpia. Un bémol cependant, la prière, fort bien chantée ne parvient pas à émouvoir autant qu’on le souhaiterait.
En dépit des années et malgré un aigu moins aisé qu’autrefois, le timbre chaleureux de Marcelo Alvarez n’a rien perdu de sa séduction. Certes, livré à lui-même sur le plateau, l’acteur incarne son personnage sans beaucoup d’imagination, se réfugiant le plus souvent dans des postures convenues. Mais, vocalement en grande forme, le ténor argentin propose un Mario à la fois tendre et fougueux, ses « Vittoria ! Vittoria ! » lancés à pleine voix font mouche et son « E luccevan le stelle » poignant lui valent une ovation tout à fait méritée au rideau final.
Bryn Terfel, lui, ne semble nullement gêné par l’absence de direction d’acteurs : son Scarpia sournois et libidineux est pleinement convaincant tant sur le plan scénique que vocal. Le baryton gallois a paru en meilleure forme qu’à la première où sa voix avait mis du temps à s’échauffer.
Enfin Yannick Boussaert dans son compte rendu a dit tout le bien qu’il faut penser des seconds rôles tout comme de la direction subtile de Dan Ettinger.